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Analyses - 25 octobre 2004

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octobre 2004

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La TOHU: projet environnemental, engagement social ou site touristique?

Mot d’origine hébraïque, TOHU (issu de tohu-wa-bohu) signifie «le chaos avant la création». Il évoque «le bouillonnement des idées et des gestes, le désordre précurseur du renouveau ou encore le tumulte de la grande ville». La TOHU, c’est aussi un projet québécois de site touristique sur fond de valeurs environnementales et communautaires. Novateur et structurant, celui-ci se présente comme un véritable exemple de société, une formidable leçon de vie qui a le mérite d’être relevée.

La TOHU, la Cité des arts du cirque est un organisme à but non lucratif créé en 1999 par le Cirque du Soleil, l’École nationale de cirque et En Piste (le regroupement national des artistes et des professionnels en arts du cirque).

Situé à Montréal, dans le quartier Saint-Michel, il émerge de l’ancien site de la carrière Miron, le deuxième plus grand site d’enfouissement urbain en Amérique du Nord (lieu symbolique, s’il en est, pour les gens du voyage souvent accueillis sur les terrains vagues proches des dépotoirs).

Projet de longue haleine, puisque étalé sur vingt ans, sa mission se décompose en trois volets distincts: touristique, environnemental et communautaire.

Un site touristique

Avec la TOHU, les initiateurs souhaitent faire de Montréal l’une des capitales internationales des arts du cirque.

Le bâtiment de la TOHU abrite actuellement:

  • la première salle de spectacle circulaire au Canada, servant à la fois pour des spectacles (activités culturelles et environnementales), des cinéconférences, ainsi que des réunions ou événements corporatifs;
  • une exposition permanente (Terra cirqua), regroupant près de mille objets reliés à l’histoire du cirque à travers le monde, dont 150 sont exposés dans les coulisses;
  • le pavillon d’accueil du Complexe environnemental de Saint-Michel (CESM).

À ce jour, des investissements publics et privés de 73 millions $ appuient le projet. La TOHU côtoie, sur le site, le siège social montréalais du Cirque du Soleil, les locaux de l’École nationale de cirque, l’atelier des costumes, ainsi que le centre d’hébergement des artistes.

Il est prévu que le projet devienne, dans quelques années, une base de plein air «nouveau genre» pour la famille et les amateurs de sorties éducatives.

Une conscience environnementale

À lui seul, le bâtiment vaut le détour. Cet édifice, véritable exemple d’architecture verte, constitue un exemple inégalé de développement durable. En effet, le pavillon se situe juste à côté de Gazmont, une entreprise qui transforme en électricité les biogaz issus du site d’enfouissement.

La combustion des biogaz fait bouillir de l’eau. La vapeur produite fait à son tour tourner une turbine, créant de l’électricité. Une fois cette électricité produite, la vapeur induite est refroidie et une partie de l’eau chaude produite au cours de ce processus est acheminée vers le pavillon de la TOHU et circule à travers un réseau de conduits intégrés au plancher du bâtiment.

Pour réguler la température intérieure du pavillon durant la saison estivale, la TOHU a recours à la géothermie passive et à un bac à glace, que les visiteurs peuvent d’ailleurs observer à travers une section vitrée du plancher du hall d’accueil.

La ventilation naturelle/hybride consomme 70% moins d’énergie que les systèmes de ventilation traditionnels. Ce concept utilise l’effet de cheminée de la salle de spectacle pour diffuser l’air.

Un bassin naturalisé, longeant le bloc administratif du bâtiment, recueille et retient les eaux de pluie, permettant ainsi leur écoulement graduel vers les canalisations d’eau de pluie de la Ville de Montréal.

La décoration intérieure est constituée de matériaux de récupération. Dans le grand escalier, des panneaux recyclés des autos tamponneuses de La Ronde (parc d’attractions) servent de rampe et d’anciennes poutres provenant des usines Angus ont été intégrées à la structure du pavillon.

Enfin, peu à peu, suivant le développement du projet, le bâtiment sera entouré d’un immense parc urbain, construit sur les vestiges de la décharge. D’une grandeur totale de 192 hectares, il comprendra:

  • des sentiers pédestres;
  • des aires de promenade, véritable «galerie d’art environnemental»;
  • des jardins thématiques (le jardin du cerf-volant, etc.);
  • un lac artificiel;
  • un amphithéâtre naturel;
  • une piste cyclable, qui sillonne déjà le pourtour du site;
  • un potager, où sont maintenant cultivées plusieurs variétés de fruits et légumes destinées aux cuisines de l’École de cirque;
  • des marais filtrants, etc.

Implication sociale

Sur le plan social et communautaire, la TOHU souhaite contribuer à la revitalisation du quartier Saint-Michel, au travers:

  • des ressources humaines, puisque tous les employés du site résident dans le quartier. C’est une condition sine qua non à leur embauche;
  • de partenariats avec des entreprises d’insertion (comme CoopérAtout, Production Jeunesse) pour la formation des jeunes de la rue et des sans-emploi;
  • de la revitalisation (nouvel esthétisme) des artères environnantes (comme la rue Jarry);
  • de projets communautaires internationaux, etc.

De plus, la TOHU se veut le catalyseur de l’installation dans le quartier de commerces équitables, de logements coopératifs, etc., dans un des quartiers les plus défavorisés de la ville (l’arrondissement détient le triste record du plus faible taux de scolarité et de la plus forte concentration de population multiculturelle de l’île, soit 65%).

Bref, à l’heure actuelle, il n’existe assurément aucun projet comparable au pays. «La Tohu est un lieu de création extrêmement original alliant culture, cirque et environnement. Cette réalisation représente déjà une vitrine exceptionnelle pour Montréal et favorisera le rayonnement international de notre métropole», affirme Pierre Bellerose, vice-président Recherche et développement à Tourisme Montréal.

La TOHU est financée par le ministère de la Culture et des Communications, la Ville de Montréal, ainsi que par SSQ Groupe financier, principal partenaire privé.

Voir aussi

Le tourisme d’apprentissage fait ses classes dans une multitude de domaines
La TOHU

Sources:
– Tremblay, Mylène. «TOHU. Un modèle à suivre – Revitalisation de l’arrondissement Saint-Michel», Le Devoir, 16 octobre 2004.
– Joanny-Furtin, Michel. «Les coulisses de la Tohu », Transcontinental – Montréal Est, 26 septembre 2004.

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