L’immersion en culture

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Amélie Racine Amélie Racine

Les activités culturelles immersives plongent les visiteurs dans une expérience plurisensorielle. Elles placent le public au centre de celles-ci et favorisent son implication dans un environnement réel ou imaginaire.

L’offre culturelle évolue et l’usage de la technologie y est pour quelque chose. Depuis quelques années, la dimension immersive gagne en popularité ; les propositions se multiplient et le public est au rendez-vous. D’après Valérie St-Jean, présidente de la jeune entreprise 4elements*, l’immersion sollicite les sens du visiteur. Elle lui permet de ressentir l’émotion qui lui est présentée et de faire partie de l’expérience. Il passe ainsi d’un mode passif à un état actif.

Madame St-Jean souligne également que les technologies, lorsqu’utilisées à bon escient, favorisent la mise en valeur de certains aspects d’une exposition, d’un spectacle ou d’un lieu, qui autrement ne serait pas évoqué. En étant immergé, le visiteur accueille l’information différemment et se laisse imprégner d’une animation axée sur l’expérience.

La diversité de l’offre attire des publics variés et facilite l’initiation de néophytes à la culture.

Mais l’immersion ne dépend pas de la technologie. Elle peut se vivre sans support ou appareil, qui pour certains constituent une véritable distraction. La diversité de l’offre attire donc des publics variés et facilite l’initiation de néophytes à la culture. Voici quelques exemples de cette offre hétéroclite.

Expositions d’arts numériques immersifs

Le collectif japonais TeamLab crée des expositions immersives qui intègrent les visiteurs à l’œuvre d’art. Constituée d’images projetées à 360 o, l’animation évolue au fil des mouvements du public. Ainsi, un pas, un geste, un déplacement modifient les tableaux, l’éclairage et les effets visuels en temps réel. Les représentations de TeamLab ont été diffusées dans plusieurs grandes villes du monde, notamment Tokyo, Milan, Paris, Londres et Melbourne.

Parcours d’art immersif urbain

Dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal, un parcours d’art public participatif (KM3) a permis aux citoyens et aux touristes de contempler ou d’interagir avec 22 œuvres immersives disposées dans le Quartier des spectacles. Sous le thème du voisinage, les artistes ont imaginé de nouvelles façons de vivre ensemble en ville. Ainsi, l’art est utilisé pour partager des réflexions et engager des conversations.

Parcours de projections architecturales immersives

On l’appelle aussi projection mapping ou mapping vidéo. Depuis plusieurs années, cette méthode de projection est utilisée pour illuminer des lieux ou n’importe quelle surface : bâtiment, mur intérieur, eau, etc. Afin d’immerger le public, les réalisateurs ne se limitent pas à des effets visuels. Un scénario, incluant une trame narrative, des créations sonores et une mise en lumière, façonne le cadre dans lequel un individu vivra son expérience.

Certaines projections requièrent l’utilisation d’appareils technologiques afin d’intégrer d’autres dimensions à celle-ci. Par exemple, les visiteurs de Cité Mémoire peuvent faire l’usage d’une application mobile pour accéder à la réalité augmentée et ainsi vivre pleinement certains tableaux. De plus, des bornes de réalité virtuelle sont disposées sur le parcours pour plonger davantage le public dans l’histoire de Montréal.

Théâtre immersif

Le concept de théâtre immersif gagne aujourd’hui en notoriété. Ce type de spectacle autorise le public à partager la scène avec des comédiens et à se trouver ainsi au cœur de l’action. Le spectateur ne fait pas que voir une production artistique, mais il la vivra sur le plateau. Sa présence n’implique pas nécessairement une interactivité avec les acteurs, mais lui permet de mieux ressentir l’univers qui lui est présenté. La compagnie britannique Punchdrunk a contribué à démocratiser ce type de théâtre avec sa pièce à succès « Sleep no More », dans laquelle le théâtre et la danse se conjuguent pour immerger le public dans le drame de Macbeth de Shakespeare.

Visite immersive

La ludification de certains lieux peut aussi mener vers l’immersion du public. Par exemple, le Musée de l’Armée de Paris propose cet automne l’expérience « Assassin’s Creed aux Invalides ». À l’aide d’une carte de l’Hôtel national des Invalides, d’un téléphone intelligent permettant l’accès à la réalité augmentée, et d’indices, les visiteurs du musée cherchent à percer le secret de Napoléon 1er en joignant les rangs Assassin ou Templier. Cette quête ludique transporte les participants dans des espaces emblématiques du musée ainsi que dans des lieux normalement inaccessibles.

 La visite immersive peut aussi prendre d’autres tangentes. Par exemple, le projet ABSTRAK, réalisé en octobre dernier par 4elements au Musée de la Civilisation de Québec, proposait au public de se familiariser avec l’art contemporain en interagissant avec l’œuvre intitulée Univers Chiffonnés de l’artiste André Boucher. Par le jeu de ses mains, le visiteur modifiait le relief, la couleur et la composition du tableau, grâce à une technologie employant la reconnaissance de mouvements. Une fois l’exercice terminé, le participant pouvait immortaliser sa création en la diffusant sur les médias sociaux.

Immersion symphonique

En musique, plusieurs productions font l’usage de la projection architecturale afin de créer des effets visuels rythmés au son de la mélodie. C’est le cas de la L.A. Philharmonic qui, pour son 100e anniversaire en septembre 2018, a présenté une performance immersive au Hollywood Bowl.

Pour sa part, la New World Symphony (NWS) de Miami présente des concerts dans une salle de spectacle (New World Center) complètement aménageable afin de concevoir des univers multisensoriels qui favorisent l’immersion du public. Véritable laboratoire de musique, l’académie du NWS imagine, crée et expérimente entre autres de nouvelles façons de partager la musique et de toucher le spectateur.

Virage immersif

Le concept de l’immersion n’est pas nouveau, mais son usage s’est de toute évidence renouvelé. Bien que la technologie y soit pour quelque chose, Madame St-Jean rappelle toutefois l’importance de ne pas l’utiliser au détriment de l’expérience.

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*4elements est l’une des startups de la cohorte 2018-2019 incubée au MTLab, l’incubateur d’innovation en tourisme, culture et divertissement de Montréal.

 

Source image à la une : 4elements