Les petits établissements d’hébergement s’inscrivent dans plusieurs tendances qui teinteront le paysage touristique de l’année à venir.
Les gîtes et les auberges ont plusieurs atouts (lire aussi : Les gîtes : comment mettre en valeur vos atouts) qui les différencient des hébergements collaboratifs, leurs grands rivaux. Cependant, leur présence en ligne demeure un défi majeur à ne pas négliger.
Une enquête menée par la Chaire de tourisme Transat en novembre dernier révèle que 66 % des voyageurs québécois, ayant effectué un séjour d’une nuitée au Québec à l’été 2022, ont séjourné dans un établissement hôtelier (hôtel, motel, auberge ou gîte). Parmi ces répondants, près de 50 % ont réservé leur nuitée directement sur le site Web de l’établissement, tandis que 39 % ont utilisé une plateforme de réservation en ligne, comme Booking.com.
Les hôtes auraient donc tout intérêt à être agiles sur le Web, notamment pour attirer une clientèle élargie, mais aussi pour se faire remarquer. Cela dit, dans une ère où les consommateurs sont exigeants et où la personnalisation du service prend de l’ampleur, il est judicieux d’innover pour se démarquer, tout en s’appuyant sur ce qu’on fait de meilleur.
L’authenticité… un gage de réussite
Les clientèles sont de plus en plus à la recherche d’expériences ancrées dans le territoire : elles veulent connaître les spécialités du coin ainsi que la communauté locale et ses coups de cœur. Cet aspect concorde avec la montée en popularité du tourisme lent (lire au si : L’évolution du Slow Travel ) : les voyageurs souhaitent aller à la rencontre des résidants, comprendre leur mode de vie et même nouer des liens avec eux.
L’implication de l’hôte concorde avec cette quête ; son rôle d’ambassadeur de la destination lui permet de conseiller des lieux moins connus ou des activités authentiques et d’ainsi participer au développement touristique de sa région.
Le cas de la Route des Pingouins
La Route des Pingouins est un regroupement de gîtes et d’hôtels restaurants à prix abordables, longeant la Côte nord Finistère et les îles de Molènes et d’Ouessant, en Bretagne. Les hébergements sont situés dans d’anciens lieux patrimoniaux ou municipaux, valorisant ainsi l’identité bretonne. »
L’objectif du fondateur était de redynamiser la côte en aménageant des lieux au profit des habitants et des touristes, en créant des emplois et en bâtissant des partenariats avec les entreprises limitrophes.
Plusieurs établissements ont une vocation pédagogique permettant aux visiteurs d’en apprendre plus sur les savoir-faire régionaux. Par exemple, les chambres du gîte Les Pingouins du Phare, une ancienne école de pêche entièrement restaurée, ont été décorées avec l’aide du musée de Plouguerneau. Elles font revivre la vocation initiale du lieu en mettant en scène les métiers de pêcheur et de goémonier (personne spécialisée dans la récolte des algues marines).
Le plein air… encore et toujours
Être implanté en milieu rural ou à proximité d’espaces naturels est un atout pour attirer les clientèles de plein air.
L’enquête de la Chaire de tourisme Transat révèle que 59 % des voyageurs québécois ont participé à une activité de plein air à l’été 2022. Être implanté en milieu rural ou à proximité d’espaces naturels est donc un atout pour attirer ce type de clientèle. Voici quelques astuces pour séduire les amateurs de tourisme de nature :
– Travailler de pair avec les prestataires d’activités de plein air ou les parcs avoisinants pour proposer une offre complémentaire ;
– S’intégrer dans des circuits ou des routes (longue randonnée, vélo…) (lire aussi : La randonnée de longue distance gagne du terrain) ;
– Offrir, ou s’affilier à un organisme qui offre le prêt ou la location d’équipements de plein air (vélo, ski de fond, raquette…) ;
– S’afficher auprès des clientèles de plein air. Par exemple, adhérer à la certification Bienvenue cyclistes ! ou Bienvenue randonneurs (pour les établissements des Cantons-de-l’Est et des Îles-de-la-Madeleine).
Le cas de Destination Parcs
Destination Parcs est une nouvelle plateforme développée par la Fédération des parcs naturels régionaux de France, en partenariat avec l’opérateur Odysway et l’incubateur Slow Tourism Lab. Elle permet la visualisation et la réservation de voyages en immersion dans la nature et valorise le patrimoine immatériel du territoire. Les expériences proposées sont jumelées à un gîte ou une auberge. Une description de l’hôte, de l’hébergement et des services offerts est fournie aux voyageurs.
L’achat local… un intérêt grandissant
L’enthousiasme pour les produits locaux ne dérougit pas. Depuis 2020, les marques québécoises ont enregistré une hausse de 17 % des ventes en supermarché, selon un rapport de NielsenIQ publié en mai 2022. Par ailleurs, l’étude de la Chaire indique que plus du quart (28 %) des voyageurs québécois ont effectué une visite agrotouristique (ferme, marché de producteurs, autocueillette…) à l’été 2022.
Comment les petits hébergements peuvent-ils profiter de cet engouement et potentiellement se positionner comme une adresse gourmande ? Voici quelques astuces :
– Établir des partenariats avec les producteurs du coin (proposition d’expériences mixtes ou de forfaits) ;
– Valoriser des aliments frais, locaux et de saison au menu du restaurant de l’établissement ;
– Vendre certains produits provenant des récoltes des agriculteurs de la région ou ses propres créations culinaires (confitures, pains…).
Le développement durable… évidemment
Les clients s’informent et s’interrogent de plus en plus face aux démarches durables mises en place dans les lieux qu’ils fréquentent. En ce sens, il est nécessaire de bien communiquer (lire aussi : Comment communiquer ses actions responsables ses clients ?) ses actions aux clientèles via un médium accessible, soit un site Web ou directement sur place à l’oral ou au moyen d’affiches. Lorsque bien établies, ces stratégies peuvent aider à se différencier de la compétition, à fidéliser des clientèles ainsi qu’à améliorer son image, sa réputation et sa compétitivité.
Par ailleurs, diverses plateformes alternatives aux grands réseaux de distribution voient le jour et mettent en valeur les plus petits joueurs ayant des visées environnementales. C’est notamment le cas de MooVert qui indique aux voyageurs le niveau d’écoresponsabilité, d’authenticité, de contribution au développement local et patrimonial, de confort et de services des établissements affichés sur l’interface.
Les gîtes et les auberges sont en mesure de répondre à un besoin qui prend de l’ampleur ; celui de vivre des expériences authentiques et porteuses de sens après une période qui nous en a privés (lire aussi : Cahier Tendances 2023).
Saurez-vous miser sur l’une ou l’autre de ses démarches au sein de vos opérations ?
Image à la une : Pexels