L’effervescence de l’œnotourisme

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Julie Payeur Julie Payeur

La technologie, la diversification des activités et l’architecture permettent aux vignerons de se démarquer, et d’étancher la soif de découverte d’œnotouristes de plus en plus nombreux.

Plusieurs destinations développent leur notoriété et leur offre en œnotourisme, au grand plaisir des amateurs qui sont plus nombreux chaque année. L’engouement pour l’agrotourisme leur est très profitable et le Québec n’échappe pas à cette tendance. De plus, l’achat de produits locaux ou directement chez le producteur inspirent beaucoup les consommateurs. Que ce soit ici ou ailleurs, l’œnotourisme est en pleine effervescence.

Tendances : entre tradition et modernité

Les entreprises qui œuvrent dans le secteur de l’œnotourisme innovent et diversifient leurs activités pour répondre aux attentes et exigences de leur clientèle. Voici quelques tendances marquantes de ce secteur.

La technologie au service du vigneron et du touriste

L’apport des technologies à l’œnotourisme s’amplifie de manière considérable depuis quelques années. L’émergence des start-ups dans le monde du vin accélère les avancées technologiques et innovantes dans ce secteur. Que ce soit pour les vignobles ou les destinations, la collaboration avec les jeunes pousses constitue un avantage pour intégrer des solutions novatrices. Reconnaissance d’images, algorithmes de recommandation, intelligence artificielle ou chaîne de blocs prennent désormais racine à travers les vignes.

L’expertise de deux start-ups, Geoniva et d’Astragale Connect, a permis de développer un projet de géolocalisation dans les domaines ou territoires viticoles pour faciliter la découverte. Avec l’application Geovina Connect, les visiteurs parcourent le site à l’aide de textes, photos et vidéos qu’ils reçoivent pendant leur promenade grâce aux bornes Bluetooth.

De nombreuses plateformes voient également le jour pour créer des itinéraires, prendre contact avec les vignerons et réserver des visites. De jeunes entreprises, telles que Nabuco, Winalist, Vinizos, Vinotrip ou Winetour Booking, aident au développement de la relation avec les consommateurs et d’activités touristiques, en plus de perfectionner et de personnaliser l’offre.

Un écosystème se met en place pour les start-ups. L’Oenotourisme Lab a lancé son premier appel à candidatures en mai 2019. La Wine Tech rassemble près de 70 jeunes entreprises dans le domaine du vin. Quant au MH Lab 78, du groupe Moët Hennessy, il propose une structure de codéveloppement pour adapter les idées innovantes des start-ups, afin de créer de nouveaux modèles dans le secteur. Par exemple, SmartPixels transforme des objets (ou des bouteilles de champagne) en écrans, en y projetant des images 3D ou des vidéos, et Tangible Display offre des présentoirs numériques pour agrémenter l’expérience client (voir vidéo plus bas). L’Open tourisme Lab à Nîmes réalise des Open Event Oenotourisme pour favoriser les rencontres entre les professionnels du vin et du tourisme.

Ludification des vignobles

L’œnotourisme n’est plus un secteur réservé uniquement aux experts. De nouvelles pratiques et activités sont développées pour le grand public, démocratisant ainsi l’accès aux vignobles. En plus d’attirer davantage de visiteurs, elles répondent aux besoins des touristes de vivre des expériences encore plus authentiques et insolites. Outre les randonnées et les excursions qui continuent d’être populaires (à pied, à vélo, en trottinette et même en Segway), voici quelques exemples d’activités originales :

De nouvelles pratiques et activités sont développées pour le grand public, démocratisant ainsi l’accès aux vignobles.

Le Domaine de la Grave propose un parcours sensoriel à ses visiteurs. À bord d’un train, les amateurs de vin découvrent le vignoble et ses secrets à travers un circuit d’ateliers où les sens, comme le toucher, l’odorat et le goût, sont mis à l’épreuve. L’activité fut le coup de cœur du jury lors des Best Of Wine Tourism en 2018.

Les amateurs de vin et de jeux d’évasion peuvent désormais conjuguer leurs passions. Que ce soit à Nantes ou à Blaye, les participants doivent résoudre des énigmes tout en découvrant l’histoire du lieu et de ses produits. Quant à celui organisé à Chinon, il a connu un fort succès selon ses instigateurs, les vignerons Pierre et Bertrand Couly. Les enquêteurs œnologues ont représenté 20 % des visiteurs du domaine en 2018. Ce qui a permis de rentabiliser les investissements en moins de 2 mois au lieu des 18 mois initialement prévus.

Marquer les esprits avec l’architecture

Créer son image de marque grâce à l’architecture continue d’être une tendance significative. Les nouveaux vignobles, musées thématiques, caves ou hôtels démontrent la créativité et la détermination de vignerons conscients que l’architecture attire et que l’œnotourisme prend de l’ampleur.

Ouverte en 2016, l’unique Cité du vin est devenue un attrait majeur à Bordeaux. Les concepteurs du projet à la jonction du centre d’interprétation et d’un musée du vin ont voulu que « chaque détail de l’architecture évoque l’âme du vin et l’élément liquide » (voir la vidéo suivante).

Le Château La Dominique s’est démarqué dans la catégorie « Architecture et paysage » lors des Best Wine Tourism 2018, grâce à la nouvelle architecture de son chai. Toutes les nuances du vin sont mises en valeur grâce à la luminosité qui se reflète sur la couleur rouge du bâtiment et de la terrasse.

Chateau_LaDominique

Château La Dominique. Crédits : Vinexia, Alain Caboche,
Herve Lefevre & Guillaume Lachaud.

Dans la commune autrichienne de Langenlois, le design moderne, l’architecture et l’amour du vin fusionnent. Situé au milieu des vignes de la famille Steininger, le projet Loisium surprend avec son hôtel et l’imposant World of Wine. Tandis que le premier propose des traitements de vinothérapie, le second est construit sur des caves de plus de 900 ans et offre une expérience innovante et multisensorielle pour découvrir l’histoire viticole de la région.

Loisium Langenlois 2017

Loisium wine & spa hotel crédit photo : LOISIUM

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World of Wine Langenlois crédit photo : LOISIUM

Qui sont les œnotouristes ?

D’après l’Organisation mondiale du tourisme, il existe trois profils de clientèle :

  • Le spécialiste : il possède une connaissance approfondie des vins. Il visite les caves et les vignobles pour l’achat et la dégustation ;
  • L’amateur de vin : il aime le vin et profite de son passage dans un vignoble pour développer ses connaissances ;
  • L’occasionnel : il a un intérêt faible à modéré pour le vin. Sa visite n’est pas uniquement reliée aux activités vinicoles et les vignobles représentent un attrait comme un autre dans une région.

Aubergiste, à boire !

D’après Statistiques Canada, l’ensemble des provinces et des territoires ont enregistré des augmentations des ventes de vin pour l’année 2017-2018. Quant à la consommation, elle a affiché une croissance de 21 % de 2007 à 2017.

C’est dans la belle province que la part de marché des ventes de vin s’avère la plus élevée. En 2017, elle atteint 44 % des ventes totales de boissons alcoolisées. Le Québec se démarque également sur le plan de la consommation individuelle de ses habitants. Dans la même année, les Québécois ont bu environ 23 litres de vin comparativement à 18,7 litres pour les Britanno-Colombiens et 15,2 litres pour les Ontariens.

C’est dans la belle province que la part de marché des ventes de vin s’avère la plus élevée.

D’après les chiffres collectés par le MAPAQ, le territoire québécois comptait 145 vignobles en 2017. Les œnotouristes locaux et internationaux ont soif de les découvrir, car ils reflètent la richesse et la culture de leur région.

Avec une offre diversifiée et de bons outils, les vignobles québécois seront encore plus attractifs auprès des touristes. Il suffira de leur tendre la main ou… un verre ?

 

Source de l’image à la une : Unsplash