Quatre tendances en camping

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Claudine Barry Claudine Barry

Le glamping, la vanlife, et maintenant l’expéditionnisme rejoignent de plus en plus d’adeptes. La génération Z et les communautés culturelles se mettent au camping.

L’entreprise de terrains de camping KOA publiait récemment les résultats de la vaste enquête annuelle menée par Cairn Consulting Group sur la pratique de cette activité. En tout, 4100 ménages (2900 américains et 1200 canadiens) ont été interrogés sur leurs comportements de pratique en 2022 et à propos de leurs intentions pour 2023. Voici quatre tendances inspirées des constats énoncés dans ce rapport, et formulées également en regard d’autres études et données sur le sujet. 

1.Une clientèle qui se diversifie

Le camping a gagné de nouveaux adeptes depuis la pandémie. Les bénéfices qu’il procure, dont la connexion avec la nature et le sentiment de liberté, se sont révélés extrêmement séduisants, particulièrement durant les périodes de confinement et de restrictions de voyage. Une bonne part de ces nouveaux adeptes sont tombés sous le charme et comptent bien intégrer le camping à leurs traditions. 

De nouveaux adeptes

Selon les données de KOA, le nombre de nouveaux adeptes était en baisse de 2017 à 2019, passant de 2,8 millions à 1,7 millions de ménages américains respectivement. Mais le contexte particulier de 2020 a incité plus de 10 millions de ménages américains à essayer le camping. D’autres se sont ajoutés en 2021 et 2022.   

Pour le Canada et les États-Unis regroupés, le nombre de ménages qui s’identifient comme « campeur », qui campent à l’occasion, si ce n’est pas chaque année, est passé de 82 millions (2019) à 92 millions en 2022. Il est même monté à près de 94 millions en 2021. On explique cette légère diminution par le retour aux habitudes prépandémiques (séjours à l’hôtel ou encore voyages internationaux) qui aurait causé une désaffection d’une certaine part des nouveaux campeurs. 

La majorité de ceux qui sont les plus enclins à poursuivre la pratique : 

  • Ont essayé un VR pour la première fois (58 %) ; 
  • Ont fait du télétravail en camping (57 %) ; 
  • Aiment passer du temps dehors (54 %) ; 
  • Font partie de la génération des millénariaux (nés entre 1981 et 1996) (53 %).

La génération Z 

Parmi ces nouveaux ménages de campeurs, les 2/3 comprennent un individu de moins de 42 ans et le tiers inclut au moins une personne âgée entre 18 et 25 ans. Au Canada spécifiquement, la génération Z (âgés entre 12 et 25 ans) forme 18 % des campeurs (contre 8 % en 2021). 

Pour le Canada et les États-Unis réunis, près de la moitié des jeunes de la génération Z qui campent au moins trois fois par année estiment que d’avoir fait du camping durant leur adolescence leur a appris à apprécier le temps passé en famille et avec des amis en plein air.  

Les « urbains » 

Au cours des trois années de pandémie, un grand nombre de ménages habitant en milieu urbain se sont mis au camping. Ceux-ci ont adopté cette activité et planifient en faire davantage en 2023. Ils dépensent plus que les autres lorsqu’à destination et reconnaissent les bénéfices sur leur santé mentale. Les voilà convaincus. 

Les communautés culturelles 

Plus de la moitié des nouveaux ménages de campeurs, tels qu’identifiés par KOA, sont issus des communautés hispanophone, noire, asiatique ou d’autres origines ethniques. Mais ceux-ci sont à risque de décrocher (entre 38 % et 53 %), pour diverses raisons. Le premier obstacle constitue le sentiment d’insécurité en camping (33 % parmi les hispanophones et 37 % chez les campeurs noirs). Un autre élément qui pourrait nuire au retour de ces campeurs est le fait d’avoir expérimenté de l’inconfort en plein air. Une majorité de campeurs noirs, et près de la moitié de ceux d’origine hispanique et asiatique ont vécu une expérience inconfortable ou même dangereuse pendant qu’ils étaient en plein air.  

Il y a donc lieu de prendre en compte ces facteurs pour mieux accueillir et informer ces clientèles afin qu’elles bénéficient d’expériences positives. L’initiation au camping à un jeune âge favorise la pratique à plus long terme. Les enfants de ces nouveaux pratiquants constituent donc une relève à considérer. 

2.Une multiplication des types de pratiques

Aux types de pratique traditionnelle que sont la tente et le VR, s’ajoute chaque année depuis au moins 15 ans une déclinaison d’offres de glamping, soit du prêt-à-camper et du camping en cabines et en hébergement insolite. Plus récemment, la vanlife a suscité l’intérêt de nouveaux adeptes. Dormir à la belle étoile dans un hamac rejoint aussi de plus en plus de campeurs, plus aventuriers et minimalistes. Aujourd’hui, l’expéditionnisme (overlanding), soit le camping en autonomie, sans service, en véhicule utilitaire sport, se répand, surtout aux États-Unis. Les plus friands de nouvelles expériences sont tentés d’essayer l’une ou l’autre de ces différentes approches du camping. 

Forte poussée du glamping

Au cours des trois dernières années, 28 % des campeurs sondés par KOA ont fait du glamping. Ils sont près de 40 % à souhaiter s’y adonner en 2023 (versus 25 % l’année dernière). Au Québec, cette forme d’hébergement est aussi en forte progression. Selon les données de Camping Québec, le nombre d’unités de prêt-à-camper* a crû de 130 % depuis 2016, passant de 1 767 à 4 069 unités. Les données du ministère du Tourisme recueillies par l’Institut de la statistique du Québec indiquent elles aussi un fort engouement pour ce mode d’hébergement. En cinq ans, alors que l’offre disponible en juillet a crû de 54 %, la fréquentation, elle, a augmenté de 63 %. Donc les options se multiplient, ainsi que la demande (voir le graphique ci-dessous).  

*Un prêt-à-camper, comme considéré par Camping Québec, consiste en une structure installée sur plateforme, sur roues ou directement au sol, et pourvue de l’équipement nécessaire pour y séjourner, incluant un service d’autocuisine. 

En quête d’expériences hors des sentiers battus 

Dans un autre registre, de nombreux campeurs sont interpellés par des aventures en milieu éloigné. Au cours des trois dernières années, 20 % des répondants à l’enquête de KOA ont fait de l’expéditionnisme (overlanding). Près d’un campeur sur trois souhaite l’essayer en 2023 (comparativement à 23 % l’année dernière). Ce phénomène semble véritablement l’ampleur et s’observe notamment par lintérêt porté pour des équipements tels que les tentes de toit

3.Du WiFi et du télétravail en camping

La moitié (!) des campeurs canadiens sondés par KOA indique avoir télétravaillé durant leur séjour en camping ; 44 % dans le cas des Américains. Une connexion fiable permet de rester en contact et de voir à ses obligations, le cas échéant. Globalement, 40 % des répondants estiment qu’un bon accès au WiFi les influence à camper davantage. Cette proportion a gagné 19 points de pourcentage par rapport à 2017. 

4.À la recherche de nouvelles expériences et de bonne bouffe !

Pour 2023, les campeurs ont soif de découvertes. Il peut s’agir de tester un nouveau type de camping ou d’essayer une activité. En moyenne, les répondants de KOA espèrent vivre trois nouvelles expériences. Les plus convoitées sont : 

  • Assister à un événement naturel unique (ex. éclipse, migration d’animaux, pluie d’étoiles filantes.) : 40 % 
  • Prendre part à des expériences culinaires, faire du tourisme gastronomique : 36 % 
  • Visiter de petites villes : 31 % 

L’attrait de la nourriture interpelle un grand nombre de campeurs. Plus de quatre répondants sur dix de l’étude de KOA estiment important qu’un camping aménagé offre un service de restauration. Plus de la moitié s’attendent à ce que celui-ci soit de qualité dans le cas où ils s’adonnent au glamping. Sinon, un accès à de bons produits alimentaires locaux constitue déjà une base qui saura séduire les campeurs gourmands qui cuisinent à leur emplacement.  

Le camping, c’est sacré

La majorité des campeurs sondés par KOA estiment que le camping constitue une façon peu coûteuse de voyager dans un contexte économique défavorable. Quelque 38 % mentionnent que même si la situation se dégrade, ils vont continuer à camper et plutôt couper dans d’autres types de séjours.  

Image à la une : Unsplash