La médiation culturelle, les espaces publics et la participation citoyenne s’avèrent des outils indispensables pour favoriser les rencontres et développer une vie culturelle dynamique sur son territoire.
L’offre culturelle constitue un atout majeur pour les villes. C’est une voie de développement et d’attractivité qui génère un sentiment de fierté dans les communautés et enrichit les milieux de vie.
La vitalité culturelle d’une ville ou d’un territoire découle des rencontres qu’elle provoque. Elle l’est également par des rencontres où émergent très souvent de nouvelles idées. Dans ce contexte, il s’avère intéressant de s’interroger sur les manières de créer et de favoriser les occasions de rencontre.
Lors du 32e colloque du réseau Les Arts et la Ville (5-6-7 juin 2019), plusieurs intervenants ont présenté des initiatives inspirantes ; en voici quelques-unes.
Utiliser la médiation culturelle
Selon l’organisme québécois Culture pour tous, la médiation culturelle : « désigne le processus de mise en relation entre les sphères culturelles et sociales, la construction de nouveaux liens entre politique, culture et espace public. Elle chapeaute un vaste ensemble de pratiques allant des actions de développement des publics à l’art participatif et communautaire. Ultimement, elle vise à faire de chaque personne, visiteur ou spectateur, un véritable acteur culturel ». La médiation crée des lieux de rencontre entre les artistes et les citoyens où l’échange interpersonnel, l’apprentissage et l’engagement sont promus. Elle permet aux citoyens de tisser des liens avec leur environnement, de développer un fort sentiment d’appartenance et de devenir les meilleurs ambassadeurs de leur milieu.
Elle permet aux citoyens de tisser des liens avec leur environnement, de développer un fort sentiment d’appartenance et de devenir les meilleurs ambassadeurs de leur milieu.
La ville de Vaudreuil-Dorion se démarque par son dynamisme et ses projets en médiation culturelle. Il s’agit de la seule municipalité nord-américaine nommée « Ville leader » par le regroupement international Cités et gouvernements locaux unis, organisme qui gère l’Agenda 21. Pour faire face au boom démographique et ethnique, la ville a misé sur la médiation culturelle pour rapprocher les citoyens de toutes les origines avec le projet « Je suis… ». La culture a permis de développer un sentiment d’appartenance et de favoriser les rencontres. Plus de 20 000 résidents participent annuellement aux activités mises en place. La vidéo suivante explique l’ensemble de leur démarche.
Source : YouTube
Forte de son succès et de son expérience du projet « Je suis… », la Ville a publié en juin 2019 le livre Et si on se rencontrait ! La médiation culturelle — le modèle de Vaudreuil-Dorion. Il s’agit d’un guide et d’un portrait de la ville qui a misé sur la culture comme outil de rassemblement. L’ouvrage est disponible en version électronique.
Créer des espaces de rencontres
Qu’ils soient mis sur pied par des municipalités, par des associations ou par des artistes, plusieurs projets d’espace public voient le jour. Leur aménagement permet à des lieux de devenir des cadres significatifs d’échanges et de rencontres.
La Ville de Montréal s’est dotée en 2015, d’un Programme d’implantation de rues piétonnes et partagées, pour venir en aide aux arrondissements dans la mise en œuvre d’initiatives variées de partage de la rue, de réaménagement, d’embellissement, de verdissement et d’animation du domaine public. Plus de 50 rues participent à ce programme. Pour Marie-Hélène Armand, conseillère en aménagement du Service de l’urbanisme et de la mobilité de la Ville de Montréal, certaines conditions doivent être respectées pour garantir le succès de ce type de projet, notamment :
- Développer un design de qualité à la jonction de l’approche éphémère et de la durabilité pour les quatre saisons ;
- Prendre des risques au profit de l’innovation ;
- Établir des partenariats avec les acteurs locaux et universitaires ;
De son côté, le maire de Saint-Camille, Philippe Pagé, estime que les lieux culturels permettent aux différents groupes du village de se rencontrer et de parvenir ainsi à une meilleure compréhension de l’autre et au maintien d’un équilibre social. De ces espaces d’échanges, tels que le centre culturel Le petit bonheur, émergent de nombreuses idées.
Cette municipalité rurale est d’ailleurs particulièrement innovante, entre autres, grâce à son projet Destination Saint-Camille. L’église, reconvertie en salle multifonctionnelle, accueille des évènements de petite et moyenne envergure. La coopérative responsable regroupe plusieurs entreprises de la région et s’occupe de la gestion et de la promotion des congrès, des colloques et des formations. La vidéo suivante explique davantage le concept.
Source : Destination St-Camille
Favoriser la participation citoyenne
Les citoyens ne veulent plus recevoir la culture comme des spectateurs, ils désirent en devenir des acteurs. Selon Antoine Guibert, expert international pour l’implantation de l’Agenda 21 de la culture, les élus doivent en tenir compte dans la conception et l’orientation de leurs projets. Leur durabilité et leur efficacité seront beaucoup plus grandes s’ils correspondent aux besoins de la population. Alors, pourquoi ne pas leur demander leur avis ? Par exemple, les municipalités peuvent mettre en place un budget participatif. Il s’agit d’une démarche qui implique les citoyens dans les décisions budgétaires de leur ville. La population vote pour des projets soumis par leurs concitoyens. Le conseil municipal s’engage à les réaliser durant l’année suivante.
À l’international : le cas de Lyon
La culture a évolué depuis les 20 dernières années sur le territoire de Lyon. Une Charte de coopération culturelle a été créée. Il s’agit d’un texte rassemblant les engagements d’établissements (opéra, théâtres, musées, etc.) voulant contribuer, de manière durable, à vie culturelle du territoire et de ses habitants.
D’après Marc Villarubias, responsable de la mission coopération culturelle à la Direction des affaires culturelles de la Ville de Lyon, plusieurs éléments s’avèrent essentiels pour favoriser la vitalité culturelle d’un territoire :
- La coopération entre les divers acteurs de la ville afin de mettre leurs compétences et leurs expertises à profit ;
- La collecte et le partage des données pour connaître et comprendre les enjeux (culturels, sociaux, architecturaux, etc.) du territoire ;
- La médiation pour aider à la compréhension des projets ;
- Les espaces de travail et de collaboration pour favoriser les rencontres et l’émergence des idées.
En plus d’être bénéfique pour les communautés, la culture constitue un élément d’attractivité pour les voyageurs. Un territoire avec une vitalité et un dynamisme culturel forts contribue à rendre l’expérience touristique québécoise unique et authentique.
Source de l’image à la une : Pexels