Des voyageurs fuient les chaleurs excessives et l’affluence lors de leurs vacances.
Éviter la chaleur excessive
2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée selon la World Meteorogical Organization. L’organisme émet une alerte rouge concernant l’accélération des changements climatiques et des enjeux météorologiques depuis 10 ans. Le constat est clair pour les scientifiques : les phénomènes météorologiques extrêmes deviendront plus fréquents et répandus à mesure que le climat continuera de se réchauffer.
D’après le rapport 2024 sur les voyages du World Travel Market, écrit en collaboration avec Tourism Economics, les voyageurs adaptent de plus en plus leurs comportements face aux événements météorologiques extrêmes. L’étude a révélé que 29 % des répondants des principaux marchés mondiaux ont évité de se rendre dans une destination au cours des 12 derniers mois par crainte de conditions météorologiques défavorables ou extrêmes. Selon plusieurs spécialistes, ce type de comportement s’amplifiera dans les prochaines années.
Quelque 29 % des voyageurs des principaux marchés mondiaux ont évité de se rendre dans une destination au cours des 12 derniers mois par crainte de conditions météorologiques défavorables ou extrêmes.
Pour leur part, 64 % des voyageurs québécois interrogés par la Chaire de tourisme Transat dans le cadre d’une enquête menée en novembre 2024 disent prendre en compte la possibilité d’événements météorologiques extrêmes (canicules, ouragans, feux de forêt, etc.) lors de la planification de leurs voyages. Cette prise en considération semble témoigner de l’impact des événements météorologiques extrêmes sur les comportements de voyage et indique une sensibilité aux effets qui y sont associés.
Ça chauffe! Vive les coolcations
Les destinations au climat tempéré, mais surtout en mesure d’offrir de la fraîcheur durant la période estivale, semblent gagner en intérêt. Cette tendance est observable surtout depuis les dernières années, alors que de nombreux pays doivent composer avec des épisodes de canicule intenses.
Selon une enquête menée par la Chaire de tourisme Transat en novembre 2024, 26 % des voyageurs québécois interrogés répondent avoir déjà choisi une destination en raison de son climat tempéré. De plus, c’est 34 % qui déclarent avoir déjà volontairement planifié un voyage hors de la saison estivale afin d’éviter la chaleur à destination. Enfin, 43 % des répondants se disent intéressés par la perspective de planifier un voyage hors de la saison estivale dans le but d’éviter les températures excessives.
Selon une enquête de la Chaire de tourisme Transat, 34 % des voyageurs déclarent avoir déjà volontairement planifié un voyage hors de la saison estivale afin d’éviter la chaleur à destination.
Visiter des lieux moins fréquentés
Les voyages internationaux ont continué de croître en 2024, et cette tendance devrait se maintenir dans les années à venir, selon ONU Tourisme (anciennement l’Organisation mondiale du tourisme). À cet effet, certains attraits ou destinations populaires pourraient connaître une croissance de leur achalandage à certaines périodes de l’année, incitant les voyageurs à chercher des alternatives. Un rapport d’Expédia révèle d’ailleurs une ouverture de la part des voyageurs sondés (63 %) pour inclure des lieux moins connus dans leurs itinéraires en 2025.
Les alternatives : changement de lieux
L’exploration de destinations moins populaires
Bien que cela ne soit pas une nouveauté, la recherche de destinations peu fréquentées ou hors des sentiers battus gagne du terrain. Si les dupes destinations ont attiré l’attention au cours des dernières années, ce sera aussi le cas en 2025 pour les Second city et les Destinations detour!
Une Second city est généralement une ville de taille intermédiaire/secondaire. Elle est souvent éclipsée par une métropole plus grande ou plus célèbre. Plusieurs entreprises touristiques s’appuient sur le concept de Second city pour répondre à la demande croissante pour les lieux moins achalandés et moins dispendieux, ainsi que pour désengorger les grands centres urbains. Par exemple, National Geographic Expeditions offre des circuits exclusifs dans des villes secondaires (explorer Porto au lieu de Lisbonne, ou Thessalonique en Grèce, plutôt qu’Athènes).
Une Detour destination désigne une ville localisée en dehors des itinéraires traditionnels ou des circuits touristiques principaux. Ce sont souvent des lieux moins connus, situés à proximité ou au-delà des routes principales, choisis par les voyageurs pour éviter les foules. Dans son dernier rapport sur les tendances 2025, Expédia a dressé une liste de ces destinations qui valent le détour. Des villes telles que Reims (France), Brescia (Italie) et Cozumel (Mexique) en font partie.
Miser sur les Second city et les Destinations detour est une stratégie intéressante pour diversifier le tourisme au Québec. Cela permettrait de répartir les flux touristiques entre les différentes destinations québécoises et de favoriser la stimulation de l’économie touristique de manière moins centralisée.
Voyages hors des périodes de pointe
Les voyages réalisés hors de la saison touristique habituelle (vacances scolaires estivales, relâche scolaire, etc.) semblent susciter l’intérêt de certains voyageurs. En effet, 34 % des voyageurs québécois interrogés par la Chaire de tourisme Transat (2024) déclarent vouloir faire preuve de plus de flexibilité dans le choix de leurs dates de voyage pour l’année 2025. S’agit-il d’un moyen d’échapper aux épisodes de canicule ou à la surfréquentation de sites touristiques prisés? Les réponses peuvent être multiples. Toutefois, ce phénomène pourrait également s’expliquer, en partie, par une flexibilité accrue des conditions de travail.
Le noctourisme
Se balader après le coucher du soleil ou découvrir une destination en soirée, le noctourisme propose une expérience unique et plus calme, répondant à une demande croissante d’activités originales en dehors des horaires traditionnels. Une étude récente de Booking.com mentionne que le noctourisme sera l’une des tendances qui marqueront l’avenir du voyage en 2025. D’après le rapport, 43 % des personnes interrogées prévoient d’intensifier leurs activités nocturnes pour éviter les fortes chaleurs. Encore émergent, le noctourisme s’affiche comme une alternative attrayante pour les touristes.
Par exemple, en Italie, des visites nocturnes au Colisée de Rome sont proposées durant l’été. Elles offrent une expérience immersive permettant de profiter d’une ambiance plus calme, d’un achalandage restreint et de jeux de lumière qui s’enclenchent à la tombée de la nuit (voir la vidéo). Les visiteurs peuvent également explorer les collections emblématiques dans une ambiance différente pendant la nuit aux musées du Vatican.
Les initiatives qui encouragent l’exploration de destinations moins populaires ou les séjours hors des périodes de pointe s’intègrent parfaitement dans une stratégie de valorisation touristique axée sur quatre saisons. Ces approches permettent non seulement de réduire la saisonnalité de l’offre, mais également d’exploiter de manière optimale les infrastructures existantes tout au long de l’année. Pour répondre aux attentes des voyageurs en quête de températures plus agréables durant la saison estivale, le Québec pourrait déployer ces stratégies, particulièrement lors des périodes de forte affluence, dans les régions les plus fraiches de son territoire.
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