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Analyses - 10 juin 2004

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juin 2004

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La demande pour des jets régionaux décolle, Bombardier à la traîne

Depuis fin 2001, les menaces terroristes n’ont pas affecté que le tourisme pur et dur. Indirectement, le marché de l’aéronautique en a également pris pour son rhume et les constructeurs d’avions ont vu une chute dramatique de leurs ventes. Cependant, depuis environ six mois, les carnets de commande des constructeurs de jets régionaux semblent reprendre des couleurs. Cette reprise perceptible a d’abord touché le marché américain.

Des prévisions qui s’envolent

Les derniers chiffres émanant de la US Federal Aviation Administration (FAA) prévoient que, d’ici 2006, les lignes aériennes régionales transporteront plus de 155 millions de passagers. La FAA projette une croissance annuelle moyenne de 6,3% pendant les 12 prochaines années, de sorte qu’en 2015, les avions régionaux transporteraient pas moins de 226 millions de passagers et représenteraient 21,4% de tout le trafic commercial (contre 11,9% en 2000).

Selon Sonjia Murray – consultante principale chez Simat Helliesen & Eichner, Inc. (SH&E), un bureau de consultants spécialisés dans le transport aérien – pour les quatre prochaines années, les carnets de commandes des constructeurs seront essentiellement remplis par les transporteurs à rabais (low cost) et les transporteurs régionaux.

Dans ces prévisions de marché, le constructeur brésilien Embraer estime que, dans les 20 prochaines années, la majorité de ses ventes se feront dans la catégorie des 90 à 120 sièges.

Concrètement, aux États-Unis, le premier trimestre de 2004 a vu une augmentation notoire de son trafic de 36,6%, par rapport à la même période en 2003. Déjà, les grandes lignes aériennes commencent à transférer une partie de leurs itinéraires nationaux secondaires aux jets de moins de 100 places, plus faciles à remplir, à utiliser et donc plus rentables.

Les jets régionaux remplaceront d’abord les avions plus vieux. Selon Embraer, c’est en Amérique latine et en Chine que cette croissance sera la plus significative. Au Moyen-Orient aussi, la tendance s’affirme. L’avion d’affaires y prend une autre dimension, son propriétaire se déplaçant rarement avec moins de quarante personnes!

Le transport aérien régional devient donc le prolongement indispensable des grandes lignes pour le désenclavement des villes moyennes.

Bombardier à la traîne

Et pourtant, le constructeur canadien Bombardier a décidé de réduire les cadences de montage de ses jets régionaux de 50 places, faute de commandes, décision qui a bien entendu entraîné la mise à pied de 500 personnes en mai dernier.

À cette date, le carnet de commandes de Bombardier affiche 273 avions (contre 426 pour son concurrent Embraer, qui s’attend à construire plus de 8400 jets régionaux de 30 à 120 places d’ici 2023).

Les compagnies aériennes clientes de ce type d’appareil semblent délaisser le jet à 50 places pour un avion plus grand, à 100 places. Dans ce créneau, Bombardier affiche un retard par rapport à la concurrence. Si Embraer vend déjà ce type d’appareil régional, Bombardier, lui, se pose encore la question sur la pertinence de sa construction.

Si jamais le constructeur canadien prend la décision d’opter pour ce créneau, il faudra attendre au minimum un an pour voir le premier appareil dans les airs; il s’agit donc de savoir si ce marché ne sera alors pas saturé, au vu du nombre de joueurs qui auront déjà, eux, un pied dans le carré de sable. En effet, outre les Européens et les Brésiliens, on note l’arrivée imminente sur le marché des Chinois (Hafei) et des Russes (Sukhoi Civil Aircraft).

Sukhoi Civil Aircraft développe actuellement, en collaboration avec IBM et Dassault Systèmes, six versions de son avion régional RRJ (Russian Regional Jet) avec des capacités de 60, 75 et 95 passagers, pour des trajets de courte à moyenne distances. La mise en service des 800 avions prévus s’étalera entre 2007 et 2020.

Mise à jour: en ce jeudi 10 juin 2004, nous apprenons que Bombardier projette de construire un nouvel avion de 110 à 115 places. Ce n’est qu’en février 2005 qu’il sera présenté au conseil d’administration pour approbation. Le programme va cependant bon train: 150 personnes y travaillent déjà, un chiffre qui devrait doubler d’ici la fin de l’année.

Selon Bombardier, le marché visé avec ce nouvel appareil représenterait 250 milliards $US.

Pour ce faire, Bombardier a demandé aux trois grands manufacturiers de moteurs, Pratt & Whitney Canada, Rolls-Royce et GE (General Electric) de travailler à la conception d’un moteur de nouvelle génération, moins vorace en carburant.

La mise au point du nouvel appareil devrait coûter entre 1,5 et 2 milliards $CA. Bombardier aimerait que cet investissement soit assumé à parts égales par elle-même, ses partenaires et les gouvernements.

Françoise Mommens

Sources:
– Vigoureux, Thierry. “L’industrie du jet privé redécolle aux États-Unis”, Le Figaro, no 18599, 25 mai 2004, p. 5.
– La Tribune. “Ballon d’oxygène pour les jets régionaux”, 12 juin 2003.
– Aviation Today. “As Majors Falter, Regionals continue to prosper”, vol. 22, no 19, 10 mai 2004.
– Aviation Today. “Regional Jets to dominate Aircraft Sales next 2 Years”, vol. 22, no 19, 10 mai 2004.
– Boeing. “Current Market Outlook 2003”, Boeing Commercial Airplanes, juin 2003.
– Tison, Marie. “L’homme qui affronte Embraer”, La Presse, 10 juin 2004.

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