Créer des ustensiles comestibles, favoriser le service de consignes, réutiliser ses déchets…les initiatives en économie circulaire se multiplient.
S’approvisionner de façon locale, privilégier le partage de produits, ainsi que valoriser les biens en fin de vie sont des pratiques qui aident à diminuer la quantité de ressources premières utilisées et les émissions de carbone générées. La consommation et la production responsables, qui font partie des 17 objectifs de l’ONU à atteindre d’ici 2030, sont au cœur de l’économie circulaire:
« L’économie circulaire est un système de production, d’échange et de consommation visant à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, dans une logique circulaire, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus et des collectivités ». – Pôle québécois de concertation sur l’économie circulaire
Recyc-Québec, en collaboration avec Circle Economy, un organisme dédié à la promotion internationale de l’économie circulaire, a publié le premier Rapport sur l’indice de circularité de l’économie du Québec. Ce chiffre est évalué à 3,5 % pour la Belle Province. Circle Economy souligne qu’un indice mondial de 17 % permettrait de diminuer de 39 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2032.
Qu’en est-il du tourisme ?
« Soutenir la transition vers une économie circulaire » constitue l’un des cinq axes présentés dans le Plan d’action pour un tourisme responsable et durable 2020-2025 du ministère du Tourisme du Québec.
Puisque l’économie circulaire est une chaîne d’opérations, le gestionnaire peut intervenir à un stade précis. Le tout est un projet collaboratif entre divers acteurs visant à optimiser l’utilisation d’un bien. Le dirigeant doit se demander:
- À quelle phase de cette chaîne puis-je réaliser des actions pour minimiser l’impact néfaste des activités de mon entreprise sur l’environnement ?
- Est-il possible de coopérer avec une autre organisation pour réduire les déchets engendrés autant en amont de cette chaîne (écoconception) qu’en aval (donner une deuxième vie au produit) ?
Voici quelques initiatives inspirantes se retrouvant dans les différentes étapes du cycle de vie d’un bien.
Favoriser l’approvisionnement local
Les gestionnaires de La cabane à manger, située en Bretagne, cuisinent à partir d’ingrédients disponibles dans leur région. Les algues sont récoltées tout près de leur emplacement et le poisson a été acheté au port avoisinant. L’Auberge des Glaçis, dans la région de Chaudière-Appalaches, collabore avec plus de 70 producteurs locaux pour concevoir son menu. D’autres propriétaires exploitent leur propre potager afin de s’assurer de la fraicheur des aliments. C’est d’ailleurs le cas des Jardins de Métis, dont les aliments du restaurant sont cultivés à quelques pas de la cuisine.
L’aménagement paysager du Nordik Spa de Chelsea, en Outaouais, a été réalisé à l’aide de matériaux naturels dénichés sur son terrain. L’entreprise a même planté des arbres pour compenser les quelques coupes causées par ses activités de construction. Le ravitaillement en eau des spas provient d’un aqueduc municipal. Cela permet d’éviter le transport de 70 000 litres d’eau, acheminés par quatre camions chaque jour. Finalement, la chaleur dégagée par les bassins est récupérée pour chauffer les bâtiments. Pour plus d’exemples sur l’approvisionnement responsable, consultez cette analyse.
Privilégier l’écoconception
L’entreprise québécoise Nova propose de la vaisselle compostable et des boîtes alimentaires écoresponsables à des organisations. Une grande variété de produits est offerte dont les tasses, les bols, la coutellerie et les moules à muffins.
Source : Evoware
Des emballages et des ustensiles comestibles font également leur apparition sur le marché. Afin de pallier la pollution liée aux plastiques à usage unique, la jeune pousse indonésienne Evoware a conçu une pellicule biodégradable à base d’algues pouvant se dissoudre dans l’eau ou être consommée. Cette membrane sert à contenir les aliments tels que le café soluble ou des assaisonnements, et se décliner en différentes saveurs, couleurs, et même à l’effigie d’une marque spécifique. En Europe, l’entreprise française Koovee offre des ustensiles comestibles aromatisés aux fines herbes et à la fleur d’oranger. Une belle alternative écologique qui rehausse le goût des repas.
Encourager le partage
L’initiative montréalaise La tasse permet aux clients de payer un supplément de 5 $ aux entreprises membres pour recevoir une tasse réutilisable à l’achat d’un breuvage. Le consommateur récupère son argent lorsqu’il la rapporte. On compte aujourd’hui 400 commerces participants partout au Québec. Sous ce même concept, l’organisation québécoise Retournzy développe actuellement un système de consignes pour des contenants à emporter.
Afin de favoriser l’exploration lente d’une région, certaines entreprises proposent la location de vélos. C’est ce que permet Baiecycle et Écomobilité, situées à Baie-Saint-Paul, ainsi que Champagne et Paradis à Kamouraska.
Réutiliser un produit en fin de vie
Disponible dans plusieurs pays, l’application Too Good To Go permet aux restaurateurs de vendre à moindre coût des paniers surprises composés des restants de la journée. En 2019, 10 millions de boîtes ont été affichées sur la plateforme mobile. Au Québec, dans Charlevoix, les propriétaires de la BioFerme les Caps créent de la choucroute à partir de feuilles de thé fermentées préalablement utilisées pour leur production de kombucha. La microbrasserie Tête d’Allumette, située à Saint-André-de-Kamouraska, donne ses résidus brassicoles aux agriculteurs de la région afin de nourrir leurs bovins.
À Amsterdam, les gestionnaires de l’hôtel QO s’efforcent de réduire l’impact environnemental du bâtiment. Lors de sa construction, près du tiers du béton provenait des débris de la démolition d’un édifice avoisinant. L’eau usée des douches et des lavabos est, quant à elle, réutilisée pour contrôler la température des chambres. À Percé, en Gaspésie, du plastique recyclé sera incorporé dans le bitume utilisé pour le pavage des routes ainsi que dans le mobilier urbain. Il s’agira de la première rue écoconsciente de la province en 2022.
Par où commencer ?
Que ce soit par la création de partenariats ou par l’implantation de nouvelles pratiques responsables, chaque gestionnaire touristique peut intégrer une ou plusieurs actions en économie circulaire dans ses activités d’entreprise. Il suffit d’y aller un geste à la fois.
- Est-ce que les ressources employées sont locales ?
- Est-ce que les emballages sont compostables ou réutilisables ?
- Est-ce possible de donner une deuxième vie à mes produits ?
Et vous, quelles actions pourriez-vous réaliser ?
Image à la Une : Pexels