Si les employés doivent s’adapter, les gestionnaires aussi. En plus de maintenir l’engagement de leur équipe, ils devront faire preuve d’authenticité, de résilience et montrer leur vulnérabilité pour passer à travers la crise. Le retour en arrière n’est pas souhaitable.
Les gestionnaires n’ont pas la tâche facile depuis plusieurs mois. Ils deviennent les capitaines d’un navire qui vogue sur des eaux troubles et parfois inconnues. La pandémie engendre des vagues d’incertitude, de la confusion, des changements, du chaos et des transformations. L’entreprise et ses employés se tournent vers un leader qui indiquera le chemin à suivre. Mais comment maintenir le cap dans un monde complexe et complètement bouleversé ?
Les « nouvelles » qualités des gestionnaires
Le statu quo organisationnel ne tient plus. Voici trois qualités sur lesquelles un leader peut miser pour traverser cette crise en gardant la confiance et l’engagement de son équipe.
L’authenticité
Selon Catherine Tétreault-Ayotte, conseillère en ressources humaines agréée, un leader authentique agit en intégrité avec ses motivations profondes, sa vision, ses paroles, ses gestes, ses valeurs et ses intentions. En plus de se tenir debout au service de son équipe et de sa communauté, il s’engage dans la bienveillance au quotidien. Avant d’exécuter ses plans, ce type de gestionnaire prend le temps d’en parler. Comme le rappelle Éric Brunelle, professeur titulaire au Département de management de HEC Montréal, ce leader : « crée un climat de confiance en montrant qu’il est transparent et qu’il agit toujours de manière cohérente avec ses propos. Le leader authentique développe ainsi des liens sincères avec les gens et construit avec eux des relations à long terme ». Pour surmonter une crise, c’est essentiel.
La vulnérabilité
Les auteurs Amy C. Edmonson, professeur de gestion du leadership à la Harvard Business School et Tomas Chamorro-Premuzic, professeur de psychologie des affaires à l’University College de Londres et à l’Université Columbia estiment que : « les leaders les plus aptes et adaptables sont ceux qui sont conscients de leurs limites, ont l’humilité nécessaire pour développer leur propre potentiel et celui des autres, et sont assez courageux et curieux pour créer des liens sincères et ouverts avec les autres ». En nommant ce qui se passe pour vous, vous laissez tomber le voile et permettez à vos équipes de vous voir plus humain, imparfait et réel, soulignent les auteurs. Cela conduit ensuite à une plus grande fidélité et une plus grande confiance au sein du personnel, nécessaire pour affronter des moments de crise.
La résilience
Il s’agit de la capacité à faire face aux problèmes et aux revers. Les gestionnaires résilients appréhendent les échecs et les épreuves comme un tremplin pour projeter l’entreprise vers l’avant et même la réinventer. Se remettre en question et changer de direction deviennent nécessaire en cette période mouvementée. Sans tomber dans un excès de positivisme qui risque de faire croire aux recettes miracles, il s’agit de porter un nouveau regard sur les épreuves et les chocs rencontrés. Selon l’experte en stratégie et en leadership Ama Marston, c’est une occasion d’acquérir de nouvelles ressources ou connaissances et même, au besoin, d’ajuster les pratiques et les stratégies de l’entreprise. Miser sur une culture de résilience aide assurément à passer à travers cette épreuve et permettra de survivre aux prochaines.
Maintenir l’engagement du personnel dans un contexte de changement
Le gestionnaire possède un rôle déterminant afin d’assurer la productivité de son organisation. Il doit reconnaître que la situation hors de l’ordinaire nécessite qu’il ajuste ses actions et ses attentes. Le personnel est la ressource la plus précieuse en entreprise. Pour se relever de la crise, il est plus qu’essentiel de maintenir son engagement et sa motivation à flot.
Un retour en arrière est-il possible ?
Revenir totalement aux méthodes d’avant la crise risque d’affecter la confiance et de démobiliser le personnel pour la suite des choses.
La pandémie de COVID-19 a certainement accéléré des changements en matière de gestion. Plusieurs acquis ont été obtenus pendant cette période d’adaptation, comme le télétravail. Est-il possible et bénéfique pour les entreprises de les conserver ? Les conseillères en ressources humaines agréées Julie Gouin et Josiane Lévesque estiment que revenir totalement aux méthodes d’avant la crise risque d’affecter la confiance et de démobiliser le personnel pour la suite des choses. Elles proposent quelques pistes pour aider les gestionnaires.
- Établir un consensus avec les membres de l’équipe sur les besoins, les attentes et les conditions de réussite. N’hésitez pas à adapter les indicateurs de performance pour qu’ils soient le reflet de votre nouvelle réalité.
- Faire le point sur votre cheminement personnel et professionnel. Faites un peu d’introspection : ma perception sur mon rôle a-t-elle changé ? Qu’ai-je appris sur moi et sur mon équipe, etc. ?
- Aborder l’état de la relation de confiance. Pour favoriser la responsabilisation de chacun et éviter la mise en place de mesures de contrôle excessif, discuter ouvertement de confiance et d’intégrité.
Bien que la crise soit déstabilisante, il est plus qu’essentiel que les gestionnaires fassent preuve d’adaptation et d’anticipation. Comme des capitaines de navire, ils devront trouver des solutions pour garder leur entreprise et leur équipage à flot même si cela engendre des changements organisationnels. Voguer sur des eaux différentes n’est pas nécessairement négatif ; c’est une nouvelle façon de naviguer sous le soleil.
Source image à la Une : Pexels