Microconcerts, performances déambulatoires inattendues, récitals en ligne en tête-à-tête avec l’artiste, les initiatives culturelles personnalisées se multiplient pendant la crise.
Depuis le début de la pandémie, le public a assisté à la création d’initiatives innovantes en matière d’arts de la scène : concerts en direct à distance, contenu culturel accessible en ligne, tournées des ciné-parcs cet été, etc. Face à l’urgence occasionnée par cette situation inédite, ces nouvelles initiatives ont temporairement permis de combler certains besoins des artistes et du public : casser l’isolement, continuer à créer bénévolement (sur les réseaux sociaux) puis avec rémunération (plateformes de diffusion payantes, concerts dans les ciné-parcs, etc.). Pourtant, cet avènement du virtuel ne satisfait que partiellement les besoins de l’humain qui souhaite se réunir et participer à une expérience unique lorsqu’il prend part à un spectacle. Pour répondre à ces enjeux, trois types de microperformances qui invitent à vivre un rendez-vous intime et ultra-local ressortent depuis quelque temps.
Les événements pop-up
Il y a quelques semaines, le Cirque Alfonse avait déjà retenu l’attention des médias grâce à des performances déambulatoires que les résidents ont pu observer dans des ruelles du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Récemment, le groupe de rock Barbacoa, basé dans le Vermont, a organisé un concert surprise dans un stationnement, le premier dans l’État depuis le début de la pandémie. Le caractère inattendu et spontané de ces prestations a permis d’éviter le rassemblement d’un trop grand nombre d’habitants dans un même lieu et d’orienter la proposition vers les communautés.
Si on ne peut pas aller à l’art, l’art viendra à nous ! Voilà qui pourrait résumer ce qui attend les Montréalais cet été en matière de vie culturelle. (Mario Girard, La Presse, 24 mai)
Les Montréalais devront s’attendre à retrouver ce genre d’initiatives estivales. Que ce soit du côté du Partenariat du Quartier des spectacles ou de Montréal complètement cirque, l’été culturel s’organise dans cette direction.
Les tête-à-tête en ligne avec les artistes
Bien que les concerts virtuels donnent la possibilité aux interprètes de rester actifs en temps de pandémie, ils ne permettent pas de reproduire la relation de proximité avec le spectateur qui est au cœur des arts vivants. Des musiciens comme Sara Oswald ou Sérénité Sonore proposent ainsi des événements privés et personnalisés en ligne à la maison. Cette démarche évite tout déplacement du public en salle, mais assure une expérience intime sur mesure, à la différence des concerts diffusés en continu qui s’adressent à une foule.
Les microconcerts personnalisés
Concerts isolés, tournées de promotion et festivals, les initiatives de microconcerts, souvent livrées à domicile, sont nombreuses. Qu’il s’agisse de Michael Bernard Fitzgerald à Calgary ou de Wildermiss à Denver, les artistes éprouvent le besoin de rétablir le lien avec leur public à l’échelle locale. À Montréal, Dear Criminals a offert 72 microperformances au Lion d’Or du 29 au 31 mai. Le groupe, qui mise sur l’approche intimiste, proposait de jouer une pièce de son choix à une ou deux personnes vivant sous le même toit en échange de 20 $.
Source : Youtube
Fin avril dernier, le Festif ! de Baie-Saint-Paul annonçait sa tournée des portes. À défaut d’un réel déploiement, le festival se lançait dans la livraison de concerts gratuits pour les habitants de la ville. Ainsi, les Baie-Saint-Paulois pouvaient réserver une performance devant leur domicile. Les organisateurs ont également proposé une série de représentations dans les CHSLD et dans les résidences pour aînés de Charlevoix. Ces différentes initiatives permettent à la fois aux artistes d’accéder à une certaine visibilité, de pallier l’annulation des concerts de la saison et de déconfiner les territoires à l’échelle locale. Enfin, si les performances virtuelles apparues au début de la crise s’adressaient plutôt à un grand nombre de spectateurs, les microperformances misent davantage sur le lien étroit qui unit l’artiste et le public, tout en respectant les mesures de distanciation physique en vigueur. Ceci semble s’inscrire dans la mouvance de consommation locale.
Source de l’image à la une : Pixabay