L’innovation, qu’est-ce que ça veut dire pour mon entreprise ?

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Lorea Goudour Lorea Goudour

Réservation obligatoire de plages horaires dans les attraits, fin des cohues dans les lieux touristiques : la pandémie a aussi eu des effets positifs sur l’industrie. Elle a contraint les entreprises à innover, et les bons outils vont perdurer.

Les mesures sanitaires mises en place pour contrer la COVID-19 ont forcé les organisations à s’adapter constamment et à faire preuve de créativité pour ajuster leur modèle d’affaires. L’innovation s’est invitée au sein des entreprises touristiques québécoises et doit demeurer bien présente en vue de la reprise imminente et de la compétitivité à plus long terme. À l’occasion des Assises du tourisme 2021, Martin Lessard, directeur général du MT Lab, a répondu à l’appel pour démystifier l’innovation : trouver des solutions technologiques concrètes, intégrer l’innovation dans ses processus et la mettre en valeur au sein de l’entreprise.

Au fait, qu’est-ce que l’innovation ?

L’innovation réside dans l’apport de changements ou d’améliorations dans les processus. Lorsque survient une rupture, ou quand le contexte change, des solutions apparaissent pour répondre à un besoin. Parfois jugée abstraite et souvent associée à l’utilisation de la technologie, l’innovation peut toutefois être très simple, se trouver dans les petites choses et proposer des solutions concrètes. La NANA (Navette Nature) constitue un bel exemple de remède à un besoin sans nécessiter l’usage de la technologie : offrir un accès en transport en commun aux parcs de la Sépaq.

Le rôle de la pandémie : entre rattrapage technologique et occasions d’affaires

Les crises sont un terreau fertile à l’innovation. La pandémie de la COVID-19 a agi comme un accélérateur et a fait faire un bond technologique à l’industrie touristique. Des outils tels que le code QR ou le NFC ne sont pas inédits. En revanche, l’innovation réside dans leur nouvel usage, associé à un contexte opportun. Ainsi, une décennie plus tôt, face à une pandémie, l’industrie n’aurait pas eu recours à ces outils, quand bien même ils existaient déjà. Qu’il s’agisse de payer sans contact ou de feuilleter un menu de restaurant sur son cellulaire, c’est l’utilisation facilitée (les appareils photo sont aujourd’hui capables de lire un code QR) et le contexte sanitaire où le sans contact devient essentiel, qui font que l’innovation trouve sa place. Des startups comme My Smart Journey ou Stimulation Déjà Vu ont développé avant la crise des solutions qui répondent en fait au contexte sanitaire actuel et s’intègrent bien dans un parcours client redéfini. La première permet de déployer rapidement de l’information multimédia en utilisant des technologies sans contact, et la deuxième recourt aux odeurs pour véhiculer des messages sur un lieu, ce qui peut apparaitre comme une manière de rassurer et de réduire l’anxiété.

L’innovation technologique est-elle accessible pour les entreprises ?

La pandémie a rendu évidentes l’utilité et la pertinence de la technologie dans nos vies. Elle fait à présent partie intégrante de nos habitudes, dont certaines vont rester. Ainsi, les entreprises n’ont d’autre choix que d’emboiter le pas. Toutefois, si l’innovation technologique peut être accessible à toutes les entreprises, elle va de pair avec une connexion internet stable. Celle-ci se fait encore à deux vitesses dans certaines régions.

L’innovation, un état d’esprit

Poursuivre son chemin aux côtés d’une startup

Travailler avec une startup, c’est penser différemment. Les jeunes pousses fonctionnent par projet et sont très agiles. Allégées de certaines procédures bureaucratiques, elles ont la capacité de tester à la manière d’un projet pilote, et d’apprendre de leurs bons coups et de leurs échecs. Elles se trouvent au début de leur processus entrepreneurial et sont donc souvent à la recherche de clients. Ainsi, elles ont la capacité de s’adapter aux besoins de ces derniers et de développer une solution sur mesure. Faire appel à une startup peut dès lors permettre de répondre à des demandes très concrètes. Par exemple, Merinio propose une solution automatisée, simple et rapide pour la planification et le recrutement des employés dans une ère de pénurie de main-d’œuvre. De son côté, Piecemeal permet d’optimiser les commandes des restaurants en fonction de leur approvisionnement et de leur menu.

 

Le virtuel : des utilisations concrètes

Le virtuel est sur toutes les lèvres ces derniers temps. Trouver de nouvelles occasions d’affaires, aller chercher des clients à distance et simplifier la vie des entreprises dans ce nouveau contexte, c’est ce que certaines startups ont développé. Hoppin’ World propose la visite de lieux par la réalité virtuelle sociale. À l’avant-garde, elle offre ainsi aux régions touristiques l’occasion de rendre disponible une bulle collective, soit un environnement virtuel à 360° qui peut être fréquenté par l’utilisateur mais aussi par d’autres individus (amis, famille, etc.). Dans un contexte d’affaires, cette technologie permet la visite de centres de congrès, ou encore de la destination, le tout sans avoir à se déplacer. L’entreprise Happy Hotel offre des solutions de formation à distance par la réalité augmentée, qui permettent de contourner les contraintes sanitaires. Profiter de l’agilité d’une startup en tant qu’entreprise peut ainsi s’avérer bénéfique.

https://www.youtube.com/watch?v=fzQS3N8hUBM&t=2s (Source : Youtube, Hoppin’)

 

Faciliter la rencontre entre l’idée et le marché

Pour laisser place à l’innovation, il est très important de consacrer du temps à l’écoute des solutions qui sont proposées afin d’être prêt à répondre aux nouveaux besoins des visiteurs au moment opportun. Il ne s’agit pas de bondir sur toutes les innovations, mais bien de guetter celles qui rentrent en adéquation avec son besoin.

Collaborer pour innover collectivement

« Lorsqu’on est proche de la ruche, on a accès au miel. »

Martin Lessard, Assises 2021

Au Québec, il existe plusieurs pôles d’innovation, le MT Lab en est un exemple. L’un des avantages de ce type d’organismes est de faciliter le maillage entre des startups et diverses organisations, car l’innovation d’une entreprise provient aussi de l’externe. On parle alors du concept « d’innovation ouverte ». L’écosystème qui gravite autour de ces pôles constitue des ressources précieuses avec lesquelles il est possible de collaborer pour intégrer l’innovation dans ses activités : « Lorsqu’on est proche de la ruche, on a accès au miel. » (Martin Lessard, Assises 2021).

Et le retour sur l’investissement ?

Avant de développer un projet innovant, les entreprises devraient se questionner à propos de sa rentabilité. Selon Martin Lessard, il est important de se demander si la solution fera économiser du temps, si elle rapportera de l’argent ou si elle permettra aux employés d’exécuter davantage de tâches. Qu’importe qui est responsable de l’innovation dans l’organisation, l’essentiel est de communiquer les opportunités à son équipe. Après tout, nous sommes tous des gestionnaires de l’innovation. Et vous, l’êtes-vous ?

 

Le 27 mai dernier se tenaient les Assises du tourisme, un événement du ministère du Tourisme, organisé par l’Alliance de l’industrie touristique du Québec. Pour la première fois depuis 15 ans, ce grand rassemblement se déroulait virtuellement en raison de la pandémie de COVID-19. L’objectif consistait à actualiser les connaissances des acteurs de l’industrie et d’échanger sur des thèmes communs qui permettront d’orchestrer la relance ensemble.

Pour accéder aux autres contenus liés à l’événement, veuillez cliquer sur le titre qui vous intéresse :

 

Image à la une : Freepick