Les adeptes de voyages de luxe ont profité de la pandémie pour économiser. Leurs attentes sont élevées, mais surtout diversifiées et en pleine évolution !
Les résultats d’une récente étude effectuée par GlobalData montrent une reprise impressionnante des voyages de luxe. La pandémie de COVID-19 a permis aux plus fortunés de continuer de s’enrichir et à d’autres voyageurs d’économiser plus qu’à la normale. En effet, les données de 2021 du Economic Tracker montrent que le taux d’épargne des Américains à revenu élevé est de 10 % à 20 % plus élevé que celui des consommateurs aux salaires moyens ou faibles. Les clientèles nanties sont maintenant prêtes à profiter de ces économies.
Selon le Economic Tracker, les dépenses des Américains à revenu élevé n’ont cessé d’augmenter de janvier à novembre 2021 (de 0,5 % à 28,2 % par rapport au niveau prépandémique). Ces consommateurs aisés, disposant d’un pouvoir d’achat plus élevé, ont déjà recommencé à voyager à la fin de l’année 2021. Aux États-Unis, GlobalData constate que le revenu total des hôtels de luxe a connu la plus forte reprise en 2021, avec une augmentation de 147 % par rapport à 2020. Il s’agit d’une croissance nettement supérieure à celle de l’hôtellerie économique, qui a connu une hausse de revenu annuel de 42 %.
Selon une enquête en ligne réalisée par la Chaire de tourisme Transat en décembre 2021 auprès de 1 206 voyageurs québécois, les ménages ayant un revenu annuel de plus de 150 000 $ se trouvent davantage en situation de télétravail que les autres (62 % d’entre eux contre 40 %) ce qui leur permet une plus grande flexibilité et en font une clientèle potentielle pour le workation (lire aussi : Les télétravailleurs, un segment à saisir). D’après Statistiques Canada, parmi les couples formés de deux salariés et appartenant à la tranche supérieure des revenus d’emploi, 45 % d’entre eux travaillaient à domicile d’avril 2020 à juin 2021. Ce taux est 9 fois plus élevé que celui de la tranche salariale tout juste en dessous. Les couples plus aisés occuperaient ainsi des emplois se prêtant mieux au télétravail, ce qui représente une opportunité pour les prestataires d’expériences de luxe.
Inégaux face à l’inflation
Bien que la pandémie ait été bénéfique pour un segment de clientèle particulier, d’autres consommateurs ont, à l’inverse, ressenti les effets de la crise sur leur épargne. Selon une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), l’inflation des dernières années a plus particulièrement eu un impact sur les ménages québécois plus démunis. En vingt ans, l’augmentation du coût du panier de consommation de ces ménages est pratiquement 27 % plus forte que celle qui affecte les familles les plus riches.
En contrepartie, la hausse des prix ne semble pas avoir affecté les habitudes de consommation des ménages québécois plus fortunés qui allouent en moyenne 8,2 % de leur budget aux loisirs, contre 4,9 % pour les ménages plus pauvres. Cet écart est particulièrement prononcé pour les dépenses reliées aux spectacles et aux forfaits-voyages.
Un nouveau segment de voyageurs de luxe
Certains des éléments plus traditionnels ou formels d’un séjour de luxe sont mis de côté au profit d’une approche plus détendue, informelle et inclusive, correspondant mieux aux millénariaux.
Les codes du luxe sont en pleine évolution et s’imbriquent dans plusieurs sphères telles que la mode, le design, l’art ou les technologies. Le nouveau luxe est principalement porté par la génération Y qui serait responsable de près de 85 % de la croissance du secteur et devrait représenter 45 % de la clientèle en 2025, selon le balado de FERRANDI Paris. Certains des éléments plus traditionnels ou formels d’un séjour de luxe sont donc mis de côté au profit d’une approche plus détendue, informelle et inclusive, correspondant mieux aux millénariaux.
Les voyageurs de luxe modernes ont donc de nouvelles attentes et désirs qui dépassent les grandes chaînes hôtelières luxueuses ou les billets d’avion en première classe. En concordance avec les intérêts de leur génération, ils favorisent les hébergements prônant des pratiques durables. Ils souhaitent également être en mesure de créer des liens avec le personnel touristique. Ils prônent aussi les expériences uniques et personnalisées, ancrées dans la communauté locale. Les offres d’hébergement correspondant à ces critères voient de plus en plus le jour.
C’est notamment ce que propose le KAJ Hotel, une capsule flottante danoise entièrement fabriquée à partir de matériaux récupérés. Le KAJ Hotel est situé dans une partie tranquille du port de Copenhague, mais demeure à proximité de plusieurs attractions touristiques. L’hébergement, équipé tel un appartement complet, répond à la tendance générale des voyageurs à vouloir vivre comme les locaux. Cet hôtel comporte toutefois un caractère exclusif, car il comprend une seule résidence ; y dormir représente donc un privilège pouvant être perçu comme du luxe.
De son côté, Moliving, un hôtel nomade d’unités modulaires préfabriquées, permet aux voyageurs de vivre des expériences luxueuses en mettant en valeur et en respectant le milieu environnant. Chaque cabine de 400 pieds carrés comprend une chambre, une salle de bains, deux terrasses et un espace de vie. Entièrement meublées, les unités perturbent peu l’environnement et peuvent facilement être déplacées sans endommager le terrain, en plus d’être autosuffisantes sur le plan énergétique.
Ces deux types d’hébergement sont au cœur même de ce que recherche le nouveau segment de voyageurs de luxe en 2022 ; une expérience hors du commun. Une étude menée par Flywire auprès de 600 voyageurs de luxe américains suggère qu’ils chercheront à tirer parti des économies accumulées pendant la pandémie de COVID-19 pour vivre des expériences inoubliables. C’est ce que confirme également une enquête d’Expédia menée auprès de 12 000 voyageurs américains. Les répondants âgés de 18 à 34 ans seraient à l’origine d’une tendance forte pour 2022 ; celle du voyage extraordinaire et de la quête d’expériences enrichissantes et significatives.
Les voyageurs de luxe millénariaux obligeront les voyagistes à diversifier leur offre. Ces derniers devront miser sur l’émerveillement et la personnalisation des expériences qui devront être en harmonie avec les communautés locales et l’environnement.
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