Le tourisme durable s’impose!

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Fanny Beaulieu Cormier Fanny Beaulieu Cormier

Réduire son empreinte environnementale, collaborer ainsi que communiquer pour mieux éduquer les touristes et pour inspirer l’industrie, favorisent le tourisme durable.

« Le tourisme durable n’est pas une destination, c’est un voyage. » Cette phrase a été répétée à maintes reprises lors du dernier colloque du Global Sustainable Tourism Council (GSTC), qui s’est tenu aux Açores du 4 au 7 décembre. L’industrie s’implique de plus en plus afin d’assurer la pérennité du milieu dans lequel elle évolue et collabore afin d’optimiser ses pratiques durables.

Ce texte présente une synthèse d’analyses du Réseau de veille en tourisme portant sur le tourisme durable, rédigées au cours des deux dernières années.

Réduire son empreinte environnementale

L’un des défis en tourisme est de réduire son empreinte environnementale, et ce, autant pour l’industrie que pour les touristes. Pour ce faire, diverses organisations ont mis sur pied des idées innovantes.

Transport et durabilité

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Source : Roam Public Transit

Karavaniers a été la première agence de voyages au Canada à inclure systématiquement dans le prix de ses forfaits un montant compensatoire pour les émissions de carbone. Elle donne également 1 % de ses profits à des associations œuvrant pour la protection et la préservation de l’environnement.

Détour Nature est une entreprise québécoise qui organise des excursions guidées d’une journée ainsi que de courts voyages au Québec, au Canada et dans quelques États américains. Cette entreprise collabore avec Planetair depuis 2008 afin de compenser les gaz à effet de serre qu’elle produit.

En janvier 2019, la station suisse SkiArena Andermatt-Sedrun, en partenariat avec Protect Our Winters, a organisé une fin de semaine sans auto dans le but de sensibiliser sa clientèle à son empreinte écologique. Un service de transport en commun était offert.

Hébergement et établissements

Nearly Zero Energy Hotels était un consortium européen créé dans le but d’aider les établissements hôteliers à réduire leur consommation énergétique et leur empreinte carbone. Le projet consistait, entre autres, à fournir des conseils personnalisés et des exemples de bonnes pratiques, notamment en matière de rénovation énergétique. Financée par la Commission européenne et l’Intelligent Energy Europe Programme pour une durée de trois ans (de 2013 à 2016), l’approche a permis des réductions de consommation énergétique allant jusqu’à 70 %.

Responsabilité sociale des entreprises

Il est impossible d’aborder le tourisme durable sans en considérer la contribution sociale, car lorsque celui-ci est bien géré, il engendre divers bénéfices pour les communautés locales.

En réponse aux diverses critiques qu’Airbnb a pu susciter, une nouvelle plateforme coopérative du nom de Fairbnb a été mise en place afin de travailler conjointement avec les acteurs locaux et de redistribuer une part des profits au sein de projets sociaux votés par les résidents. Une version test a été lancée au printemps 2019 dans cinq villes européennes, soit Amsterdam, Barcelone, Bologne, Valence et Venise.

À L’Isle-sur-la-Sorgue, en France, il existe un réseau d’entreprises dites positives, c’est-à-dire que leur économie est basée sur l’altruisme. Joël Gayet, fondateur de la Chaire Attractivité et Nouveau Marketing Territorial, à l’Institut de Management Public et Gouvernance Territoriale (Université d’Aix-Marseille), explique bien ce nouveau concept. L’idée est simple. Un montant minime, tel que 3 euros sur un total de 540 euros, est prélevé sur la facture des clients afin de financer des initiatives locales.

Dans le but de mesurer ses pratiques sociales, la Société des Attractions Touristiques du Québec et Festivals et Événements Québec SATQ-FEQ a annoncé l’actualisation et la bonification du Modèle d’évaluation des pratiques sociales des festivals et événements (MEPS). Cet outil standardisé de valorisation et d’amélioration des pratiques sociales se base sur des indices de performance comme la gestion responsable, la participation sociale et la reconnaissance du milieu. Il permet l’amélioration continue des entreprises afin de valoriser et de créer des retombées positives dans leur milieu. 

Collaborer pour mieux performer

Nous sommes dans une ère de collaboration, on parle même de coopétition. Travailler ensemble au sein d’une stratégie commune permet aux actions d’avoir un plus grand impact sur un plus grand territoire.

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Source : Jarina, EIP-AGRI Workshop

Dans cet esprit, l’Office de tourisme de Ljubljana, en Slovénie, a mis sur pied une chaîne d’approvisionnement verte sous la forme d’une plateforme Web. Par ce guichet unique, les hôteliers et les restaurateurs se sont vu offrir un accès simple et direct aux fermiers locaux et vice versa. L’initiative a connu un vif succès, s’étendant en 2017 à toute la région de la Slovénie du Centre et reliant la capitale à 25 municipalités.

Le Festibière de Gatineau est reconnu dans sa communauté pour faire preuve de leadership en matière de pratiques écoresponsables. Grâce à leur collaboration avec leurs nombreux partenaires, notamment la Ville de Gatineau et l’organisme Enviro Éduc-Action, les gestionnaires du festival ont développé une stratégie pour réduire la quantité de déchets produits et le gaspillage alimentaire.

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Source : Festibière de Gatineau

Communication et éducation pour favoriser l’adoption de pratiques durables

La communication est la clé pour faire adopter des pratiques respectueuses de l’environnement, selon les conférenciers du dernier colloque annuel sur le tourisme durable du GSTC. Cela permet d’inciter les touristes à être plus respectueux des milieux culturels et naturels dans lesquels ils s’immergent, et d’inspirer l’industrie à faire de même.  

Pour les touristes…

L’éducation par le transfert de connaissances est au cœur de la stratégie adoptée par l’Islande, avec The Icelandic Pledge. Il s’agit d’un serment au ton humoristique qui se décline en huit principes essentiels. En 2016, l’Islande a aussi lancé une vidéo en ligne intitulée Iceland Academy, dans laquelle elle fait des recommandations sous forme de cours afin de mieux sensibiliser les vacanciers.

Source : Youtube, Iceland Academy

Le nudge vert consiste à jouer sur le regard des autres à l’aide de leviers décisionnels psychosociologiques, tels que les normes sociales, en utilisant la communication comme outil de transmission. Par exemple, dans un hôtel, un message stipulant que 75 % des clients de la chambre avaient réutilisé leur serviette a eu pour effet de diminuer l’utilisation de serviettes de près de 40 %.

Pour l’industrie…

Le Centre de congrès de Göteborg, en Suède, prend l’avenue éducative en accompagnant les organisateurs qui désirent réaliser un événement durable chez eux. C’est aussi le cas du Centre des congrès de Québec, qui aide les organisateurs répondant aux critères du niveau 1 de la norme 9700-253 – Gestion responsable d’événements, du Bureau de normalisation du Québec (BNQ), à réaliser des événements écoresponsables.

… et pour éviter l’écoblanchiment

 Mettre en place des pratiques durables au sein de son entreprise, c’est bien, mais communiquer son offre, c’est encore mieux. Comment faire connaître ses actions sans tomber dans l’écoblanchiment (greenwashing)?

Nicolas Cournoyer, l’un des quatre fondateurs de Piknic Électronik et d’Igloofest, mentionne qu’il est important de faire connaître ses actions écoresponsables en choisissant celles que l’on désire mettre de l’avant. Il ajoute qu’il faut adopter un discours authentique en assumant que l’organisation n’est pas parfaite, mais qu’elle prend les mesures nécessaires pour adopter des pratiques durables. Afin d’éviter de donner une fausse impression d’écoblanchiment, la transparence et la modestie sont donc les valeurs à retenir dans ses communications avec les clients.

Source : Youtube, Piknic Electronik

Le tourisme durable est en pleine croissance et son application se fait ressentir dans tous les secteurs. Dans le but de le faire rayonner à l’échelle mondiale et pour qu’il ne s’agisse plus uniquement d’une niche, mais bien d’une norme de l’industrie, les entreprises et les organisations ont tout intérêt à collaborer et à faire connaître leurs actions.

Source de l’image à la une : Roam Transit, Pexels et Pixabay