La mobilité comme service, les bénéfices pour l’industrie touristique

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Alexandra St-Michel Alexandra St-Michel

Le MaaS propose de simplifier la gestion des transports en uniformisant les modes de paiement et en facilitant les déplacements dans les villes. Un atout pour les touristes !

Maillon essentiel de l’expérience touristique, le transport est un secteur d’activité important pour favoriser la transition durable. Le virage numérique de l’industrie et la numérisation des services liés aux différents modes de transport pourraient marquer un tournant positif dans l’expérience du voyageur. Une occasion de bonifier les services aux visiteurs d’une destination.  

Les orientations durables de l’industrie touristique du Québec impliquent une stratégie de transport concertée entre les professionnels de la mobilité et du tourisme. Faciliter la vie du voyageur par une planification simple de son transport et par des déplacements fluides sur le territoire, voilà des éléments essentiels à une expérience de voyage positive. Le MaaS propose de centraliser les informations de mobilité d’un territoire, dans un seul et même outil technologique, une opportunité de déployer une offre de services adaptée aux besoins des visiteurs. 

Le MaaS

Le MaaS désigne la mise en place d’un outil numérique dont l’objectif est de faciliter l’usage des services de mobilité d’un territoire.

Le MaaS se traduit par la « Mobilité comme service », la « Mobilité Améliorée par Association de Services » ou, en anglais, « Mobility as a Service ». Le terme désigne la mise en place d’un outil numérique dont l’objectif est de faciliter l’usage des services de mobilité d’un territoire. La stratégie vise à harmoniser les dispositifs de transports et à favoriser une mobilité variée et adaptée à tous, par exemple : le transport en commun, le vélo-partage, l’autocar, le train, la location de voitures en libre-service, etc.   

Implanté dans des pays comme la Finlande, le Japon, la Chine, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Suède, les Pays-Bas, l’Australie et la Belgique, le MaaS peut se décliner de différentes façons, selon les enjeux de mobilité des lieux. Essentiellement, la plateforme numérique, présentée à l’utilisateur sous forme d’application mobile, intègre diverses formes de services de transport accessibles aux voyageurs. Elle peut regrouper autant des moyens de transports collectifs que partagés. Il existe donc différents modèles de MaaS. Principalement, la technologie en place permet la réservation, le paiement et/ou la planification d’itinéraire dans un contexte multimodal. Dans tous les cas, la plateforme chapeaute des partenariats permettant d’offrir un éventail de services par l’intermédiaire d’une seule interface. 

 

Les partenariats, éléments essentiels du MaaS  

La force du MaaS réside dans les partenariats sous-jacents à l’outil technologique. La mobilisation des intervenants en transports est un élément central à la réussite d’une telle implantation. C’est une façon de mieux gérer les flux touristiques et de créer des opportunités pour inciter à la fréquentation des lieux moins connus. 

En France, un observatoire des MaaS permet de répertorier les initiatives à travers le pays. Résultat d’un ensemble de partenariats, le projet vise à rassembler et partager des connaissances en matière de MaaS. L’observatoire propose des démarches et publications en lien avec les défis du territoire. Il soutient tant les dispositifs déjà en place, afin de les rendre plus performants, par exemple, que les nouveaux projets. Les cas présentés sont divers et proposent de suivre l’implantation et la gestion afin d’inspirer d’autres villes à se doter de meilleurs outils pour la gestion de l’ensemble de la mobilité d’un espace donné. 

 

La transition durable 

L’application Whim illustre bien l’idée du Maas. Elle est utilisée par plusieurs villes telles que Tokyo, Vienne, Turku et Helsinki, ainsi que des pays comme la Suisse et la Belgique. La structuration de l’offre de transports par l’intermédiaire de la plateforme démontre qu’opter pour une valorisation mutuelle de la mobilité et du tourisme est un atout important pour encourager la transition durable d’une destination. Devant les objectifs ambitieux de réduction de gaz à effet de serre (GES) de certaines villes et régions, faciliter les transports en commun, la mobilité partagée et la mobilité active s’avère une solution fort pertinente. La plateforme numérique du MaaS permet de rendre les transports publics plus efficaces, plus économiques et plus accessibles. La structuration des services de mobilité dédiés aux touristes s’avère un atout pour connaître les options à faible empreintes disponibles pour un itinéraire.  

Une occasion de compiler des données utiles à la planification des transports

Plusieurs villes se sont dotées du MaaS dans le but de faciliter les déplacements certes, mais aussi de compiler de précieuses données sur les habitudes des usagers. Une occasion de mieux comprendre les mouvements urbains. Pour les gestionnaires des villes, l’outil permet d’observer de quelles façons les trajets s’exécutent sur le territoire, grâce à l’intelligence artificielle et aux données recueillies à même l’application. Ces informations s’avèrent essentielles pour brosser un meilleur portrait des usagers et mieux cerner leurs besoins. Conséquemment, il est possible de mettre en place les mobilités utiles et adaptées aux résidants et visiteurs des espaces. 

Un outil d’aide à la décision : le cas du People Moving Count de Copenhague

Le MaaS s’inscrit comme une opportunité de connaissance. Il offre des informations concrètes d’aide à la décision. Le People Moving Count calcule le nombre de personnes qui se déplacent dans un espace et par quels moyens. Ces informations donnent un aperçu de l’occupation d’un lieu selon le moment de la journée, et de son accessibilité par les différents modes de transport. Le modèle s’avère utile pour observer l’achalandage à plusieurs échelles, notamment d’un parc, d’une place publique, d’une rue, d’un arrêt de bus, d’un quartier ou d’une ville. La méthodologie peut être intégrée dans le MaaS.

La ville de Copenhague, au Danemark, applique cette méthode pour calculer les déplacements et habitudes de la population. Par exemple, un décompte des enfants et adultes cyclistes est fait de façon constante. À cela s’ajoutent des sondages qualitatifs pour obtenir l’avis de la population résidante sur les transports. Les chiffres représentent un atout pour les différents niveaux de gouvernance impliqués dans la planification des transports et la gestion des flux touristiques. 

Faciliter le choix des modes de transport en contexte touristique

Devant l’abondance de moyen de transport en milieu urbain ou pour certaines régions, le choix peut s’avérer complexe pour les touristes. L’optimisation du temps, le recours à des informations claires, la facilité d’achat des titres, la qualité de l’offre et des informations en temps réel ainsi qu’une dénomination commune de la signalétique physique et numérique sont tous des facteurs pouvant créer un écosystème rassurant pour les visiteurs. Le MaaS ne propose pas une recette applicable à toutes les destinations et requiert une réflexion sur les enjeux de mobilités des lieux. Plusieurs cas de figure inspirants peuvent aider à la mise en place d’un MaaS qui intègre le tourisme.  

Le cas de la Finlande

La Finlande est considérée comme une pionnière en matière de MaaS. Grâce à la législation du pays, les opérateurs de transport partagent les données d’achalandage des transports. Cela permet une cohésion dans l’offre de transports du territoire. La collaboration entre les parties prenantes du transport a permis de créer la plateforme Ylläs qui a évolué selon les besoins des acteurs. 

  • 2016-2017 : Ylläs Around: le projet pilote a permis d’offrir une plateforme de services de mobilité pour les stations de ski de la région de Ylläs ainsi que ses principaux hubs de transport (par exemple, l’aéroport de Kittilä et la gare de Kolari). Les coûts d’exploitation élevés ont toutefois mis un terme à la plateforme sous ce modèle. 
  • 2017 à 2019 : Ylläs Tiketti (qui signifie « billets ») : cette phase a permis d’améliorer l’expérience utilisateur et d’élargir les services touristiques. Les billets et réservations de transport ont été intégrés à l’application. De plus, l’achat de droit d’accès pour des attraits touristiques de la région a été ajouté à l’offre. 
  • 2019 à aujourd’hui : Reitit ja Liput (qui signifie « voyages et billets ») proposée par Matkahuolto fournit des informations en temps réel et des services de billetterie pour les principaux autobus de la région d’Ylläs. Cependant, Reitit ja Liput ne dispose plus des services touristiques fournis par Ylläs Tiketti.  

Les stations de ski de la région proposent toutefois l’option ski bus. L’achat permet d’avoir un billet de remontée avec le trajet d’autobus. Une option qui gagnerait à être ajoutée à la plateforme actuelle. 

Les bénéfices d’unir les efforts de l’industrie touristique et de la mobilité pour faciliter les déplacements sont nombreux. Le MaaS, s’il est réfléchi dans une vision concertée, peut offrir une expérience particulièrement intéressante pour les visiteurs. Une réflexion d’intérêt pour combler l’enjeu du « dernier kilomètre » au Québec !  

Image à la une: Pixabay