Les entreprises de plein air, les pourvoiries, et les campings ressentent les contrecoups de la pandémie. Des pertes estimées, aux solutions de distanciation physique jusqu’aux prévisions d’achalandage intra-Québec, chaque secteur semble vivre la crise différemment. Un regard sur l’industrie de nature et d’aventure en temps de confinement.
Dans la belle province, le plein air est en croissance depuis plusieurs années. Mais selon Destination Canada, l’industrie touristique au Québec pourrait perdre plus de 81 000 emplois à cause de la COVID-19. Comment les entreprises en plein air, les campings et les pourvoiries vivent-ils la crise sanitaire ? Voici un bref portrait de la situation d’ici et d’ailleurs ainsi que quelques pistes de réflexion pour la relance.
Les campings et les pourvoiries plus préoccupés
La Chaire de tourisme Transat, le ministère du Tourisme ainsi que l’Alliance de l’industrie touristique du Québec ont réalisé un sondage Web auprès des organisations touristiques pour connaître l’impact de la COVID-19 sur l’industrie au Québec. Du 9 au 27 avril 2020, 2 977 gestionnaires et responsables ont rempli le questionnaire. Quelque 202 répondants gèrent des campings, 287 œuvrent dans le domaine du plein air et 147 travaillent dans un établissement de pourvoirie.
Parmi ces trois secteurs, un peu plus d’une entreprise en plein air sur deux affirme ressentir des contrecoups « très négatifs » à « catastrophiques » sur leurs affaires. Environ 67 % des campings clament les mêmes propos. Mais ce sont véritablement les pourvoiries qui demeurent significativement les plus affectées, avec près de 75 % des répondants qui déclarent un état similaire.
Source : Enquête en ligne de la Chaire de tourisme Transat, avril 2020
En général, tous se disent inquiets. Du côté des campings et des pourvoiries, près de 9 répondants sur 10 craignent de ressentir des impacts financiers majeurs sur leurs activités. Environ 8 entreprises sur 10 de nature et d’aventure déclarent le même état d’esprit.
Globalement, les trois groupes mentionnent se sentir moyennement, même peu outillés face à la crise. D’après le graphique ci-dessous, sur une échelle de « 1 — Nous sommes complètement perdus » à « 10 — Nous avons un plan solide », les pourvoiries se sentent plus perdues que les autres, alors que les entreprises de plein air ont significativement plus confiance en leur plan.
Source : Enquête en ligne de la Chaire de tourisme Transat, avril 2020
Dans les trois groupes, un répondant sur cinq affirme avoir fait une demande pour le Programme fédéral de prêts sans intérêt, alors qu’un sur trois mentionne y être admissible. Environ la moitié des pourvoiries et des entreprises de plein air ainsi que le tiers des campings déclaraient en avril détenir assez de liquidités pour survivre plusieurs semaines encore, voire des mois.
Certains répondants ont mis en place des pratiques pour minimiser les effets néfastes de la crise sanitaire. Quelques-uns comptent fermer les aires communes, ou louer un site de camping sur deux afin de respecter les règles de distanciation physique. Le gel d’embauche semble un passage obligé pour un peu plus du tiers d’entre eux, voire pour 46 % des compagnies de plein air. Au sein des trois sphères d’activités, une entreprise sur trois prévoit de réaliser des mises à pied durant les mois de mai, juin et juillet.
L’achalandage estival
Fait intéressant, près de la moitié des sondés envisagent une baisse du nombre de touristes québécois, alors que de 35 % à 41 % des répondants estiment plutôt qu’il y aura davantage de visiteurs intra-Québec cet été. Il n’y a pas de différence significative dans les secteurs.
Source : Enquête en ligne de la Chaire de tourisme Transat, avril 2020
En temps normal, les Québécois représentent déjà plus de 75 % de la clientèle pour la majorité des organisations de ce secteur (nature et plein air : 70 % ; pourvoiries : 74 % et campings : 86 %.
Source : Enquête en ligne de la Chaire de tourisme Transat, avril 2020
À ce jour, l’achalandage touristique de 2020 demeure difficile à dessiner. Selon le Conference Board du Canada, 45 % des Canadiens planifient un voyage cet été. Parmi ceux-ci, les deux tiers prévoient des séjours au Canada.
L’Ontario rouvre ses parcs provinciaux. La Sépaq redonne graduellement l’accès à ses territoires à compter du 20 mai 2020. Les pourvoiries du Québec disent être en mesure d’accueillir des clients durant la saison chaude. Certains campings affichent même déjà complet.
Ce que les Québécois adeptes de plein air veulent
Quelques données peuvent aider à nourrir la réflexion pour une relance favorable à l’achalandage estival local. Les Québécois sont très actifs. Selon une étude réalisée par la Chaire de tourisme Transat en 2017, 38 % des répondants déclaraient s’être adonnés à des sorties de plein air sur une période équivalente à trois semaines ou plus au cours de la dernière année [2017]. Parmi les sports préférés de ces adeptes, on retrouve en ordre décroissant d’importance le vélo sur pistes cyclables, la randonnée pédestre ainsi que la raquette et le canot en eau calme. Aux yeux des sondés, afin de favoriser l’activité physique en nature, les éléments « prioritaires » ou « extrêmement prioritaires » sont les suivants :
- Le développement de forfaits de plein air [60 %] ;
- L’accessibilité pour les familles [59 %] ;
- La possibilité de louer du matériel [58 %] ;
- La communication à propos des produits existants [53 %].
Les milieux de plein air ailleurs dans le monde
Ailleurs, la situation évolue à un rythme très différent. Depuis qu’elle est passée d’un état d’urgence de niveau 4 à 3 le 28 avril 2020, la Nouvelle-Zélande permet aux randonneurs de visiter les territoires protégés près de chez eux pendant 3 h. Les États-Unis ont décidé de gérer leurs parcs au cas par cas, en supprimant les tarifs d’entrée des sites toujours accessibles. Par contre, comme en Irlande, cette mesure a provoqué une hausse d’achalandage notable. Presque partout, les nuitées sont interdites, excepté en Finlande où les autorités tolèrent les hamacs et tentes individuelles dans l’arrière-pays.
Les retombées économiques importantes des activités touristiques dans les régions motivent certains sites à rouvrir hâtivement. La priorité demeure la sécurité des employés et des visiteurs. Les entreprises québécoises devront s’y attendre : les chartes sanitaires, la distanciation physique et les méthodes de paiement « sans contact » primeront dans tous les secteurs pour un bon moment.
Consulter le sommaire exécutif du Sondage sur l’impact de la COVID-19 sur les entreprises touristiques québécoises.