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Analyses - 1 octobre 2008

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octobre 2008

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Qui est prêt à parcourir de longues distances en voyage?

Au Québec, les longs trajets à parcourir, on connaît. La notion de distance est souvent perçue négativement parce qu’elle implique un coût physique, temporel et financier. La sensibilité à la distance varie selon les caractéristiques des voyageurs. Un chercheur espagnol s’est penché sur cette question. Voici les principales conclusions de son étude.

En cette époque où le temps est si précieux, celui qui est «non productif» peut représenter une perte. Pourtant, le trajet à parcourir pour se rendre à destination fait partie intégrante de l’expérience de voyage. Lorsqu’il est considéré comme tel et qu’il permet, par exemple, la contemplation d’un beau paysage, le trajet à parcourir peut même devenir un attribut de la destination. Ce temps de déplacement est perçu de façon positive par un certain nombre de voyageurs, selon leurs caractéristiques, leurs motivations ou encore leurs comportements de voyage.

Mentionnons que l’étude dont il est question ici a été réalisée auprès de voyageurs espagnols à l’occasion de voyages nationaux. La notion de distance est donc cernée par les limites du pays. La sensibilité à la distance pourrait être différente dans le cas de voyages internationaux. Soulignons aussi que le chercheur a choisi de mesurer la distance en temps de déplacement. Bien qu’il s’agisse d’une population et d’un territoire particuliers, le rapport à la distance pourrait avoir certaines similitudes avec d’autres populations occidentales, comme les Canadiens ou les Québécois.

En bref, l’étude démontre que les voyageurs ayant une plus grande propension à effectuer de longs trajets sont ceux qui:

  • gagnent des revenus supérieurs à 600 euros par mois, mais inférieurs à 4500 euros par mois;
  • habitent les grandes villes;
  • démontrent un intérêt pour découvrir de nouveaux endroits;
  • recherchent un climat bien particulier;
  • sont curieux;
  • visitent des parents ou des amis.

Ceux qui, au contraire, se montrent plus réticents à parcourir de longues distances sont les voyageurs qui :

  • sont accompagnés d’enfants de moins de 16 ans;
  • cherchent d’abord à relaxer lors de leur voyage.

Les paragraphes suivants présentent plus en détail les profils des voyageurs versus leur sensibilité à la distance.

Les caractéristiques sociodémographiques

Le revenu
Le niveau de revenus exerce une influence sur la distance à parcourir lors d’un voyage.   D’abord, le chercheur a établi cinq niveaux de revenus:

  1. jusqu’à 600 euros par mois
  2. entre 600 et 1200 euros par mois
  3. entre 1200 et 2400 euros par mois
  4. entre 2400 et 4500 euros par mois
  5. plus de 4500 euros par mois

Ce sont les niveaux 2, 3 et 4 qui présentent la plus faible sensibilité à la distance. On estime donc que ceux qui bénéficient de revenus supérieurs au niveau 1 sont plus enclins à franchir de longues distances, puisqu’ils sont en mesure de débourser plus d’argent pour se rendre à destination que les voyageurs du niveau 1. Mais les résultats démontrent un point de saturation. À partir d’un certain niveau de revenus (plus de 4500 euros par mois), la prédisposition à effectuer de longs trajets (en matière de temps) cesse d’augmenter.

Le nombre d’enfants
La taille du ménage a généralement un impact sur la destination des vacances. Et comme le démontrent les résultats de l’étude, le nombre d’enfants de moins de 16 ans qui font partie du voyage représente une restriction quant à la distance à parcourir. En effet, plus il y a d’enfants, plus la liberté de déplacement est limitée. Les vacances avec des enfants tendent davantage à se dérouler dans des destinations de proximité.

La taille de la ville de résidence
La taille de la ville de résidence influence positivement et de façon considérable la sensibilité à la distance. Le besoin de fuir la ville pour les vacances, de parcourir une certaine distance afin de changer d’air explique probablement cette relation. Les citadins des grandes villes sont ainsi plus enclins que les autres à effectuer de longs trajets.

L’âge
Il ne semble pas y avoir de lien entre l’âge et la sensibilité à la distance, du moins pas de façon importante. Les motivations des voyageurs exercent une plus grande influence sur la distance à parcourir pour atteindre la destination que ne le fait l’âge.

Les motivations de voyage

Les voyageurs peuvent être prêts à parcourir une certaine distance pour atteindre leurs objectifs. Pour relaxer, il n’y a pas de relation significative avec la distance à parcourir. L’auteur prétend que les gens préfèrent ne pas investir trop de temps de déplacement lorsqu’ils cherchent surtout à relaxer alors que le voyageur à la recherche d’un climat précis est prêt à parcourir la distance nécessaire pour l’atteindre. De plus, le voyageur curieux sera plus enclin à parcourir de longues distances pour satisfaire sa soif d’apprendre. Le touriste qui rend visite à des parents et des amis est aussi prédisposé à effectuer un long trajet, puisque la motivation première consiste à retrouver des gens et des lieux familiers ou empreints de souvenirs. Le motif a alors le dessus sur la distance.

L’organisation et les comportements

Recours à un intermédiaire
Souvent, les voyageurs sont portés à passer par un intermédiaire pour l’achat de produits complexes ou qui comptent plusieurs produits. Les voyages à destination éloignée inciteraient aussi les gens à recourir à des intermédiaires.

Mode de transport
Pour économiser, une famille choisira la voiture comme moyen de transport plutôt que l’avion. La sensibilité à la distance dépend également du mode de transport. Dans le cas de l’Espagne, c’est le train qui semble associé favorablement aux longues distances. Ce mode de transport occasionne un plus faible coût physique que la voiture, puisque aucun individu du ménage ne doit conduire, un coût temporel plus élevé que l’avion, mais à moindre coût financier.

Intérêt du voyageur à découvrir de nouveaux endroits (Ulysse’s factor)
Le facteur «Ulysse» par lequel les gens ressentent le besoin d’explorer et de découvrir de nouveaux endroits les emmène souvent à parcourir de longues distances. La recherche de nouveauté diminue la résistance aux longues distances.

En attendant une prochaine édition du Globe-Veilleur qui présentera le profil des voyageurs québécois au Québec selon la distance parcourue, on peut s’inspirer de ces résultats pour tenter de mieux cerner la relation qu’entretiennent les voyageurs avec les distances. L’offre touristique éloignée des grands centres saurait tirer profit de ces informations en misant davantage sur ces segments dans ses stratégies marketing.

Source:
Nicolau, Juan L. «Characterizing Tourist Sensitivity to Distance», Journal of Travel Research, août 2008.

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