Les voyageurs ont besoin d’options de locomotion pour modifier leurs habitudes de déplacement à destination. Êtes-vous familier avec le transport à la demande (TAD) ?
Le (TAD) se définit comme une forme de transport dont l’horaire, l’itinéraire ou le service s’adapte à la demande des passagers. Il est généralement possible de réserver son passage à l’aide d’une application mobile ou même par téléphone, plusieurs jours ou quelques minutes à l’avance. Habituellement, la tarification est la même que celle d’un déplacement régulier en transport en commun.
Ce type de transport collectif, à mi-chemin entre le taxi et l’autobus, offre de nombreux avantages, tant pour l’usager que pour les agences de transport qui l’adoptent. Contrairement à une ligne d’autobus dont les arrêts et les heures de passage sont fixes, le trajet du TAD s’établit selon les besoins de ses utilisateurs. Ainsi, les passagers jouissent d’une plus grande flexibilité d’horaire et bénéficient d’un trajet plus rapide puisque le véhicule n’effectue que les arrêts demandés. De leur côté, les agences de transport réduisent leurs coûts d’investissement et d’exploitation, ainsi que leurs émissions de gaz à effet de serre.
Selon un groupe de chercheurs de l’Université Concordia, le transport à la demande pourrait révolutionner le navettage à l’instar d’Uber pour l’industrie du taxi.
L’enjeu des premiers et derniers kilomètres : l’exemple d’Edmonton
Depuis 2021, la société de transport d’Edmonton (Edmonton Transit Service [ETS]) offre un service de TAD dans les zones qui ne répondent pas aux seuils de fréquentation souhaités pour mettre en place un service d’autobus conventionnel. Cet ajout permet de transporter des passagers dans tous les quartiers de la ville et d’atteindre une variété de destinations (école, travail, hôpital, lieu de pratique d’activités récréatives, etc.). Il représente également la solution pour rejoindre l’une des 15 stations intégrées au réseau de l’ETS.
La flotte comprend 56 minibus, est accessible aux personnes en situation de handicap et dispose de sièges adaptés aux jeunes enfants. Il s’agit d’un des plus grands programmes de TAD au Canada. En novembre 2023, un millionième trajet a été effectué à bord d’un des véhicules, un jalon qui prouve le succès de l’implantation du service. Bien qu’il soit destiné aux citoyens, rien n’empêche les visiteurs d’en faire usage.
Le transport à la demande dans un contexte multimodal
Ces dernières années, les concepts de multimodalité et d’intermodalité s’imposent dans les zones urbaines et interurbaines. Ils représentent des avenues idéales à la mobilité d’aujourd’hui et essentielles à celle de demain, puisqu’elles sont plus respectueuses de l’environnement, plus fluides, mieux intégrées au milieu et plus économiques que le tout en voiture.
La multimodalité désigne l’utilisation de plusieurs modes de transport (vélo, autobus, train, covoiturage, etc.) pour effectuer des déplacements différents. Par exemple, se rendre à un musée en autobus et revenir en métro. L’intermodalité signifie qu’un usager utilise plus d’un mode de transport pour se rendre d’un point A au point B. Par exemple, prendre le vélo puis l’autobus pour arriver à destination.
Pour qu’un système intermodal réponde aux besoins de ses usagers, il est primordial de tenir compte de l’expérience complète de mobilité, allant du premier au dernier kilomètre. En effet, si un maillon de la chaîne ne fonctionne pas, c’est parfois une ou plusieurs étapes de l’itinéraire qui doivent être repensées.
Au Québec, l’offre multimodale ne s’équivaut pas d’une ville à l’autre. D’après plusieurs études, le transport à la demande pourrait bonifier cette offre à la hauteur des capacités des territoires.
Le transport à la demande au Québec
Beaucoup moins coûteux que d’implanter un service plus traditionnel de transport collectif, le concept du TAD gagne en popularité au Québec. On retrouve ainsi le RTL à la demande (Rive-Sud de Montréal), exo à la demande (plusieurs villes en Montérégie et à Terrebonne), Flexibus RT (Québec), STO à la demande (Gatineau), TaxiBus (Victoriaville), Transcollines à la demande (MRC des Collines-de-l’Outaouais), Limocar (MRC Brome-Missisquoi), STS GO ! (au Saguenay), etc. Bien que certains de ces services soient présentement à l’essai, sous la forme de projet pilote, l’engouement autour de cette option de transport est palpable.
Ici, comme ailleurs dans le monde, le TAD vise principalement à répondre aux besoins de transport des citoyens et non des voyageurs. Or, rien n’empêche de suivre l’évolution de cette solution, de s’en inspirer pour adapter le concept à la réalité touristique, d’entreprendre des projets pilotes ou de collaborer à ceux existants.
Réduire les émissions de GES et la congestion
D’après l’étude portant sur la perception des résidants à l’égard du tourisme régional de la Chaire de tourisme Transat pour le compte du ministère du Tourisme, la moitié des répondants juge que le tourisme nuit à la circulation routière. De plus, 45 % des personnes sondées se disent préoccupées par les impacts du tourisme sur la pollution et la dégradation environnementale dans leur région. Or, avec un déficit d’infrastructures et de services de transport collectif qui nuit à la connectivité urbaine et régionale, les voyageurs qui souhaitent se déplacer autrement qu’en voiture au Québec sont contraints par l’offre disponible.
Les acteurs de l’industrie doivent (continuer de) faire pression sur les gouvernements pour accélérer le développement de grands projets et aussi s’impliquer activement dans la réalisation d’initiatives qui permettront aux voyageurs de délaisser graduellement l’auto solo.
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