S’adapter aux changements climatiques, procurer des espaces de loisirs attractifs et embellir les milieux urbains : la nature permet tout cela !
Effets de la nature en ville
La protection et la restauration de la nature en ville s’inscrivent parmi les solutions aux impacts de la crise climatique dans les milieux urbains. Les infrastructures touristiques ont un rôle à jouer dans ces efforts de verdissement. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publiait un rapport en 2017 dans lequel il présente, notamment, les services écosystémiques (SE) – soit les avantages que les populations tirent des fonctions de ces écosystèmes – rendus par la nature en ville :
- La filtration de l’air : les végétaux captent les polluants et les particules présents dans l’air ;
- La régulation du microclimat : les plans d’eau et la végétation atténuent l’effet des îlots de chaleur ;
- La réduction du bruit : les surfaces molles (sols non imperméabilisés) et la végétation atténuent le bruit lié à la circulation ;
- Le drainage des eaux de pluie : les écosystèmes urbains permettent de retenir les précipitations et d’évacuer l’eau par évaporation et évapotranspiration ;
- Le traitement des eaux usées : les zones humides, naturelles ou artificielles, permettent d’épurer les eaux usées de façon naturelle ;
- Les valeurs culturelles et récréatives : les espaces verts améliorent de façon majeure la qualité de vie en créant des occasions de loisirs et de détente.
Verdissement et réensauvagement
Les effets positifs de la nature étant largement reconnus, les projets de verdissement se multiplient dans de nombreuses grandes et moins grandes villes. Les approches sont diverses et innovantes. Le mouvement du réensauvagement, ou rewilding, des milieux urbains se répand. Celui-ci consiste généralement en une réintroduction de la nature pour restaurer les écosystèmes et promouvoir la biodiversité.
Selon Nathalie Pettorelli, scientifique à la Zoological Society of London, le réensauvagement urbain vise à accroître la complexité écologique dans les écosystèmes urbains avec une gestion et des interventions humaines minimales ou non nécessaires à long terme. Les bénéfices potentiels comprennent une meilleure résilience aux changements climatiques, la réduction de la pollution, la restauration de la biodiversité et l’amélioration de la santé des populations.
À titre d’exemple, le Wild Mile de Chicago, un projet de reconquête d’un canal et de ses berges, a pour but de créer un nouvel environnement pour accueillir la biodiversité, et pour y pratiquer des activités récréatives et éducatives. Cette conversion d’un site industriel en parc écologique devrait, à terme, procurer de nombreux espaces pour la pratique d’activités en plein air, comme le vélo ou encore des sports nautiques, mais aussi des sites d’exposition et d’interprétation de l’environnement. La nature sauvage est une priorité dans ce projet en cours.
Évolution du rôle des parcs urbains
La planification et la gestion des parcs urbains se transforment. Selon Jonathan Cha, architecte paysagiste et Antoine Hénault, écologiste, ces parcs endossent aujourd’hui des fonctions de conservation, d’inclusion, de réconciliation, d’expérimentation, d’adaptation, d’atténuation des changements climatiques et de bien-être des communautés. Désormais, on y prévoit des paysages plus diversifiés avec des systèmes écologiques complexes et adaptatifs. Leur superficie tend aussi à croître, ce qui permet une multiplication des fonctions, selon les zones.
Des villes à l’international favorisent la création de tels parcs en s’équipant de plans de gestion de leurs espaces verts et bleus avec des cartes identifiant les zones fragiles et les mesures à prendre sur le territoire. Le Plan Biodiversité 2018-2024 pour Paris et Parks Management Plans — The Royal Parks à Londres sont de bons exemples. Ils mettent de l’avant des mesures pour assurer une complexification des paysages dans les parcs selon les principes de l’approche nature positive, soit une restauration et une régénération de la biodiversité.
C’est dans cet esprit que Parcs Canada prévoit la création d’un réseau de parcs urbains nationaux, jusqu’à six au cours des prochaines années. L’un des objectifs de l’agence fédérale est d’augmenter l’accès à la nature et de la protéger au bénéfice des populations urbaines. Dépendamment des territoires couverts, ces parcs seront gérés de façon souple, parfois en partenariat avec les communautés autochtones, et se feront la voix des histoires et des valeurs de ces peuples.
Un guide pour verdir les municipalités du Québec
Le verdissement ne se limite pas à la création de parcs. La végétalisation des installations est aussi une avenue à envisager pour multiplier les effets positifs de la nature. L’Union des municipalités du Québec (UMQ) a créé un guide pour accompagner les villes dans l’intégration d’infrastructures végétalisées. Ce coffre à outils a été conçu dans la foulée de la mise en place de la Plateforme municipale Unis pour le climat. Celle-ci suggère des pistes de solutions concrètes pour réduire l’impact des villes sur l’environnement et accroître leur résilience face aux changements climatiques. Le guide S’adapter au climat par le verdissement propose six types d’infrastructures et les illustre par des exemples d’ici. En voici un aperçu.
- Aires de biorétention : pour intercepter de grandes quantités d’eau de pluie qui ruisselle
- Ex. Gatineau : Parc du Lac-Beauchamp
- Ouvrages de stabilisation de sol et de berge : pour limiter l’érosion des sols inclinés
- Ex. Percé : Littoral de l’Anse du Sud
- Arbres : parce qu’ils constituent une composante majeure de la canopée urbaine et qu’ils prennent de la valeur avec le temps (valeur écologique, économique, esthétique, patrimoniale) en raison de leur croissance.
- Ex. Candiac : micro-forêt (aménagement sylvicole très dense d’une superficie de 400 m2) au parc Haendel
- Pavés alvéolés : pour favoriser l’infiltration des eaux pluviales dans le sol
- Ex. Lac-Mégantic : Bureau d’accueil touristique
- Toits végétalisés : pour fournir de nombreux services écologiques, notamment contrer les îlots de chaleur et améliorer la gestion des eaux pluviales.
- Ex. Laval : Parc de la Rivière-des-Mille-Îles
- Murs végétalisés : pour de multiples bénéfices comme réduire les besoins en climatisation et améliorer l’esthétisme des bâtiments
- Ex. Montréal : Square des Frères-Charon
Les espaces verts comme partie intégrante d’une ville attractive
Les villes qui se hissent au sommet des palmarès des « meilleures villes » ou de « villes les plus heureuses » ou encore les « meilleures villes à visiter » sont bien souvent celles qui disposent d’une offre intéressante en matière d’espaces verts. La place grandissante qu’ils occupent dans la qualité de vie et l’adaptation aux changements climatiques ainsi que l’apport des communautés aux projets de verdissement pourraient bien propulser encore davantage l’intérêt des visiteurs pour la nature en ville.
Image à la une : Unsplash