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Analyses - 18 mai 2021

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mai 2021

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Imprimer Tourisme durable,

Implanter une chaîne d’approvisionnement responsable

Optimiser sa chaine d’approvisionnement permet de minimiser son empreinte carbone et garantir ainsi la qualité du tourisme durable grâce à une collaboration avec ses partenaires.

L’ONU a établi 17 objectifs de développement durable à réaliser d’ici 2030 pour « sauver le monde ». Ceux-ci sont interconnectés et complémentaires. L’un d’entre eux est la consommation et la production responsables. Depuis la dernière année, il a souvent été question de l’importance de réduire son empreinte environnementale et d’implanter des pratiques durables. Et si cela passait par une gestion responsable de ses opérations ? 

 

L’empreinte carbone en tourisme

Dans un rapport de l’ONU de 2019, il est mentionné que le tourisme est à l’origine de 8 % des émissions de carbone produites à l’échelle mondiale. Ce pourcentage, ainsi que ceux relatifs à la consommation d’énergie et d’eau, risquent de doubler d’ici 2050.

Comment les entreprises peuvent-elles s’y prendre afin de réduire leur impact tout en offrant un bon service à leurs clients ? La clé est d’optimiser sa chaine d’approvisionnement.

Qu’entend-on par chaine d’approvisionnement ?

Il s’agit de la chaine de valeur d’une entreprise, c’est-à-dire de tous les acteurs impliqués et de toutes les actions requises dans la livraison finale d’un produit touristique. À titre d’exemple, un voyagiste offre divers choix d’hébergements, de circuits organisés, etc. L’entreprise est garante de ces services. Subséquemment, un hôtel sera aussi responsable de la provenance de sa nourriture. Il s’agit donc de s’assurer que chaque partie prenante met en œuvre des pratiques respectueuses de l’environnement et des communautés.

Les bénéfices d’implanter une chaine d’approvisionnement responsable

Il est pertinent de comprendre les avantages à moyen et à long terme avant de se lancer. En voici quelques-uns : 

  • Réduire son empreinte carbone ;
  • Diminuer sa production de déchets ;
  • Encourager l’économie locale ;
  • Augmenter son efficacité énergétique ;
  • Amoindrir les coûts en énergie à long terme ;
  • Mieux gérer et assurer la pérennité de ses ressources naturelles.

Entre 2014 et 2019, TUI Group a observé une économie de 14 % de CO2, de 10 % d’eau douce, de 9 % d’eaux d’usées et de 16 % de déchets. Ces données ont été récoltées auprès de 234 hôtels et resorts certifiés.

 Voici d’autres exemples d’entreprises touristiques qui ont pris le taureau par les cornes.

Les matériaux de construction

Bâtir des résidences à partir des arbres se trouvant sur le terrain, pourquoi pas ! C’est ce qu’a amorçé l’entreprise Les Côteaux Missisquoi dans les Cantons-de-l’Est. Les arbres endommagés ou tombés à terre à cause du vent ont été utilisés pour la fabrication des écogîtes. Au Bali Eco Stay, sur l’île indonésienne du même nom, les habitations ont aussi été construites à l’aide des essences de bois se situant à proximité. Des artisans locaux ont mis la main à la pâte et ont sculpté divers éléments, dont les portes. Une belle façon de valoriser le patrimoine immatériel et de réduire le trajet des matériaux.

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Source : Bali Eco Stay, Fanny Beaulieu Cormier

L’alimentation

Opter pour des aliments régionaux et de saison permet de minimiser son empreinte carbone. En Slovénie, le projet Green Supply Chains prend la forme d’une plateforme offrant un lien direct entre les restaurateurs et les producteurs locaux. Sa mission est d’accroître la proportion de nourriture et de boissons locales dans les hôtels et les restaurants de Ljubljana. Plus près d’ici, au Québec, l’entreprise Arrivage utilise une plateforme basée sur le même principe. Grâce à son service de commande en ligne et de livraison, elle propose de supprimer les intermédiaires et, ainsi, de s’assurer de la traçabilité des produits.

Dans le but de limiter le plus possible le chemin parcouru par la nourriture, certains hébergements vont même jusqu’à proposer à leurs hôtes des aliments produits sur place, dans leur jardin. C’est le cas du Bali Eco Stay où, chaque jour, les employés demandent aux clients de choisir leur menu, afin de ne récolter que le nécessaire et ainsi, minimiser le gaspillage alimentaire. À San Blas, au Panama, les repas des habitations Yandup sont cuisinés selon la pêche du jour.

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Source : Yandup, Panama, Fanny Beaulieu Cormier

L’économie circulaire permet quant à elle de redonner une deuxième vie à un produit. Il s’agit d’une pratique plus fréquente dans le domaine de l’agrotourisme. Au Québec, la Microbrasserie Charlevoix utilise les pains invendus de la boulangerie À chacun son pain de Baie-Saint-Paul pour créer sa bière. Une édition spéciale a même été brassée pour Le Festif ! Cet exemple met en évidence le caractère bénéfique des partenariats locaux pour réduire le chemin parcouru des aliments.

L’accompagnement de son réseau

L’ONU recommande aux entreprises de travailler en collaboration avec leurs partenaires et fournisseurs, dans le but de rendre la chaine d’approvisionnement plus durable et responsable. De plus, l’entreprise est responsable de tous les services qu’elle offre. Un accompagnement auprès de ses partenaires permet de s’assurer de la qualité de son produit touristique. Par exemple, Travel Excellence, un tour opérateur au Costa Rica, guide ses fournisseurs sur l’implantation de bonnes pratiques.  

Pour sa part, l’agence de voyages Fair Voyage collabore avec Kilimanjaro Porters Assistance Project (KPAP) pour toutes ses expéditions sur cette montagne mythique. Cette organisation à but non lucratif a été créée en 2003 dans le but d’améliorer les conditions de travail des porteurs. Fair Voyage fait aussi exclusivement affaire avec des partenaires accrédités par GSTC, une organisation internationale de référence en matière de critères à suivre en tourisme durable. Pour les aider à l’obtenir, un accompagnement a souvent été nécessaire.

En 2017, grâce au soutien de l’entreprise TUI Group, 80 % des hôtels du groupe étaient aussi certifiés selon ces normes. Encourager l’économie locale, acheter de l’équipement électrique à faible consommation d’énergie, réduire l’emballage et consommer des produits alimentaires régionaux sont des exemples d’actions mises en œuvre dans le cadre de cette stratégie.

Au Québec, en 2018, l’entreprise Transat est devenue le premier grand voyagiste international à obtenir la certification Travelife pour toutes ses activités. Plusieurs de ses hôtels se sont vu attribuer ce label. Ce processus d’accompagnement, encore en déploiement à l’heure actuelle, a permis à plusieurs de ses hôtels d’être certifiés.

https://www.youtube.com/watch?v=1r_XRFlUvLs

Source : Youtube, Transat

À retenir

Implanter une chaine de valeur responsable fait partie intégrante d’une stratégie globale en tourisme durable. Le meilleur moyen d’y parvenir est d’établir des objectifs ambitieux bien que réalistes, et de se fixer des délais à respecter. Faire l’état des lieux sur les démarches réalisées par ses partenaires permet de mieux les accompagner afin qu’ils optimisent leurs pratiques. De plus, l’acquisition d’une certification est une option à considérer pour mettre en place un système qui facilite les opérations internes et l’accompagnement des diverses parties prenantes.

Selon l’envergure de son réseau, les étapes pour instaurer une chaine d’approvisionnement responsable peuvent s’échelonner sur une ou plusieurs années. La clé du succès est d’avancer pas à pas et d’avoir une bonne communication avec ses partenaires.

Quelles actions durables avez-vous déjà implantées ?

Quelles autres démarches pourriez-vous mettre en œuvre afin de viser une gestion responsable de vos ressources ?

 

Image à la une : Pexels

Source(s)

- Ashton, Jane, « Sustainable Supply Chain Development » TUI Group, 6 décembre 2019

- Fair voyage, « Our sourcing criteria for sustainability », Fair voyage, consulté le 12 mars 2021.

- GSTC, « GSTC 2019 : sustainable and responsible procurement », GSTC conferences Açores, décembre 2019

- UN, « Transforming tourism, through sustainable procurement », UN environment programme, 2019.

- Whyte, Patrick, « Carbon footprint impact extends ways beyond flights across all of vacation : new study », Skift, 13 janvier 2020.

- Transat, « Plan d’action Travelife 2018-2020 », Transat, consulté le 10 décembre 2020.

- Tourisme Charlevoix, « Quand les producteurs de Charlevoix vont plus loin… », Tourisme Charlevoix, 26 octobre 2020.

- Lenzen, Manfred, Sun, Ya-Yen, Faturay, Futu, Ting, Yuan-Peng, Geschke, Arne et Malik, Arumina (2018), The carbon footprint of global tourism, Nature Climate Change, vol. 8, p.522-528.

Sites web :

https://kiliporters.org/

http://www.jarina.si/english 

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