Voyageurs, organisations et destinations touristiques jouent, chacun à leur manière, un rôle clé pour assurer un tourisme plus conscientisé et responsable.
La société est aujourd’hui plus informée que jamais. Avec l’étendue de ces connaissances viennent des obligations, tant pour les consommateurs que pour les organisations. Dans ce contexte, endosser des comportements ou mécanismes qui vont à l’encontre de ce qui est acceptable, d’un point de vue social comme environnemental, tend à être révolu.
La crise climatique actuelle force chaque partie prenante à accélérer la mise en place de mesures concrètes et efficaces à long terme. Les inégalités sociales et économiques placent sous les projecteurs les autres dimensions du développement durable ; jamais n’a-t-on autant parlé d’équité, de diversité et d’inclusion. Acteurs touristiques et voyageurs doivent regarder dans la même direction et prendre part à un tourisme plus conscientisé et respectueux
Des consommateurs peu actifs, mais informés
Les voyageurs québécois souhaitent voyager de façon plus responsable. Cependant, peu d’entre eux choisissent un hébergement ou un attrait en raison de leur orientation durable (22 %) ou payent pour compenser les émissions de gaz à effet de serre émises lors de leurs déplacements (10 %).
Cette situation est similaire au niveau international. Selon une étude menée par Booking, un peu plus de 70 % des voyageurs interrogés désirent faire plus d’efforts pour voyager de manière responsable en 2023. Il existe encore toutefois des écarts importants entre leurs intentions et leurs comportements. Par exemple, une minorité d’entre eux recherchent activement des hébergements durables ou des transports moins polluants lors de leur planification de voyage.
Cela dit, les clientèles qui souhaitent réellement modifier leurs habitudes pour adopter des comportements plus responsables sont de plus en plus outillées pour le faire. De nombreuses organisations facilitent les démarches des consommateurs, que ce soit à l’étape de l’inspiration, de la planification ou de la réservation. Maintenant qu’elles pavent la voie, il devient de plus en plus facile pour les clients de passer à l’action et de faire preuve de responsabilisation, même s’il reste encore beaucoup à accomplir.
Des organisations multiresponsables
Un peu plus de 90 % des entreprises touristiques québécoises qui s’intéressent au développement durable ont implanté des pratiques responsables au sein de leur organisation par conviction personnelle.
La responsabilité sociale et environnementale des entreprises est de plus en plus importante ; les gestionnaires perçoivent un intérêt clair de leur clientèle envers des produits et des services durables. Ces dernières s’attendent ainsi à ce que les organisations offrent des options durables, fassent preuve de transparence, soient inclusives, proposent une expérience candidat et employé irréprochable, tout cela, en conservant un service à la clientèle impeccable. En somme, les attentes des consommateurs n’ont jamais été aussi élevées.
En ce sens, la bienveillance, le respect et l’accueil de la différence font partie des valeurs clés véhiculées par les organisations responsables. La pénurie de main-d’œuvre incite les employeurs à adopter un style de gestion qui place l’humain au cœur des décisions. De plus, nombreuses sont les entreprises qui accordent la priorité à des campagnes marketing inclusives et qui proposent des expériences adaptées à une clientèle élargie. Pour d’autres, cela se traduit par l’adoption d’initiatives responsables au sein des opérations, à travers la sensibilisation de la clientèle ou par l’adaptation des orientations de l’organisation, par exemple.
Bien que le développement durable fasse partie intégrante des priorités opérationnelles des organisations québécoises, son intégration n’est pas encore clairement définie. Les plans d’action demeurent abstraits, voire absents. Le secteur continue ainsi de faire face à des défis de structuration importants.
La destination de l’avenir : informée, mobilisatrice et responsable
Le rôle des organisations de gestion de la destination (OGD) évolue de manière à redonner à la communauté et à l’environnement naturel, qui constitue d’ailleurs bien souvent l’une des principales motivations de voyage. Réelle plaque tournante de la connaissance, l’OGD acquiert et fait circuler l’information pertinente aux visiteurs, comme aux entreprises. Elle devient experte dans l’utilisation de données au service de la clientèle, par exemple en personnalisant des offres basées sur des profils dominants ou en suggérant des activités alternatives. Elle se sert également des données pour guider les membres vers un développement plus durable (meilleure gestion des flux touristiques, protection des milieux sensibles) et créer un réel avantage concurrentiel.
Les OGD, en plus d’assumer leur rôle marketing, assurent un développement conscient du territoire qu’elles représentent. Les fonctions de ces organisations tendent à se diversifier et le touriste n’y tient plus le premier rôle. Désormais, les enjeux de durabilité, de changements climatiques, d’inclusion ou de la place des communautés s’invitent dans les entreprises et interpellent un grand nombre d’acteurs qui gravitent autour de la sphère touristique. Les indicateurs de succès d’une destination se diversifient pour inclure ces nouveaux facteurs. Visionnaire, facilitatrice, collaboratrice, coordonnatrice ; l’OGD assume tous ces chapeaux de concert avec les acteurs publics, privés et les résidants. La flexibilité et l’innovation sont de mise. Avec ces nouveaux enjeux et responsabilités, il faut s’attendre à voir émerger de nouveaux modèles d’affaires et de financement afin que les destinations deviennent de réels catalyseurs de changements dans leur milieu.
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Images dans le texte : Pexels et Pexels
Cet article se retrouve dans le Cahier Tendances 2023 réalisé par l’équipe de la Chaire de tourisme Transat.