La méthode « Facile à lire et à comprendre » permet d’offrir une information accessible à tous les publics, grâce à une liste de règles simples et faciles à appliquer.
L’accès aux vacances et aux loisirs est un droit universel. Un des principes du Code mondial d’éthique du tourisme concerne « la facilitation et la non-discrimination dans les voyages », en particulier des populations les plus vulnérables. Le 2e Sommet mondial du tourisme accessible qui s’est tenu les 1er et 2 octobre 2018 à Bruxelles s’est penché sur les outils de mise en accessibilité pour les personnes handicapées, entre autres, pour celles éprouvant des difficultés de lecture. Madame Éloise Auffret-Novice, consultante spécialisée dans la sensibilisation au handicap au sein d’entreprises et dans l’accompagnement d’établissements culturels à l’accueil des publics à besoins particuliers, a présenté la méthode « Facile à lire et à comprendre ».
Une information accessible à tous
Il est important de repenser l’information afin de tenir compte de tous les utilisateurs. Les adultes peu compétents en littératie représentent une proportion significative de la population de tous les pays, selon les résultats de la plus récente évaluation des compétences des adultes publiée par l’OCDE (2016). En France, par exemple, 7 % de la population âgée de 18 à 65 ans est illettrée et 14 % de la population éprouve des difficultés de lecture. Au Québec, 53 % des adultes de 16 à 65 ans ont des compétences faibles ou insuffisantes en lecture. Dès lors, comment leur rendre l’information accessible ? Comment s’assurer qu’elle peut être comprise par le plus grand nombre, ou par tout le monde avec un accompagnement ?
Il est important de repenser l’information afin de tenir compte de tous les utilisateurs.
La simplification de l’information écrite demeure toujours marginale malgré les nombreux efforts déployés pour améliorer l’accès physique ou l’accueil des personnes à mobilité réduite. Pourtant, elle permettrait aux gens rencontrant des difficultés de lecture, de concentration ou de mémorisation de se sentir comme tout le monde ; de favoriser l’autonomie, l’inclusion sociale et la participation de chaque individu à la société.
Le facile à lire et à comprendre
La réponse européenne à cette question est apparue en 1998 avec la publication des premières directives pour la production d’information en langage clair pour les personnes vivant avec un handicap intellectuel. Une dizaine d’années plus tard, Inclusion Europe éditait les Règles européennes pour une information facile à lire et à comprendre (FALC), sous forme de liste de conseils.
Source : Unapei
Au cours de sa présentation, Madame Auffret-Novice a aussi montré quelques exemples concrets de villes touristiques et de sites culturels français qui se sont engagés à mettre en œuvre une politique de communication adaptée à la plupart des gens.
Des exemples
Le magazine suédois d’information 8 Sidor est rédigé en FALC. Il permet ainsi à toute personne qui éprouve, pour diverses raisons, des difficultés à lire le suédois de suivre ce qui se passe au pays et dans le monde. Les lettres y sont un peu plus grandes que dans un journal ordinaire. Les phrases sont également plus courtes. Les huit pages ne renferment pas de mots ardus et inhabituels. Les contenus présentés dans les offices de tourisme et certaines institutions culturelles sont aussi simplifiés, de même que les documents administratifs.
Depuis mars 2017, Amiens s’est vue accorder la marque Destination pour tous, faisant d’elle la deuxième ville de France à obtenir cette distinction. Au départ, elle s’est démarquée par son offre accessible aux personnes en situation de handicap moteur et visuel, ensuite à celles souffrant de déficiences auditive et mentale en combattant l’«illectronisme ». Pour développer l’autonomie des seniors et des personnes handicapées intellectuellement, la Ville applique la méthode FALC à l’usage d’Internet. Elle a aussi publié une brochure « Voyagez en toute sérénité à Amiens ».
Sur son site Web, le musée le Familistère de Guise, dispose d’une section entière en FALC et propose également de télécharger le livret de visite rédigé selon cette méthode.
Source : Familistère du Guise
Balaruc-les-Bains est la première ville en France à s’être lancée dans la réalisation d’une carte touristique en FALC au format 2D. Après de multiples tests avec différents groupes de personnes, le choix s’est porté sur l’association de pictogrammes — pour identifier l’activité principale du site touristique (musée, jardin, etc.) — et photographies pour reconnaître visuellement le site. On y explique également les mots difficiles. Pour aider à s’orienter, le métro de Monterrey, au Mexique, associe le nom des stations à des images.
Source : Balaruc-les-Bains
Source : mapa-metro
Le salon qui se déroulait en même temps que le Sommet offrait d’autres bons exemples d’attraits touristiques et culturels qui ont franchi le pas et choisi de créer du matériel adapté en FALC. C’est le cas du Musée du Quai Branly – Jacques Chirac qui publie un guide pratique et du Musée d’Orsay qui offre des informations pratiques pour préparer sa visite ou pour découvrir Paris au 19e siècle.
Source : Musée du Quai Branly – Jacques Chirac
La méthode « Facile à lire et à comprendre » est très peu répandue au Québec. Pourtant, il existe des organismes qui peuvent aider les entreprises à adapter leurs contenus pour les personnes qui éprouvent des difficultés en littératie. En tout état de cause, simplifier les informations ne signifie pas traiter les gens comme des enfants ou dénaturer le langage, mais plutôt offrir un réconfort et un mieux-être. Il est important de donner une image attrayante et généreuse de son établissement et de proposer une expérience agréable à tous.
Source image à la une : Unsplash