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Analyse - 9 mars 2020

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mars 2020

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Les Autochtones, un apport à la main-d’œuvre en tourisme

La population autochtone est jeune et en croissance, mais trouve difficilement un emploi. Pourtant, il existe des programmes gouvernementaux pour favoriser son intégration et son maintien au travail. Des entreprises emploient cette main-d’œuvre avec succès en s’adaptant à ses réalités.

Le potentiel des travailleurs autochtones

Selon l’Enquête sur la population active du Canada, au 2e trimestre de 2019, la population autochtone du Québec vivant hors réserve comptait 106 000 personnes (incluant les Inuits), ce qui représente 1,5 % de celle de la province. Toutefois, elle se trouve sous-représentée dans les entreprises. En effet, le taux d’emploi des Autochtones était de quelque 10 % inférieur à celui de l’ensemble de la population (53 % comparativement à 62 %). En 2017, leur taux de chômage se situait à 8,5 %, alors qu’il était de 6,0 % pour les autres Québécois.

Cette sous-représentation sur le marché du travail est liée à plusieurs facteurs, entre autres la scolarité des Premières Nations et des Inuits. Malgré une hausse importante de leur scolarité depuis 10 ans, la proportion d’Autochtones sans diplôme s’élevait à 34 % en 2017, soit près du double des non-Autochtones (18 %). Cette situation peut certes constituer un frein à l’emploi, mais l’industrie touristique compte plusieurs types de postes qui ne requièrent pas de diplôme.

De plus, le Recensement de 2016 a mis l’accent sur deux caractéristiques clés de la population autochtone, à savoir qu’elle est à la fois jeune et en croissance. Alors que l’âge moyen des Canadiens non autochtones s’établissait à 41 ans, celui des personnes issues des peuples autochtones était de 32 ans. De même, leur développement démographique important en fait un bassin de ressources humaines qui s’accroît continuellement. Ces deux faits constituent des avantages considérables pour de futurs employeurs.

Assurer l’employabilité

Comme la situation sur le marché du travail des Autochtones vivant hors réserve est plus difficile que celle du reste de la population, le gouvernement du Québec a créé un programme d’aide à l’intégration en emploi des membres des Premières Nations et des Inuits dans le cadre de la Stratégie nationale sur la main-d’œuvre 2018-2023. Il s’agit d’une de la cinquantaine de mesures mises de l’avant pour un milieu de l’emploi performant.

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Source : Indigenoustourism

Ce programme s’adresse aux PME et vise à les inciter « à embaucher des personnes sans emploi qu’elles n’auraient pas engagées sans une aide financière d’Emploi-Québec, à permettre à ces personnes d’acquérir une première expérience de travail significative ainsi qu’à favoriser leur maintien en emploi ». À cet effet, le ministre de l’Emploi, du Travail et de la Solidarité sociale du Québec a annoncé, en juin 2019, l’octroi d’environ 13 millions de dollars pour cette mesure. Cet argent servira entre autres à financer jusqu’à 70 % du salaire brut des Autochtones engagés par les entreprises. Il permettra également d’offrir de l’accompagnement pour adapter le milieu de travail et les outils de manière à faciliter leur intégration (5 000 $) et d’améliorer leur formation (5 000 $ additionnels).

Quelques conseils

Pour plusieurs, embaucher une personne autochtone constitue un défi, principalement à cause d’importantes différences culturelles. En novembre 2019, le CQRHT s’est penché sur la question. Avec l’aide et l’expérience de Suzanne Leduc, directrice générale de l’Hôtel Continental, à Val-d’Or, qui emploie environ 15 % d’Autochtones, l’organisme a publié quelques conseils pour réussir l’intégration de ces nouveaux employés, soit :

  1. Connaître et comprendre leur culture, la place de la famille, de la chasse, de l’éducation et du travail dans leur journée;
  2. Être flexible, flexible, flexible et leur proposer des emplois qui correspondent à leurs talents;
  3. Écouter et aider. Un coup dur peut mener à une absence prolongée;
  4. Accepter les rechutes;
  5. Innover en s’adaptant aux réalités autochtones.

Un exemple d’adaptation

En Colombie-Britannique, le programme First Host soutient le développement d’hôtes autochtones qui sont bien formés, qui savent ce que les clients recherchent et qui peuvent aider à proposer une expérience culturelle authentique. Il s’agit d’un atelier touristique d’une journée offert partout au Canada par le Native Education College. Les participants y apprennent à fournir un excellent service à la clientèle, tout en célébrant la culture et la communauté des peuples autochtones. Divers sujets sont abordés, notamment « la maîtrise de la communication et des compétences interpersonnelles » et « l’amélioration des connaissances sur l’industrie hôtelière ». À la fin de l’atelier, les participants reçoivent un certificat reconnu par l’Aboriginal Tourism Association of BC et les services de formation WorldHost®.

En Australie, les parcs nationaux travaillent de concert avec les communautés autochtones pour favoriser leur intégration en :

  • S’assurant qu’elles sont mises à contribution pour raconter aux visiteurs des histoires à propos de leur culture ou de leurs traditions;
  • Impliquant des aborigènes de la communauté locale dans les tours guidés;
  • Offrant des emplois, de l’éducation et de la formation aux aborigènes locaux.

Mêler les Autochtones à la gestion et à l’interprétation du paysage représente un atout indéniable pour le visiteur.

Des exemples d’Autochtones inspirants

Afin d’attirer de jeunes talents dans leur région, le site Web Go with Tourism, créé par Auckland Tourism, Events and Economic Development, en Nouvelle-Zélande, présente des histoires à succès où figurent de nombreux Maoris, comme Oriwia qui travaille comme chef de partie et cumule d’importantes responsabilités en restauration. Oriwia a débuté au bas de l’échelle et a gravi tous les échelons. Son conseil à quiconque envisage de joindre l’industrie touristique : l’essayer!

Source : YouTube

Maggie a entrepris sa carrière au service à la clientèle décrocher un poste de gestionnaire au sein du Sky Tower Group. Elle souligne le fait qu’en tourisme « Vous pouvez commencer sans expérience. Il vous suffit d’avoir la bonne attitude pour ensuite et d’être ouvert d’esprit et déterminé à faire de votre mieux pour vous-même et pour les autres ».

Ces exemples s’avèrent une source d’inspiration pour les membres de leur communauté en démontrant qu’il est possible de s’épanouir dans l’industrie touristique. Tout comme cette vidéo de Tourisme Autochtone Québec sur la valorisation des emplois en tourisme.

Source : YouTube

Besoin criant de main-d’œuvre

Comme dans plusieurs autres secteurs d’emploi, les entreprises touristiques peinent à trouver la main-d’œuvre nécessaire à leur bon fonctionnement et à leur croissance, d’une part en raison du vieillissement de la population et, d’autre part, à cause d’une accentuation de la demande. Les Autochtones peuvent contribuer à répondre à ces besoins de personnel.

 

Source de l’image à la une : Cyril Doisneau 2021, collaboration spéciale pour la Chaire de tourisme Transat 

Source(s)

- « 5 conseils pour réussir l’intégration de nouveaux employés autochtones ou inuits», cqrht.qc.ca, 22 novembre 2019.

- « Pour combler vos besoins d’emploi, avez-vous pensé à la main-d’œuvre autochtone? », cqrht.qc.ca, 28 novembre 2018.

- Gouvernement du Canada. « Bulletin sur le marché du travail - Québec : Juin 2019», guichetemplois.gc.ca, juin 2019.

- Moyser, Melissa. « Les Autochtones vivant hors réserve et le marché du travail : estimations de l’Enquête sur la population active, 2007 à 2015», statcan.ga.ca, 16 mars 2017.

- Native Education College. « First Host Program», necvancouver.org, page consultée le 13 février 2020.

- Radio-Canada. «Québec veut intégrer plus d’Autochtones au marché du travail », ici.radio-canada.ca, 28 juin 2019.

- Statistique Canada. Profil de la population autochtone, Recensement de 2016, statcan.gc.ca, 21 juin 2018.

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