De jeunes candidats québécois — les moins de 17 ans — profitent de la pénurie pour arriver en force sur le marché du travail.
Les ados à la rescousse
La main-d’œuvre touristique du Québec se compose d’une forte proportion de jeunes, avec 38 % des travailleurs âgés de 15 à 24 ans. Il y a actuellement un creux démographique au Québec et ce plancher se situe chez les 16 à 20 ans. En effet, la province comptait en 2021 499 370 jeunes de 21 à 25 ans et seulement 426 496 jeunes de 16 à 20 ans (8,5 % de moins). Ces données expliquent en partie pourquoi de plus en plus d’employeurs ont recours à des adolescents de 16 ans et moins pour pourvoir les postes vacants.
Par ailleurs, la cohorte des 11 à 15 ans, avec ces 457 420 jeunes, est légèrement plus consistante, mais laisse quand même entrevoir pourquoi la pénurie perdurera jusqu’en 2030.
Le travail des jeunes et la loi
Au Québec, les jeunes de 16 ans et moins ne peuvent travailler pendant les heures de fréquentation scolaire et, sauf exception, doivent se reposer entre 23 h et 6 h. De plus, un adolescent de moins de 14 ans qui désire travailler devra obtenir le consentement écrit de ses parents.
Les entreprises ont chacune leurs politiques sur l’âge requis à l’embauche, celui-ci varie généralement en fonction du risque et des tâches à effectuer. Dans la plupart des franchisés McDonald, l’âge minimum est de 14 ans pour travailler au service et de 16 ans pour travailler en cuisine. À La Ronde, l’âge minimum est récemment passé de 16 à 15 ans pour la plupart des emplois d’été.
Des campagnes de recrutement sur mesure
Pour rejoindre les 12 à 16 ans, très friands des médias sociaux, il faut savoir capter leur attention. Les adolescents ont des habitudes et un langage de communication bien à eux que le recruteur devra maîtriser.
En février 2021, la Ville de Saguenay avait 325 emplois étudiants affichés, dont plusieurs postes de sauveteurs et de préposés aux équipements. Une vaste campagne de recrutement sur TikTok, Instagram et Facebook a donc été lancée avec de courtes vidéos et stories reprenant des procédés et des codes bien connus de ces réseaux sociaux. Résultats ? La Ville est parvenue à doubler le nombre de candidatures pour ces postes étudiants.
Pas beaucoup d’expérience, mais plein de compétences
Évidemment, les adolescents ont peu d’expérience de travail à inscrire sur leur CV. Il est donc conseillé de réviser les processus d’embauche pour les rendre simples et rapides, exit les formulaires complexes. TikTok propose même aux recruteurs de solliciter des candidatures sous forme de vidéos de moins de 60 secondes (#careertiktok) afin que les candidats puissent se mettre en valeur autrement.
Même en temps de pénurie, les entrevues de sélection demeurent importantes. Celles-ci devront mettre l’accent sur l’évaluation du potentiel et du savoir-être. Des mises en situation réalistes et des simulations permettront d’évaluer et de comparer objectivement des candidats moins expérimentés.
Passer du temps avec leurs amis… ou travailler ?
Et s’ils n’avaient pas besoin de choisir ? Les adolescents accordent une grande importance à leurs cercles d’amitié. De plus en plus d’employeurs, à l’instar de la Station Mont Tremblant, invitent donc leurs jeunes employés à recommander un ami en échange d’un horaire combiné.
Si l’opinion de leurs pairs compte pour beaucoup, il ne faut pas oublier celle des parents. Ceux-ci sont généralement responsables du transport des jeunes travailleurs. Les gestionnaires ont tout intérêt à satisfaire à la fois le jeune et son parent, car l’influence de ce dernier pèse lourd dans le processus de fidélisation.
Au Parc Aventures Cap Jaseux, les adolescents sont surtout embauchés pour des postes de 20 heures par semaine afin d’intégrer le marché du travail plus graduellement durant la période estivale. Il faut aussi se rappeler que les jeunes de 12 à 16 ans sont encore nombreux à accompagner leurs parents lors de voyages familiaux. On se préoccupera donc de « l’expérience parents » en permettant une certaine souplesse à l’égard des demandes de vacances.
Une première expérience d’emploi enrichissante
Lors d’une première expérience d’emploi, les étudiants auront besoin d’un encadrement adapté, de coaching, et surtout de compréhension. Au Village du Père Noël, les jeunes employés ont le droit à l’erreur et peuvent ainsi développer et construire leur confiance. Gestionnaires et superviseurs sont très présents sur le terrain et favorisent la reconnaissance. Positionné comme un employeur jeunesse qui accorde une grande importance à « l’expérience employé », ce parc d’attractions ne connaît pas de problème de pénurie de main-d’œuvre et fait donc bien des jaloux.
Responsabilité sociale et persévérance scolaire
Employer des adolescents, de surcroît pendant l’année scolaire, comporte des enjeux éthiques. En aucun cas, on ne peut demander à une personne mineure de réaliser un travail qui risque de compromettre son éducation. Les entreprises touristiques ont tout intérêt à se positionner comme des employeurs qui favorisent la conciliation travail-études.
Plusieurs pratiques peuvent être ajustées pour envoyer ce message : limiter le nombre d’heures exigées, aligner les horaires sur le calendrier scolaire, permettre aux étudiants de réviser leurs notes pendant les périodes non achalandées, etc. Pour encourager les travailleurs étudiants, les Rôtisseries St-Hubert ont quant à elles versé 15 000 $ en bourses d’études l’an dernier. Un exemple d’employeur conciliant et inspirant !
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