Julie Payeur 
Exploitation agricole, activités de bien-être et nouvelle offre d’hébergement : voilà plusieurs manières de mettre en valeur le patrimoine ancien comme moderne.
La valorisation du patrimoine agit comme un levier de développement qui vise à faire connaître et mettre en valeur l’héritage architectural, artistique et naturel d’un territoire. Des actions de diffusion et de promotion, ainsi que de l’encadrement et de l’animation, rendent les richesses patrimoniales accessibles à un large public.
Plusieurs tendances se dessinent ces dernières années. Le développement de l’expérience du visiteur à travers une offre immersive et numérique est un sujet qui suscite l’intérêt, mais d’autres éléments tendent à s’implanter dans le paysage. En voici quelques-uns.
Quand le patrimoine tourne au vert
Des sites patrimoniaux font partie d’un domaine dont certaines composantes permettent d’être exploitées à des fins agricoles. Par exemple, le Château de Cheverny, en France, propose la visite de six jardins thématiques, notamment un potager et des ruches dont le miel est vendu à la boutique du château.
D’autres sites patrimoniaux ont identifié des modes d’exploitation des ressources de leur milieu, respectueux de l’environnement et en cohérence avec leur identité. Ils se sont également appuyés sur les conseils de professionnels pour favoriser une utilisation et un développement optimal.
Le monastère royal de Santa Maria de Pedralbes à Barcelone a restauré son jardin en utilisant des techniques agricoles médiévales grâce à l’aide de spécialistes de plusieurs disciplines. Ouvert depuis 2022 au public, le potager comprend des espèces indigènes et locales qui ne sont actuellement pas cultivées au pays ou sont menacées d’extinction. La vidéo suivante explique tout le processus de création qui a duré plus de trois ans.
L’ouverture de ce nouvel espace au sein du musée et du site historique contribue à promouvoir des valeurs et des attitudes positives en matière de protection de l’environnement et de revitalisation de la culture. Il s’agit d’un projet qui propose une nouvelle interprétation de l’environnement du monastère avec un dialogue entre patrimoine historique et naturel, en créant le cadre d’une série de projets touristiques, éducatifs et sociaux dans le quartier. Ce jardin médiéval a été choisi par le European Heritage Hub comme l’une des dix meilleures pratiques européennes en matière de patrimoine culturel en 2024.
Le bien-être se crée un chemin dans l’histoire
Le bien-être s’immisce dans toutes les sphères du tourisme et les lieux patrimoniaux embrassent cette tendance. Le développement de l’offre centrée notamment sur les spas, les stages de yoga, les retraites spirituelles est un vecteur d’attractivité et un levier de recettes grâce à l’augmentation de la durée de séjour des visiteurs et de leurs dépenses moyennes selon le Global Wellness Institute. Par exemple, les Bains municipaux de Strasbourg, classés aux monuments historiques en 2017, ont été rénovés pour accueillir une offre complète liée au bien-être, spa, entraînement, yoga, espace balnéo extérieur, etc.
Le patrimoine moderne n’y échappe pas non plus et le Boca Raton Innovation Campus (BRIC) en Floride en est un exemple. L’ancien siège social d’IBM, conçu par le célèbre architecte Marcel Breuer, a été transformé en une installation à usage multiple où la santé physique et mentale, la qualité de l’eau et de l’air et l’intégration de l’art ont été priorisés. Dans le cadre du réaménagement du BRIC, 200 acres ont été alloués aux pistes cyclables et pédestres pour ses employés de bureau, ses étudiants, ses artistes et la collectivité environnante. Le site accueille également le CocoFest Wellness ; un festival communautaire de bien-être en plein air.
Un hébergement nouveau genre plus que centenaire
Des formes d’hébergement originales et insolites sont développées pour capter un jeune public et les familles via l’installation d’infrastructures au positionnement accessible et ludique de type auberges de jeunesse.
En Suisse, le Château de Berthoud, vieux de 800 ans, abrite un musée, un restaurant et une auberge de jeunesse de 115 lits, en chambre privative ou dortoir, qui propose à ses hôtes un brunch et de nombreuses activités : balade à vélo, visite de fromagerie, etc. Cette combinaison unique offre à la ville de Berthoud et à tout l’Emmental un fort attrait touristique.
Au Canada, le Musée ferroviaire de l’est de l’Ontario, lieu historique national, propose une activité de glamping où les clients peuvent réserver une nuit dans l’un des trois fourgons rétro. Cette offre insolite permet de rivaliser d’originalité pour renouveler l’offre ou pour se démarquer afin d’interpeller une clientèle qui souhaite vivre des expériences différentes.
Au-delà des nouvelles offres de services et de produits, ces tendances démontrent que les sites patrimoniaux tentent de se démarquer et répondent aux nouvelles exigences des visiteurs. Parallèlement, ils mettent en place des stratégies pour augmenter la fréquentation, rehausser les dépenses par visiteur et engendrer des revenus supplémentaires. C’est une question de pérennité et de capacité à maintenir le patrimoine debout et vivant !
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