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Analyse - 1 novembre 2022

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novembre 2022

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L’offre culinaire autochtone au Québec : occasions et défis

Au Québec, le patrimoine alimentaire autochtone est riche. Le secteur présente des occasions d’affaires, mais des défis demeurent.

Près de 90 % des Québécois démontrent un intérêt à pratiquer une activité touristique autochtone, comme la visite d’un site traditionnel ou la participation à une activité d’excursion en nature. C’est ce que démontrent les résultats d’une récente étude menée par Léger en janvier et février 2022 pour Tourisme Autochtone Québec auprès d’un peu plus de 2 000 répondants ayant voyagé dans la province depuis les cinq dernières années. Cela dit, quelque 53 % des Québécois affirment n’avoir jamais pratiqué une activité culturelle autochtone au Québec par le passé. Selon ce même sondage, 88 % d’entre eux disent avoir une faible connaissance (voire aucune connaissance) des différents produits touristiques du secteur. Cette méconnaissance constitue un frein à leur découverte pour une grande part des répondants (45 %). Les Québécois affichent donc un intérêt envers les communautés et le tourisme autochtones, mais connaissent peu l’offre disponible.  

Les Québécois affichent un intérêt envers les communautés et le tourisme autochtones, mais connaissent peu l’offre disponible.

La découverte du patrimoine alimentaire autochtone représente un premier pas accessible qui permet d’aller à la rencontre des cultures des différentes communautés.  

Une diversification des propositions

Depuis les dernières années, de nombreux chefs culinaires ont ouvert des restaurants qui mettent en valeur les saveurs autochtones, c’est le cas notamment pour Norma Condo de l’établissement Miqmak Catering Indigenous Kitchen, situé dans l’ouest de l’île de Montréal. 

Différentes boutiques gourmandes ont aussi fait leur entrée sur le marché. Les entreprises Wigwam et Les Épices du guerrier sont des exemples. Elles proposent des gammes de produits utilisant des plantes, des herbes et des épices issues du patrimoine alimentaire des premières nations. 

Les festivals et événements gourmands ont également emboîté le pas. La dernière édition de Montréal en Lumière, en février dernier, a souligné les savoirs autochtones en invitant, pour la toute première fois, des chefs autochtones du Canada à prendre part à l’événement.  

Source: Facebook Montréal en Lumière 

À l’échelle du pays, l’offre culinaire autochtone s’intensifie tout autant. Dans son répertoire de 2021, l’Association touristique autochtone du Canada (ATAC) liste plus d’une quarantaine de restaurants, services de traiteurs, brasseries, vignobles et entreprises gourmandes d’exception. La Square Timber Brewing Company à Pembroke en Ontario, la Indigenous World Winery à Westbank Kelowna en Colombie-Britannique et le restaurant Sagamité à Québec y figurent notamment. 

Des propositions de plus en plus diversifiées sont donc disponibles sur la scène culinaire québécoise, mais également canadienne. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cet essor des dernières années ?  

Un leg de la pandémie ?

Maxime Lizotte, chef cuisinier-pâtissier de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, était le principal intervenant du plus récent webinaire donné par l’Institut du Patrimoine culturel (IPAC) de l’Université Laval dans le cadre du séminaire La communication alimentaire 

L’enthousiasme pour les produits locaux et responsables pourrait avoir contribué à stimuler la curiosité des Québécois envers le patrimoine alimentaire autochtone.

Maxime Lizotte précise ainsi que l’enthousiasme pour les produits locaux et responsables, particulièrement depuis le début de la pandémie, pourrait avoir contribué à stimuler la curiosité des Québécois envers le patrimoine alimentaire autochtone. Cela expliquerait en partie la croissance de l’offre depuis les dernières années. En entretien avec la Chaire de tourisme Transat, Laurence Lainé, conseillère en communication et événements chez Tourisme Autochtone Québec est du même avis et ajoute que l’impact positif se ressent aussi sur le tourisme autochtone en général. Selon elle, l’art de la table et la gastronomie sont des tendances actuelles et le fait de s’intéresser aux traditions culinaires autochtones représente une porte d’entrée pour découvrir les cultures des différentes nations. En alliant traditions et modernité, l’offre culinaire autochtone s’est adaptée aux clientèles pour mettre de l’avant un produit accessible et complémentaire aux techniques ancestrales utilisées encore aujourd’hui. Laurence Lainé ajoute également que le processus de réconciliation des dernières années a joué un rôle dans l’émancipation du tourisme autochtone.

Source : Tourisme Autochtone Québec

Des défis qui demeurent

Selon une étude de 2021 de l’ATAC et du Conference Board of Canada (CBOC), le domaine de la restauration et des loisirs et activités de plein air ont connu les pertes d’emplois les plus importantes du secteur touristique autochtone en 2020-2021. Un sondage effectué en interne auprès des membres de Tourisme Autochtone Québec vient ajouter à ce constat que le recrutement et la rétention de main-d’œuvre ainsi que le financement sont les deux plus grands enjeux relevés par les répondants.  

Au-delà de ces défis, Laurence Hamel-Charest souligne dans son mémoire qui analyse les enjeux de la restauration autochtone au Canada que ce type de cuisine fait partie d’un créneau alimentaire difficile à circonscrire comme elle est très diversifiée. Cet aspect peut parfois nuire à son émancipation ou à sa reconnaissance. Elle ajoute « Si une certaine valorisation positive semble s’observer progressivement au cours des dernières années, avec la présence plus importante des cultures autochtones sur la scène publique, il reste que les représentations négatives qui leur sont associées, ainsi que la méconnaissance à leur endroit, restent omniprésentes. »  

Enfin, le chef Maxime Lizotte observe des problèmes d’approvisionnement, comme c’est le cas pour l’ensemble des restaurateurs québécois. La souveraineté alimentaire du Québec demeure un objectif pour plusieurs chefs et doit devenir une priorité selon eux, notamment pour la poursuite de la démocratisation du patrimoine gourmand des différentes communautés.  

Pourquoi ne pas ajouter une activité autochtone à votre prochain périple ? Cliquez ici pour prendre connaissance de l’offre.

Image à la une : Pexels

Source(s)

- Association touristique autochtone du Canada. « Les répercussions de la pandémie (COVID-19) sur le tourisme autochtone au Canada », 2021.  

- Entretien avec Laurence Lainé, conseillère en communication et événements pour Tourisme Autochtone Québec, 7 octobre 2022.  

- Granger, Philippe. « L’essor du tourisme autochtone face à la pénurie de main-d’œuvre », Radio-Canada, juin 2022.  

- Hamel-Charest, Laurence. « Qu’y a-t-il dans une assiette autochtone ? – Réflexion sur la restauration autochtone au Canada et ses enjeux », Open Edition Journals, 2022.  

- Niosi, Laurence. « Un premier restaurant autochtone à Montréal inspiré par la passion », Radio Canada, juillet 2019.   

- Thériault, Jean-François. « Montréal en lumière fait place aux saveurs et aux savoirs autochtones », Radio-Canada, février 2022. 

Tourisme autochtone Québec 

- Webinaire donné par l’Institut du patrimoine de l’Université Laval. « Discussion avec Maxime Lizotte sur le thème “La mise en scène du culinaire : entre innovation et tradition” », octobre 2022. 

 

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