Migration interrégionale et télétravail

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Amélie Racine Amélie Racine

La pandémie a été pour plusieurs personnes l’argument ultime pour déménager hors d’une région urbaine. Cette accélération du mouvement de migration pourrait demeurer dans les prochaines années, notamment avec l’intégration accrue du télétravail au sein des entreprises.

Depuis longtemps, les régions du Québec rivalisent d’ingéniosité pour attirer de nouveaux résidents. Certaines l’ont d’ailleurs fait de façon structurée avec de solides stratégies d’attractivité territoriale. Plusieurs démarches ont porté fruit et la tendance favorable aux régions se ressent depuis quelques années.

Migration interrégionale au Québec : des bilans positifs

Selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), les Laurentides et Lanaudière présentent le bilan migratoire positif le plus élevé pour la période allant de juillet 2019 à juillet 2020. Moins de personnes ont quitté ces régions et davantage s’y sont installées. Elles affichent d’ailleurs leurs meilleurs résultats depuis le commencement de la compilation des données par l’ISQ en 2001. L’ensemble des municipalités régionales de comté (MRC) de l’Estrie, de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, du Bas-Saint-Laurent et du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont aussi réalisé des gains au cours de cette période.

 

Des occasions à saisir pour les entreprises touristiques régionales

De nombreuses MRC situées en zones de villégiature ont obtenu de forts gains migratoires ces dernières années. Ces nouveaux résidents ont certes choisi de déménager pour retrouver des avantages liés à leur qualité de vie, mais comme précisé dans une analyse précédente, ils souhaitent également réaliser des expériences qui se rapprochent de celles vécues par les touristes.

Après le marketing territorial vient l’accueil de ces habitants installés depuis peu. Quelles stratégies visant ce segment de clientèles pourraient être mises de l’avant ?

Après le marketing territorial vient l’accueil de ces habitants installés depuis peu. Quelles stratégies visant ce segment de clientèles pourraient être mises de l’avant ? Leur proximité et leur envie de découvrir leur nouvelle région font d’eux des visiteurs fort attrayants. Ils ont le potentiel d’effectuer plusieurs visites et de recommander leurs coups de cœur à des parents et à des amis.

Migration interrégionale au Québec : des bilans négatifs

Les données de l’ISQ mettent également en lumière une vingtaine de MRC qui affichent un solde migratoire négatif de juillet 2019 à juillet 2020. Parmi elles se trouvent : Montréal, Laval, Longueuil, Québec et Gatineau.

Montréal cumule des pertes depuis quelques années. Cette tendance semble s’amplifier avec la pandémie. Au cours de la période à l’étude, la métropole a accueilli près de 27 000 personnes en provenance des autres régions alors que 62 900 résidents ont quitté la ville. Ces derniers ont choisi de s’établir ailleurs dans la province. Cette perte de 35 900 individus représente le plus lourd déficit migratoire interrégional que Montréal ait connu depuis 20 ans.

Les télétravailleurs

Avec la montée en flèche du télétravail, il est maintenant légitime de se questionner à propos de l’impact de cette nouvelle réalité sur les projets de migration des Québécois ou des Canadiens.

Le télétravail était sous-pratiqué avant la pandémie de COVID-19 d’après des données de Statistique Canada. Seulement 13 % des employés s’y adonnaient parfois à raison de quelques heures par semaine en 2018. Or, au début du confinement, 39 % des salariés canadiens se sont déclarés en télétravail. Si le travail à distance demeurait fréquent dans les organisations après la crise sanitaire, plusieurs experts s’entendent pour dire qu’il pourrait engendrer d’importants bouleversements.

Comme le télétravail est très apprécié, plusieurs entreprises revoient leurs politiques internes en vue de l’intégrer sur une base régulière ou flexible. Dans la prochaine année, elles devront se positionner à ce sujet et leur décision pourrait avoir un impact sur la mobilité de leurs employés.

Une tendance à suivre

Les données de l’ISQ à propos du bilan migratoire ne couvrent que les premiers mois de la crise sanitaire. Considérant qu’un déménagement se planifie, il est possible que ceux réalisés au début de la pandémie étaient prévus bien avant le confinement.

Le prochain bilan offrira un meilleur portrait de l’effet de la pandémie sur la migration interne au Québec. D’ici sa sortie, on peut supposer que l’année 2020-2021 sera encore très dynamique en ce qui concerne les déplacements interrégionaux. Selon l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec, le marché immobilier résidentiel de la province a connu une hausse de 17 % par rapport à 2019, un record depuis les premières compilations de données en 2000.