Les grandes observations 2020 : l’humain

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Amélie Racine Amélie Racine

L’humain c’est vous, c’est nous. Il est un voyageur, une employée, un chef d’entreprise, une ministre, un père de famille, une étudiante. Ces multiples visages s’accompagnent d’une quantité de défis et de besoins. Et si on utilisait nos plus belles qualités humaines pour traverser le reste de la crise ?

La pandémie de la COVID-19 a exacerbé plusieurs grandes tendances observées ces dernières années tant chez les voyageurs (tourisme local, de bien-être, quête de sens) que chez les travailleurs de l’industrie (virage numérique, innovation, télétravail, pénurie de main-d’œuvre). Elle a accéléré des processus en cours et démontré la fragilité de plusieurs secteurs touristiques et des humains qui y œuvrent. Elle a aussi confirmé la nécessité d’innover pour s’ajuster et aller de l’avant.

Un contexte qui frappe les travailleurs et leurs dirigeants de plein fouet

La crise a donné lieu à de multiples bouleversements en milieu de travail. Annoncer des mises à pied à ses troupes pour une durée indéterminée ou définitive fut le lot de plusieurs gestionnaires depuis le début de la pandémie. Les appels à l’aide diffusés dans les médias ont exposé la vulnérabilité et l’impuissance de bien des leaders. Le devoir d’aller de l’avant malgré des effectifs réduits et des corvées sanitaires additionnelles a ajouté une charge sur les épaules des dirigeants et de leurs employés. Perdre son emploi ou constater la dérive de son entreprise et de son personnel n’a pu qu’être humainement difficile.

Le bilan estival de *l’enquête de la Chaire de tourisme Transat, concernant les impacts de la COVID-19 sur les organisations touristiques québécoises, indique, sans surprise, de fortes turbulences sur le plan des ressources humaines. Pendant la phase de confinement du printemps, 69 % des entreprises détenant un bassin d’employés ont fait des mises à pied temporaires et 18 % en ont fait de façon permanente. Lors de la reprise graduelle des activités, en début juin, la moitié des entreprises (49 %) ont réembauché une partie de leurs ressources mises à pied, et 43 % en ont réembauché la totalité.

Les pertes d’emploi temporaires ont particulièrement frappé les secteurs de l’hébergement et de la restauration, selon les données d’une étude menée par le CQRHT.

Une responsabilité collective

Anxiété, stress, déprime, isolement, dépression ; tous ces maux doivent être pansés collectivement. Les conséquences sociales de la crise sont graves et déchirantes. Selon une enquête de l’Université de Sherbrooke sur les impacts psychosociaux de la pandémie au Québec, un adulte sur quatre affirme avoir des symptômes compatibles avec un trouble d’anxiété généralisée ou une dépression majeure. Chez les jeunes adultes (18 à 24 ans), cette proportion atteint près d’une personne sur deux.

La santé mentale représente actuellement un enjeu crucial pour la société et pour les organisations. La gravité de la situation a incité plusieurs entreprises, syndicats et ordres professionnels à offrir davantage de ressources pour encadrer et soutenir les personnes en difficulté. Par exemple, l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur « affaires municipales » (APSAM) partage sur son site Web des outils, des capsules vidéo, des webinaires et des liens utiles pour accompagner tant les gestionnaires que les travailleurs. L’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés propose de son côté des formations gratuites en ligne sur la gestion des ressources humaines à l’ère de la pandémie. Les employés en présentiel et en télétravail n’ont jamais eu autant besoin d’un employeur soucieux de leur bien-être.

Une nécessité d’innover 

Ne sous-estimons pas la résilience des individus et leur capacité d’adaptation. D’ailleurs, plusieurs secteurs font preuve de créativité depuis le début de la pandémie pour poursuivre leurs activités et regarder vers l’avenir. Certaines façons de faire émergentes deviendront les normes de demain. C’est notamment le cas du secteur des réunions et des congrès, qui a su démontrer la pertinence à long terme des événements hybrides.

Même s’il est difficile d’anticiper ce que nous réservent les prochains mois, la vaccination procure un sentiment d’espoir en ce début d’année. Si la relance passe par l’innovation, assurons-nous que sa ressource première, l’humain, soit dans de bonnes dispositions en faisant preuve d’empathie, d’inclusion et de bienveillance. Enfin, n’oublions pas que l’expérience touristique québécoise repose aussi sur cet être humain : son accueil chaleureux, sa créativité effervescente, sa passion contagieuse.

 

Cet article provient du Livre blanc Tourisme 2021 : entre défis et occasions d’affaires. Pour le consulter, cliquez ici. 

*L’enquête portant sur les impacts de la COVID-19 sur l’industrie touristique québécoise est une étude menée en trois volets d’avril à septembre 2020 par la Chaire de tourisme Transat en partenariat avec le ministère du Tourisme, l’Alliance de l’industrie touristique du Québec et les associations touristiques régionales et sectorielles.

 Source de l’image à la une : Unsplash