Les séjours hybrides des voyageurs québécois

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Amélie Racine Amélie Racine

Les déplacements qui fusionnent l’agrément et le travail (voyages hybrides) poursuivent leur montée en popularité.

Selon la société d’études de marché Euromonitor International, les proportions de ce phénomène devraient croître, en raison, notamment, de l’intégration massive et mondiale du télétravail. Déjà en 2022, les dépenses de ces voyageurs sont estimées à 200 milliards de dollars américains, soit une croissance de 31 % par rapport à 2021. Si la tendance se maintient et que les projections de cette société s’avèrent, elles devraient doubler d’ici 2027.   

Au Québec, comme ailleurs dans le monde, l’intérêt pour les voyages hybrides est bien réel. Plusieurs télétravailleurs profitent de leur statut pour joindre le travail à l’agrément dans des lieux qui les sortent de leur quotidien. Selon une enquête en ligne réalisée du 21 au 25 novembre 2022 par la Chaire de tourisme Transat auprès de 1007  voyageurs québécois,

Plusieurs d’entre eux en ont profité pour télétravailler en dehors de la maison : 

L’enquête menée par la Chaire a permis d’explorer les différents types de séjours hybrides des voyageurs québécois. 

 Les séjours de workation décortiqués

Ceux qui ont prolongé un voyage d’agrément grâce au télétravail (workation) ont été plus nombreux que l’ensemble des voyageurs québécois à effectuer un déplacement professionnel au Québec (58 % contre 25 %) et hors Québec (34 % contre 13 %) au cours des deux dernières années. Ils ont également déjà prolongé d’au moins une nuitée (59 % contre 27 %) ce type de déplacement pour des fins de loisir ou d’agrément dans la belle Province.  

Près de la moitié de ceux qui ont fait un séjour spécifiquement pour télétravailler hors de chez eux (workation) ont aussi fait au moins un déplacement professionnel au Québec (55 % contre 26 %) et/ou hors Québec (47 % contre 12 %) au cours des deux dernières années. Ils sont manifestement plus enclins à prolonger d’au moins une nuitée leur déplacement d’affaires pour des fins de loisir ou d’agrément que l’ensemble des voyageurs québécois ; une forte proportion (71 % contre 27 %) l’a fait au Québec depuis deux ans.              

Les séjours de type bleisure

Plus de la moitié (55 %) des voyageurs québécois qui ont prolongé un déplacement professionnel au Québec, pour des fins de loisirs ou d’agrément (bleisure) au cours des deux dernières années ont été accompagnés d’un proche lors de leur dernier déplacement professionnel.  

En 2023, la moitié de ces voyageurs d’affaires projette de prolonger un voyage (52 % comparativement à 10 % chez les autres répondants) grâce au travail à distance. 

Une clientèle complexe, mais de qualité

Les voyages hybrides génèrent d’importantes occasions d’affaires, il n’est donc pas étonnant de constater que l’offre s’organise rapidement pour mieux répondre aux besoins multiples de ce marché.  Euromonitor International estime que ces voyageurs sont des consommateurs de grande valeur, axés sur les expériences et très à l’aise avec les technologies. Ils demeurent généralement plus longtemps à destination, vivent comme des résidants et tentent de transposer leur quotidien à destination, ce qui les amène parfois à voyager avec les membres de leur famille. Flexibles et mobiles, ils ont la possibilité de se déplacer en période creuse et d’opter pour des lieux reculés, tant qu’une connexion à Internet haute vitesse est maintenue.  

À cet effet, le succès des destinations qui se positionnent sur ce marché repose non seulement sur leur stratégie d’attractivité, mais aussi sur la connectivité de leurs territoires (et des établissements d’accueil) à une bande passante de grande capacité. Il repose aussi sur la volonté des instances gouvernementales d’accueillir ces voyageurs-travailleurs en émettant des visas adaptés à leur situation.   

Image à la une : Pexels

Cet article se retrouve dans le Cahier Tendances 2023 réalisé par l’équipe de la Chaire de tourisme Transat.