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Analyses - 25 septembre 2007

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septembre 2007

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Le tourisme actuel est-t-il une espèce en voie de disparition?

L’industrie touristique obtient bien mauvaise presse. Au banc des accusés d’une multitude de problèmes environnementaux et sociaux, le tourisme semble parvenu à un point tournant, partagé entre développement durable, croissance et impératifs économiques. Voici un état des lieux qui incite à prendre action, à virer au vert rapidement et à redorer le blason du tourisme. L’Organisation mondiale du tourisme souligne, à ce titre, qu’il est désormais temps de joindre le geste à la parole, ce qui nous amène à nous demander de quoi sera fait le tourisme de demain. La discussion est ouverte!

«Les vacances salissent. Dégradent. Perturbent.»

Les journalistes Marion Festraëts et Julien Le Bot brossent un bien sombre portrait du tourisme dans un article intitulé «La planète malade du tourisme», publié dans LExpress.fr. En voici quelques grandes lignes.

Près de un milliard de gens se déplacent annuellement et sont responsables d’émissions globales de gaz à effet de serre (GES), pollution qui n’épargne aucun recoin de la planète, des déserts à la banquise, des fosses marines aux plus hauts sommets.

Au banc des accusés, tant le tourisme de masse que d’aventure extrême au bout du monde (près de 30 000 visiteurs par an en Antarctique), lesquels font souvent rimer excursion et dégradation quand ils ne signent pas carrément l’arrêt de mort des lieux qu’ils prétendent faire admirer. Les déchets s’accumulent. Les espèces locales disparaissent ou sont concurrencées par l’introduction anarchique d’espèces exogènes. S’ajoutent la pollution visuelle sur certains sites et le mépris manifesté à l’égard des cultures locales.

Le problème majeur, l’eau! Qu’elle soit polluée, qu’elle fasse défaut ou que les eaux usées s’écoulent de n’importe quelle manière. Le touriste est un grand consommateur d’eau. Il en est de même des golfs et des piscines qui surgissent des sols. Il y a une mer de détritus (canettes, sacs en plastique, ballons crevés…) qui voguent au fil de l’eau, jetés du pont d’un bateau, du quai d’un port ou abandonnés sur une plage. Le ratissage des plages pour obtenir un sable parfait perturbe les écosystèmes du littoral, quand ce ne sont pas les vagues qui finissent par les emporter.

Dix-neuf îles Galapagos (Équateur) viennent de quitter la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO pour allonger celle, plus triste, des sites menacés. Les animaux, dérangés, changent de comportement et tout l’équilibre écologique est en danger. L’instauration d’une écotaxe dans un archipel du Brésil n’a pas réussi à faire diminuer le nombre de vacanciers, résultant en de graves conséquences pour l’environnement, et les autorités locales ont décidé de limiter le nombre de personnes autorisées à y séjourner. La Machu Picchu (Pérou) pourrait bien intégrer, elle aussi, l’inventaire des chefs-d’oeuvre en péril, surtout depuis son récent classement parmi les sept nouvelles merveilles du monde par une fondation suisse.

On abat une partie de la forêt tropicale pour faire place à des routes, des hôtels, des boutiques, et cette déforestation entraîne l’érosion des sols et provoque des glissements de terrain.

Les «safaris cétacés» se multiplient en Méditerranée, pourtant on veut éviter de voir le comportement des mammifères marins se «détraquer», comme dans l’embouchure du Saint-Laurent où le bruit incessant des moteurs de navires contraint ces derniers à chanter de plus en plus fort pour communiquer.

Les cimes ne sont pas épargnées et l’Everest, déjà strictement réglementé, est devenu la plus haute décharge du monde. Les environnementalistes réclament qu’on en ferme l’accès. Un maire de la région de la Haute-Savoie souhaite l’instauration d’un permis pour l’ascension du mont Blanc en raison du passage d’un trop grand nombre de personnes.

S’ajoutent les souvenirs «défendus» et les végétaux rapportés dans les valises qui contribueraient à la dégradation de l’environnement.

Et ce n’est pas terminé car, en 2020, on estime que 1,6 milliard de touristes arpenteront la planète.

Alarmistes ou réalistes?

Les journalistes se posent la question: «Faut-il, alors, se priver de vacances pour épargner la planète?» Ils y répondent par un «Pas forcément» et citent certaines initiatives de développement durable: regroupement d’une quinzaine de professionnels français au sein d’une association Agir pour un tourisme responsable, mise à niveau des bâtiments aux normes environnementales, sensibilisation des clients, incitation des voyageurs à compenser les gaz à effet de serre émis lors de leurs déplacements, etc. Ils soulignent que les professionnels du voyage commencent à prendre conscience de la fragilité de leur outil de travail et multiplient les propositions en vue de développer une autre idée du voyage. Du côté des voyageurs, une sensibilisation se développe.

Et vous? Afin de joindre le geste à la parole, quelles pistes d’actions suggérez-vous?

On peut tout de même se demander: «De quoi sera fait le tourisme en 2020?»

Les avancées technologiques se succédant à un rythme effarant…
Assisterons-nous à l’avènement du Web 10.0? Les complexes hôteliers seront-ils de véritables «usines», modèles écologiques de compostage, de récupération de l’eau de pluie, de traitement des eaux usées, etc.? Les avions bruyants, énergivores et pollueurs seront-ils interdits de vol? L’avenir est-il aux gros-porteurs comme le A380 qui permettent de transporter un grand nombre de personnes?

Gestion de la capacité de charge des sites, écotaxe et limite des accès étant déjà à l’ordre du jour…
Y aura-t-il de plus en plus de reproductions de sites célèbres comme c’est le cas actuellement des grottes de Lascaux? L’accès aux sites renommés mais fragiles sera-t-il contingenté et faudra-t-il réserver des années à l’avance pour les visiter, et ce, à prix fort?

Après le 11 septembre 2001, le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) et bien d’autres…
Des catastrophes d’ordre climatique, sanitaire, politique ou terroriste viendront-elles régulièrement assombrir notre industrie et réussiront-elles à créer un grand climat d’insécurité?

Destinations et produits étant déjà confrontés à une vive concurrence…
De quelle façon les destinations arriveront-elles à tirer leur épingle du jeu? Surenchère, démesure, originalité seront-elles l’avenir pour se démarquer? Le tourisme de masse cédera-t-il le pas au tourisme de niche pour satisfaire le fanatique du golf, l’amateur d’ornithologie, l’amoureux du grand art, le dingue du vélo, le voyageur en quête de spiritualité, de sensations fortes, de farniente?

La sensibilisation croissante des gens à l’égard de l’environnement étant indéniable…
De quelle façon, cela se traduira-t-il dans le comportement du voyageur? Le boycott de l’avion par souci environnemental restera-t-il un phénomène marginal ou prendra-t-il de l’ampleur? Le poids des lobbys environnementaux changera-t-il le cours des choses (ex. bloquer le projet d’expansion d’un aéroport)? Existera-t-il des labels gouvernementaux ou même internationaux certifiant le comportement responsable d’une entreprise?

Selon vous, de quoi sera fait le tourisme en 2020? La discussion est ouverte! Entrez dans l’ère du Web 2.0 et réagissez en utilisant la fonctionnalité «Commentaires» de notre site.

Source:
– Festraëts, Marion et Julien Le Bot. «La planète malade du tourisme», LEXPRESS.fr, [www.lexpress.fr/mag/sports/dossier/tourisme/dossier.asp], 26 juillet 2007.

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