Certaines haltes routières du Québec doivent subir une cure de jouvence au cours des prochaines années. Des exemples attrayants d’ailleurs dans le monde pourraient certainement contribuer à repenser leur concept.
Beaucoup de routes, pas assez de haltes
En tout, le Québec comptabilise plus de 34 millions de visites touristiques annuellement. La plupart des visiteurs empruntent le réseau routier. Celui-ci est composé de quelque 325 000 km de routes, comprenant 31 000 km d’autoroutes, de routes nationales ou régionales et de routes collectrices. Les longues distances à parcourir pour traverser les grands espaces québécois nécessitent la présence d’aires de repos pour permettre aux voyageurs de se ravitailler et de se reposer. En fait, ces haltes s’avèrent essentielles, bien sûr, d’un point de vue sécuritaire, mais aussi pour rendre les déplacements agréables et susciter de l’intérêt pour les régions traversées.
Un projet de rénovation des aires de repos a été lancé récemment et devrait donner ses premiers résultats en 2020. Mais si on s’inspirait d’ailleurs afin de bonifier le concept des haltes routières?
De l’animation et des zones pour la sieste
Les autoroutes françaises en concession construites et gérées par la firme VINCI Autoroutes proposent des aires de service ludiques et animées. Ces voies de circulation donnent ainsi accès à une quarantaine d’aires équipées de différents espaces thématiques pour la lecture, le sport ou encore pour la sieste.
Source : VINCI Autoroutes
En plus des nombreux services disponibles comme des stations d’essence, des bornes de recharge pour véhicules électriques, des connexions Wi-Fi, des toilettes, des douches et de la restauration variée, plusieurs de ces aires mettent en valeur les atouts de la région. C’est le cas des 26 aires remarquables, comme celle de Villeray qui propose un circuit piétonnier pour découvrir des paysages diversifiés, typiques de l’endroit. L’aire de Narbonne rend honneur à Charles Trenet, originaire de la région, par un circuit artistique consacré à son œuvre. Celle de Montélimar est devenue le plus grand point de vente de nougat au monde.
Des événements contribuent également à animer ces aires, tels que des démonstrations de producteurs locaux et la vente de produits du terroir. D’autres sites ont organisé des activités sportives à sensations comme l’escalarbre, la tyrolienne et l’équilibre sur sangle (slacklining). Le calendrier des activités est disponible sur le site Web et sur l’application mobile de VINCI Autoroutes. Les voyageurs sont ainsi invités à organiser leurs déplacements en tenant compte de ces animations.
Plus que des aires de repos : des attraits touristiques
Dans un tout autre registre, les routes panoramiques nécessitent aussi des points d’arrêt qui offrent aux voyageurs un répit de même qu’une connexion avec les lieux, une occasion de contemplation.
En 2005, la Norvège a dévoilé un réseau de routes touristiques, The National Tourist Routes. Dix-huit circuits ont été mis sur pied afin de mettre en valeur les paysages uniques du pays en y combinant le design scandinave. Le gouvernement a fait appel à des firmes d’architecture afin de concevoir des haltes de repos et des belvédères qui valorisent le paysage et constituent des points de vue le long de ces routes. Ces aires de repos représentent désormais des points de repère et un véritable réseau de sites à découvrir. L’une d’entre elles, qui donne sur la mer, consiste en une petite structure en forme de vague. On y trouve de l’eau potable et des toilettes. Une plateforme et des bancs complètent l’aménagement minimaliste mais distinctif, qui incite à la méditation.
Source : Steinar Skaar – nasjonaleturistveger.no
Des aires écoresponsables attractives
Site d’innovation en transport durable
Dans l’État de la Géorgie, aux États-Unis, un tronçon de l’autoroute I-85 a reçu, en 2014, une appellation en l’honneur d’un grand leader en matière de développement durable : The Ray, pour Ray C. Anderson. Dans la foulée, la fondation du même nom a décidé de faire de cette route un laboratoire d’innovation pour le transport durable. Plusieurs de ses expérimentations sont menées dans une aire de repos, le long de l’autoroute. Parmi les technologies à l’essai, mentionnons une station de recharge pour véhicules électriques alimentée à l’énergie solaire. Aussi, une portion du stationnement est recouverte de cellules photovoltaïques permettant de fournir l’électricité au centre des visiteurs. Voilà qui confère une double utilité à ce type de grand espace, souvent sous-exploité. En mettant en valeur les technologies propres, l’aire de repos attire les visiteurs, tout en les sensibilisant à des solutions plus écoresponsables.
Source : Inhabitat
La « machine vivante »
Le Vermont Vietnam Veterans Memorial Welcome Center, une aire de repos et un site commémoratif accueillant plus de 500 000 visiteurs chaque année, comprend une serre avec panneaux d’interprétation. Cette installation est principalement utilisée pour le traitement des eaux usées qui sont générées par le centre d’accueil. Bien que The Living Machine, un système de filtration naturel utilisant les plantes et les micro-organismes, requière un entretien rigoureux, elle permet d’expérimenter des approches écoresponsables de la gestion des déchets, d’éduquer la population et de contribuer à la réputation « verte » de l’État.
Source : YouTube
Pour recharger ses batteries… et celle de la voiture
Au Danemark, une station de recharge pour voitures électriques située en bordure d’autoroute offre une oasis de verdure aux voyageurs. Le design de cette aire de repos est inspiré de la forêt. Construite en bois recyclé, la structure est composée de « troncs » et d’un toit végétalisé. Durant la recharge de la voiture (15 minutes), les conducteurs et les passagers peuvent profiter d’un environnement apaisant. En tout, 48 stations similaires sont prévues au Danemark, en Suède et en Norvège.
Source : Rasmus Hjortshøj – COAST
Un vent de nouveauté au Québec
Le ministère des Transports s’apprête à rénover des haltes routières et des aires de service au cours des prochaines années. On prévoit de moderniser les installations et d’améliorer l’offre. On y trouvera de l’eau potable, des toilettes, une salle d’allaitement, une salle de repos et, à l’extérieur, des espaces de jeux. Selon l’emplacement, les sites seront pourvus d’une offre de restauration, d’une station-service ou d’un dépanneur, de même que de bornes de recharge pour véhicules électriques et de zones Wi-Fi. Voici la vidéo de présentation :
Source : YouTube
À l’heure actuelle, le réseau routier québécois compte 137 lieux d’arrêts, soit 9 aires de service, 41 villages-relais, 16 haltes routières permanentes, 29 haltes saisonnières, 34 belvédères et 8 aires de repos pour camionneurs. Surprendre les voyageurs dans ces lieux de passage enrichit l’expérience touristique et favorise certainement leur retour pour une découverte plus en profondeur. La mise à niveau de ces sites mérite qu’on y accorde une attention particulière.
Image à la une : Rasmus Hjortshøj – COAST – COBE