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Analyses - 23 janvier 2006

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janvier 2006

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Le financement socialement responsable, une avenue à explorer

Avec le vent de responsabilisation et d’éthique qui souffle sur les collectivités, le financement socialement responsable connaît une progression importante. Au-delà des fonds ou des placements éthiques, de la finance solidaire, de l’investissement communautaire, du capital de développement…, il faut retenir qu’il existe plusieurs outils collectifs de financement qui s’offrent à l’industrie touristique pour du développement régional, que ceux-ci sont en croissance, qu’ils privilégient une démarche de développement durable, qu’ils servent à une meilleure intégration du projet dans son milieu et qu’ils exercent un effet de levier.

Le financement socialement responsable en forte progression

Depuis plusieurs années, les gens dénoncent les entreprises qui ne sont pas socialement responsables: dégradation de l’environnement, corruption, conditions de travail misérables, exploitation des enfants, etc. Ainsi, parallèlement à ses obligations de rendement financier de plus en plus pressantes, la compagnie devient redevable de la répercussion de ses activités sur la société et sur l’environnement. Pionnière dans le domaine, la France a légiféré afin que les entreprises cotées en bourse rendent des comptes sur ces conséquences.

Dans cet esprit, on observe une forte progression dans l’investissement socialement responsable, lequel consiste à sélectionner et à gérer les investissements selon des critères sociaux et environnementaux. Une proportion de 84% des investisseurs canadiens pense que les milieux financiers devraient accorder plus d’attention aux questions sociales et environnementales dans leur évaluation des entreprises (étude de GlobeScan Inc. en 2003).

Selon l’Association pour l’investissement responsable (AIR), le total des avoirs gérés au Canada selon les principes de l’investissement responsable s’élevait à 65,5 milliards de dollars en 2004, ce qui constitue une augmentation de 31% comparativement à 2002. Aux États-Unis, le Social Investment Forum Foundation rapportait que ces investissements avaient plus que triplé de 1995 à 2005, passant de 639 milliards à 2,3 billions USD.

Le Québec joue un rôle prépondérant dans ce domaine au Canada avec, à l’origine, le Mouvement Desjardins. Lui ont emboîté le pas le Fonds de solidarité, Fondaction, les sociétés locales d’investissement dans le développement de l’emploi (SOLIDE), les centres locaux de développement, les fonds d’investissement régional et les fonds de prêt communautaire.

Le financement solidaire, avant tout un soutien de proximité aux exclus des financements classiques

Le financement solidaire constitue un volet du financement socialement responsable. Il a pris un réel envol dans les années 1970 et poursuit aujourd’hui son essor en raison des besoins de financement croissants des entreprises et de la prise de conscience du rôle social et de la responsabilité collective du citoyen.

Gouverné par les acteurs locaux, ce type de financement s’adresse aux exclus des financements traditionnels. Voici les principes qui sous-tendent la finance solidaire:

  • participer collectivement au développement économique d’une région rurale;
  • créer ou préserver des emplois;
  • encourager la pratique de développement durable;
  • valoriser l’environnement et la culture locale;
  • favoriser un projet collectif ou l’implication sociale;
  • servir de levier pour obtenir un financement par des voies plus classiques.

L’investisseur dans les fonds de finance solidaire privilégie l’utilité sociale plutôt que les hauts rendements financiers. Il n’investit pas uniquement en fonction de principes financiers, mais recherche davantage l’équilibre entre les facteurs humain et économique, de même que les critères d’éthique.

La finance solidaire se veut un instrument financier de proximité. Cette notion de proximité est importante car elle suscite la motivation des investisseurs. En effet, cette forme d’investissement rapproche l’emprunteur du prêteur et ce dernier peut mieux mesurer l’impact de son placement. Cette forme d’engagement s’inscrit dans la foulée de la consommation équitable, du bénévolat, du don, etc. En s’adressant particulièrement aux projets collectifs qui sont généralement étroitement intégrés à leur milieu, elle permet de favoriser la pérennité des projets.

Premier instrument financier destiné uniquement à la finance solidaire, le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ) comporte un volet lié au développement touristique. Fleuron québécois, la Caisse d’économie solidaire Desjardins constitue un incontournable dans ce type de financement avec 10 000 membres (individuels, coop, organismes à but non lucratif, etc.). L’Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale (ARUC-ÉS) souligne que la particularité, et par conséquent la force de la finance solidaire au Québec, est le réseautage entre les partenaires pour une concertation et une complémentarité des actions.

À titre d’exemple, la Corporation du Parc du Cap Jaseux de Saint-Fulgence est devenue la Coopérative de Solidarité du Cap Jaseux. Cette dernière, en partenariat avec Parcours Aventures inc. et D’Arbre en Arbre Canada inc., a formé le Parc Aventures Cap Jaseux et ces trois organismes exploitent maintenant le site conjointement.

De quoi s’y perdre… mais aussi de quoi réfléchir!

Trop souvent, les médias regroupent toutes les pratiques sous l’étiquette «fonds éthiques». Même s’il convient de départager les différents types de financement socialement responsable, seuls les spécialistes qui sont tombés dans la potion magique savent s’y reconnaître. Par exemple, la typologie se scinde en deux grands types de pratiques, soit les placements et les investissements responsables. Les investissements regroupent la finance solidaire et le capital de développement, lesquels se subdivisent ainsi:

  • microfinance (19 fonds)*
  • capital de risque et prêts dédiés aux OBNL et aux coopératives (106 fonds)*
  • capital et prêts pour le logement communautaire et social (4 fonds)*
  • autres formes d’investissement communautaire (7 fonds)*
  • capital de risque pour le développement local (PME) (111 fonds)*
  • capital de risque pour l’emploi et la participation des travailleurs
  • capital de risque pour le développement régional
  • capital de risque pour l’environnement

    *nombre de fonds répertoriés en 2004

Lors d’une rencontre portant sur le tourisme et la finance solidaire, tenue en décembre dernier, Christian Mantei, directeur général d’ODIT (Observation, Développement et Ingénierie touristique) France, soulignait qu’une économie touristique qui fonctionne est une économie ancrée dans son territoire. Le promoteur doit rechercher la meilleure intégration possible de son projet au territoire et à la population. La réussite d’un projet assure un équilibre entre développement durable et efficacité économique des activités projetées. Et cette efficacité se concrétise lorsqu’une entreprise peut se nourrir de l’activité d’une autre entreprise: un musée d’un hôtel, un restaurant d’un circuit de randonnée, etc.

Merci à M. Gilles L. Bourque, économiste au Fondaction (CSN).

Sources:
– Association pour l’investissement responsable. «Revue 2004 de l’investissement responsable au Canada», avril 2005.
– Confédération des syndicats nationaux et autres. «Mémoire présenté à la Commission des finances publiques sur la responsabilité sociale des entreprises et l’investissement responsable», septembre 2002.
– Observation, développement et ingénierie touristique – ODIT France. «Quand le tourisme français s’intéresse à la finance solidaire», Communiqué, [www.odit-france.fr], 17 novembre 2005.
– ODIT France. «La finance solidaire: un instrument financier de proximité», Communiqué, [www.odit-france.fr], 18 novembre 2005.
– Social Investment Forum. «2005 Report on Socially Responsible Investing Trends in the United States – 10-Year Review», 24 janvier 2006.
– Social Investment Organization. «Améliorer la transparence, la responsabilité et la viabilité», août 2002.

  • economiesocialeecosol

    Bonjour,

    Je vous remercie de cet article qui est plein de sens.

    Si j’avais un commentaire à émettre sur l’article ce serait le suivant:

    Vous auriez du peut être inclure toutes les étapes et les documents qu’il faut compiler ou traverser avant de pourvoir obtenir de l’aide.

    En effet, personne n’est stupide au point de prêter à un tiers sans aucune assurance de retour.

    Le mouvement Écosol apporte d’ailleurs quelques solutions informatique à cela. Je pense notamment au Plan de capitalisation et au Tableau de Bord qui permettent aux entreprises de l’économie sociale de suivre et prévoir le déroulement de leurs stratégies.

    Enfin bref, c’était juste la petite note que je voulais ajouter.

    Merci beaucoup pour cet article.

    Laurent Bounin

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