Collaborer pour la prospérité du milieu de la restauration

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Elisabeth Sirois Elisabeth Sirois

Cinq restaurateurs français valorisent la concurrence pour assurer la pérennité de leurs établissements respectifs 

Selon l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ), 68 restaurants ont dû mettre la clé sous la porte durant le mois de janvier 2024. À ce nombre s’ajoutent les 406 fermetures enregistrées en 2023. Les chiffres du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) affichent également une tendance préoccupante. On dénombrait en 2019 28456 permis de restauration sur le territoire. Ce chiffre est passé à 26160 en janvier 2023, traduisant une baisse de 8% du nombre de restaurants au Québec en quatre ans. Ces données incluent les établissements de restauration avec service, mais également les casse-croûte, les cantines et les cafétérias.  

Plusieurs causes sont envisageables : les impacts collatéraux de la pandémie, l’échéance des remboursements des prêts COVID en début d’année, mais aussi le contexte inflationniste actuel qui modifie les habitudes des consommateurs et complexifie l’approvisionnement des restaurateurs. Cette situation n’est pas unique à la province. Des restaurants de partout dans le monde sont forcés de fermer et même les plus grandes adresses n’y échappent pas (lire aussi : La restauration haut de gamme en voie de changement ?). À cet effet, des restaurateurs de la commune d’Ault, en France, ont trouvé une manière ingénieuse de capter l’attention des clientèles et de susciter un intérêt renouvelé pour leur table.  

Une collaboration inusitée

Depuis le 1er juin dernier, une carte de fidélité collaborative, nommée ironiquement la « carte d’infidélité », circule dans la commune française. Le concept, d’abord né à Londres en 2009, est repris par cinq restaurateurs aultois. Après un repas tamponné dans chacun des établissements partenaires, une gratuité est offerte à l’endroit choisi par le client. Par exemple, pour l’un des restaurants, il s’agit d’un dessert gratuit. L’initiative dévoile ainsi les préférences des clientèles, instaurant une saine compétition entre les différentes adresses. 

Les restaurateurs affiliés sont tous situés sur la même rue et faisaient déjà preuve de collaboration avant l’implantation du projet, soit en s’échangeant des astuces ou en troquant des produits. L’objectif est d’éventuellement inciter d’autres établissements à se joindre à eux. Avec cette initiative, ils espèrent attirer les regards et faire sourire les clientèles qui se prêteront au jeu. Les clients peuvent se procurer la carte d’infidélité dans les restaurants participants, mais également à la mairie et à l’office de tourisme de la région.  

Un impact plus grand que nature

La fermeture d’une adresse gourmande entraîne certainement des conséquences pour le personnel qui y travaille, mais aussi pour les producteurs qui s’efforcent d’offrir des produits frais et de qualité jour après jour. C’est également crève-cœur pour les résidants d’un quartier, alors dépouillés d’un lieu rassembleur où partager une bonne bouffe. La disparition d’un restaurant, qu’il soit petit ou grand, est aussi celle d’une partie du patrimoine culinaire québécois. Expérimenter, s’allier, modifier son modèle d’affaires, faire preuve de coopétition… serait-ce la clé à la prospérité des établissements de restauration d’ici ?  

Image à la une : Unsplash