Hébergement autosuffisant, économie circulaire, engagement de la clientèle et du personnel… des hôtels passent à la vitesse supérieure.
Depuis plusieurs années, les établissements hôteliers font face à de nombreux défis en ce qui concerne le respect de l’environnement. Selon un rapport du Urban Land Institute, les hôtels sont parmi les bâtiments commerciaux qui consomment le plus d’énergie et d’eau.
Il faut dire que l’industrie est confrontée à un certain nombre d’enjeux dans la mise en œuvre de pratiques durables. En effet, les hôteliers doivent respecter des modèles et des structures de propriété compliqués. Pour certains bâtiments, des changements drastiques pourraient perturber l’expérience client.
Quoi qu’il en soit, l’adoption de pratiques durables en hôtellerie est de plus en plus importante pour les voyageurs. Selon un récent rapport réalisé par Booking.com, la demande pour ce type d’expériences est en hausse. Quelque 78 % des répondants ont l’intention de séjourner dans une propriété dite durable au moins une fois au cours de l’année à venir. De plus, 71 % des voyageurs sondés veulent faire plus d’efforts en 2022 pour voyager de manière plus responsable (une hausse de 10 % par rapport à 2021).
Plusieurs nouveaux projets hôteliers répondant à cette demande voient le jour un peu partout dans le monde.
Nouvelles constructions durables
En 2024, la Norvège prévoit l’ouverture du SVART. Cet hôtel de 94 chambres est appelé à devenir le premier établissement hôtelier à énergie positive au monde. Grâce à sa forme circulaire, les architectes croient être en mesure de récolter suffisamment d’énergie solaire à toute heure de la journée pour couvrir les opérations quotidiennes de l’hôtel et même celles nécessaires à sa construction, ce qui permettrait de réduire jusqu’à 85 % de la consommation annuelle en énergie du bâtiment.
L’objectif du concept est de permettre un fonctionnement totalement hors réseau dans les cinq ans suivant son ouverture. Cela signifie que l’hôtel et ses services adjacents, y compris la serre agricole, les navettes en bateau et les activités pour les clientèles, seront totalement autonomes en matière d’électricité, d’eau et de gestion des déchets.
Du côté des États-Unis, la chaîne Hilton a récemment ouvert son premier hôtel zéro carbone au Connecticut ; l’Hôtel Marcel. L’architecte du projet a opté pour la rénovation et la restauration d’un bâtiment des années 1970, soit l’ancien siège social de l’Armstrong Rubber Company, pour revitaliser la zone urbaine avoisinante et y attirer la communauté.
L’hôtel utilise l’énergie solaire pour produire l’électricité nécessaire aux chambres, au restaurant, aux salles de réunions ainsi qu’aux aires communes, telles que la réception. Plusieurs matériaux de construction et objets ont été réutilisés et soigneusement restaurés comme des murs en bois et des luminaires qui servaient autrefois dans les bureaux et les salles de conférence de la compagnie. Les fenêtres à triple vitrage ainsi que les murs en béton permettent d’optimiser l’isolation et d’ainsi stabiliser la température des chambres.
En 2023, la firme Studio Gang anticipe l’ouverture d’une construction durable au Colorado. Le Populus comptera 265 chambres et deviendra le premier établissement hôtelier neuf de Denver sans espace de stationnement sur place ; pour s’y rendre, le transport en commun ou la mobilité douce sont de mise. Un effort écologique hors site est prévu et implique la plantation d’arbres sur plus de 2 000 hectares.
Au-dessus de chaque fenêtre, des dispositifs d’ombrage amélioreront la performance énergétique du bâtiment tout en canalisant l’eau de pluie pour préserver l’état de la façade. La terrasse sur le toit accueillera une grande variété de végétaux de la région, offrant un endroit idéal pour socialiser et un habitat attrayant pour la faune et les insectes.
La durabilité au sein même des opérations
Des constructions déjà existantes prennent les grands moyens pour améliorer leur empreinte écologique. Le JW Marriott Washington, DC montre l’exemple en intégrant des pratiques durables au sein de ses opérations. En cuisine, l’hôtel composte les déchets alimentaires et recycle l’entièreté de ses huiles usées pour en faire du biocarburant. Lors de la tenue de réunions ou de congrès, il utilise des emballages compostables pour les boîtes à lunch et fournit des stations d’eau pour contrer l’utilisation de bouteilles en plastique. À ce jour, près de 25 établissements JW de Marriott possèdent des jardins dont la taille varie d’un petit terrarium à une serre complète. Les fruits, les légumes et les herbes produits sont utilisés en cuisine. Au cours des prochaines années, la société envisage de planter un jardin dans chacune de ses 103 propriétés.
Au Québec
L’Hôtel Castel situé à Granby, a à cœur sa performance écologique ainsi que sa communauté. En effet, l’établissement choisit ses fournisseurs en fonction de leurs politiques environnementales et de leur emplacement ; ceux à proximité de l’hôtel sont privilégiés pour réduire l’impact des longs transports. De plus, l’établissement donne du mobilier (téléviseurs, meubles, matelas…) ou de la literie (draps, couvertures, tissus…) inutilisés ou en fin de vie, à divers organismes de la région. Les surplus alimentaires sont aussi remis à l’organisme Le Passant, une maison d’hébergement pour les personnes en difficulté.
L’Hôtel du Vieux-Québec est également un chef de file en matière de pratiques durables. Deux toits végétalisés contribuent à conserver la fraîcheur de l’établissement durant la saison estivale ainsi qu’à capturer l’eau de pluie qui passe ensuite dans un échangeur de chaleur qui la préchauffe. Cette technologie réduit la consommation d’énergie de l’hôtel. Les légumes, les fleurs, les herbes et même le miel produits sont offerts aux employés ainsi qu’aux clientèles, en plus d’être utilisés en cuisine. Enfin, des panneaux solaires aident à alimenter en énergie l’étage supérieur du bâtiment.
Les clientèles et les employés ; aussi à contribution
Le Bucuti & Tara Beach Resort à Aruba fait preuve d’originalité pour mobiliser les clientèles à la pérennité de la destination. En effet, le complexe hôtelier offre les services d’un concierge spécialiste en développement durable. Ce dernier fournit toute l’assistance et les informations nécessaires pour aider les visiteurs à compenser les émissions de carbone émises par leurs déplacements au cours de leur séjour.
De plus, le troisième mercredi du mois est toujours consacré au nettoyage des plages avoisinantes à l’hôtel. Les voyageurs sont encouragés à prendre part à cette journée qui est chapeautée par les membres du personnel hôtelier. Cette initiative existe depuis maintenant 27 ans et des centaines de visiteurs y ont participé.
Au Québec, le Domaine Château Bromont implique les employés dans son virage durable. Ces derniers reçoivent notamment une formation au centre de tri Sani-Éco de Bromont afin d’être davantage conscientisés face à l’importance d’un système de tri. Le personnel en cuisine et en entretien ménager assiste aussi à une formation sur les déchets résiduels.
Les établissements hôteliers adoptent de plus en plus des pratiques durables et certains ont même la possibilité de devenir des références en matière de construction écologique. Et vous, passerez-vous à l’action ?
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