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Analyses - 12 octobre 2004

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octobre 2004

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L’impact de la météo sur la fréquentation touristique

Il est bien connu que les aléas de la météo ont un impact significatif sur la fréquentation touristique. Au delà de l’évidence d’un tel constat, quelle est la relation entre les prévisions météorologiques, les conditions observées et les départs touristiques? Deux études apportent un éclairage sur la question. La première a analysé le phénomène en Bretagne, alors que la deuxième s’est penchée sur l’incidence de la météo sur la décision des skieurs québécois de se rendre ou non sur les pistes.

De l’intuition aux faits

Des chercheurs français ont tenté d’évaluer l’impact des conditions météorologiques sur la fréquentation touristique en Bretagne. On a d’abord mesuré l’influence que jouait la météo sur les décisions de visiter ou non la Bretagne lorsque les prévisions ou les conditions observées s’avéraient défavorables. On a estimé à 8% la perte de nuitées touristiques pour les longs séjours (5 nuits et plus) n’ayant pas fait l’objet d’une réservation préalable (graphique 1). Le taux d’annulation est similaire pour les visiteurs n’utilisant pas l’hébergement commercial (parents et amis, résidences secondaires).

Les journées pluvieuses ont incité plusieurs Français à écourter leurs vacances, ce qui a occasionné des pertes d’environ 7% de nuitées au cours des mois de juillet et août. De façon générale, la moitié de cette clientèle perdue pour la Bretagne va chercher son soleil ailleurs, alors que l’autre moitié préfère rester ou retourner à la maison. L’étude démontre également que les deux tiers des Français ne sont aucunement influencés par les prévisions météorologiques quand ils prennent la décision à la dernière minute de visiter la Bretagne.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

L’étude française a aussi voulu mesurer l’impact de l’évolution des conditions météo sur la fréquentation des attraits intérieurs. Voici les principales conclusions en termes d’évolution de l’achalandage:

  • Le passage d’une journée ensoleillée à une journée mitigée: + 13%.
  • Le passage d’une journée mitigée à une journée pluvieuse: + 25%.
  • Le passage d’une journée ensoleillée à une journée pluvieuse: + 40%.

On constate que lorsque le temps se dégrade, un nombre significatif de visiteurs en profitent pour se mettre à l’abri, préférant les attraits touristiques intérieurs aux activités de plein air.

Le sondage a été réalisé au cours des deux dernières années auprès de 500 Français ayant déjà visité la Bretagne lors des mois de juillet et août. L’étude a été menée par l’Observatoire régional de tourisme de Bretagne, en collaboration avec l’Université de Rennes 2.

Des impacts à long terme

Sur une plus longue échelle, l’étude nous apprend que l’année suivant un été où il a plu deux jours sur cinq présentait un déficit de fréquentation de la région de plus de 10%. Ce sont les intervenants oeuvrant dans le tourisme de plein air qui sont le plus à risque des contrecoups d’une saison maussade. Les pertes de nuitées observées dans de tels cas pouvaient dépasser les 40%.

La météo et le ski alpin

Les aléas de la météo ne sévissent pas qu’en été, le tourisme hivernal en subit également les conséquences. En dépit des efforts des stations de ski pour se prémunir contre ce facteur d’incertitude, en se dotant de systèmes d’enneigement efficaces, la météo demeure un facteur clé dans le désir d’aller skier. Une enquête de Descarie & complices, commandée par l’Association des stations de ski du Québec, a étudié la question.

L’imprévisible hiver québécois

Comme les prévisions météo influent directement sur la décision de partir ou non vers les pentes, les auteurs ont vérifié premièrement l’efficacité de ces prévisions. On constate qu’en hiver au Québec, les prévisions de température:

  • effectuées un jour d’avance se réalisent une fois sur deux avec un écart de + ou – deux degrés;
  • de trois jours ou plus se sont confirmées dans 33% des cas seulement;
  • de plus de trois jours comportaient, dans 9% des cas, un écart de dix degrés ou plus avec la réalité.

D’importants écarts de température entre les prévisions et la réalité entraînent des situations fâcheuses pour les stations de ski, puisque 50% des skieurs délaissent les pentes en dessous de -20 degrés.

Quant aux précipitations anticipées, l’efficacité semble encore plus hasardeuse. Pour les prévisions de quatre jours où l’on prévoyait entre 80% et 100% de précipitations, dans les faits, on en a observé dans seulement 16% des cas.

Baisse de la température… baisse des intentions

Les skieurs et planchistes accordent beaucoup d’importance aux conditions météorologiques au moment de planifier leurs sorties. La majorité d’entre eux recherchent un froid modéré, des précipitations récentes et une journée ensoleillée (graphique 2). Par ailleurs, 56% des gens interrogés affirment que le facteur vent influence leur décision d’aller skier. Mais ce sont avant tout de bonnes conditions générales de ski que les skieurs désirent (84%).

Alerte aux bulletins météo

La conjugaison de prévisions douteuses et de l’importance accordée à la météo par les skieurs occasionne un défi de taille pour les gestionnaires de stations de ski. L’information donnée par les stations de ski est considérée comme aussi importante (68%) que les bulletins météo (67%). Toutefois, lorsqu’on demande aux skieurs la source d’information qu’ils consultent, plus de 61% affirment se fier aux bulletins, alors que seulement 31% se réfèrent aux stations.

En conclusion, les auteurs de l’étude recommandent aux stations de «reprendre le contrôle des bulletins météo» afin de leur ajouter une dose de crédibilité. On remarque que certains médias aiment bien jouer la carte du sensationnel et les prévisions ne font pas exception à la règle.

Il faut faire en sorte que le skieur ait le réflexe de consulter des sources d’information fiables pour avoir l’heure juste au sujet des conditions de ski. Le site Internet www.conditionsdeneige.com de l’Association des stations de ski du Québec, qui donne un portrait quotidien des conditions de neige pour l’ensemble des stations du Québec, devrait jouer ce rôle.

Quant aux prévisions à long terme, il faudrait éduquer le touriste de manière à ce qu’elles ne constituent jamais le facteur déterminant d’une sortie touristique.

Sources:
– Quinton, Éric. «L’impact de la météo sur la fréquentation touristique en Bretagne», Espaces, no 215, mai 2004.
– Descarie & complices. Les prévisions de la météo… ou serait-ce les prédictions de la météo?, 2000.
– Descarie & complices. Freins et déclencheurs face aux sports de glisse, 2000.

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