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Analyses - 30 novembre 2007

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novembre 2007

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L’appellation «parc national» a-t-elle un impact sur la fréquentation?

Québec prévoit créer 11 nouveaux parcs nationaux, dont neuf au nord du 50e parallèle. Ces futurs parcs couvrent une superficie de plus de 40 000 kilomètres carrés. Ils offrent une nature vierge, des paysages spectaculaires et la possibilité, dans certains cas, d’entrer en contact avec des communautés autochtones qui pratiquent un mode de vie traditionnel. Mais jusqu’où la désignation «parc national» favorisera-t-elle la fréquentation des lieux? Une étude européenne se penche sur un cas en Suède.

Appellation «parc national»: qu’est-ce que ça implique?

Lorsqu’un territoire prend l’appellation de «parc national» au Québec, comme ailleurs dans le monde, il doit répondre à deux objectifs:

  • la protection permanente de milieux naturels;
  • l’accessibilité du public à des fins éducatives et de pratique d’activités compatibles avec la mission.

Cette mission consiste en «la protection permanente et la mise en valeur de milieux naturels représentatifs de l’une ou l’autre des 43 régions naturelles du Québec ou de lieux qui possèdent des caractéristiques naturelles exceptionnelles.»

Sur le plan touristique, les parcs nationaux représentent d’incontestables joyaux pour la pratique d’activités de plein air ainsi que pour l’économie des régions d’accueil. Pensons notamment au pouvoir d’attraction généré par les parcs du Mont-Tremblant et du Bic, ou encore ceux du réseau de Parcs Canada, comme Forillon et la Mauricie. Ces territoires accueillent un grand nombre de voyageurs québécois et internationaux. Le label «parc national» est une véritable marque de commerce qui implique la présence de sites naturels exceptionnels, mais aussi de services et d’aménagements de qualité.

Les projets de parcs nationaux du Québec

À l’heure actuelle, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs considère 11 projets: neuf répartis à travers l’immense territoire au nord du 50e parallèle et deux au sud (voir la carte). Ces derniers sont situés dans le Bas-St-Laurent (Lac-Témiscouata) et en Abitibi-Témiscamingue (Opémican).

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Le 23e parc national, Albanel-Témiscamie-Otish (P1 sur la carte), dont la création officielle est prévue en 2008, est situé à 90 kilomètres au nord de Chibougamau, à quelque 10 heures de route de Montréal. Il se compose de paysages exceptionnels formés d’une nature encore intouchée. La communauté locale des Cris est mise à contribution. On souhaite y attirer une clientèle écotouristique… mais sera-t-elle au rendez-vous?

CB_2007-11_parcs_natnx_img2

Exemple de la Suède

La création du Fulufjället National Park en 2002, situé dans une région montagneuse du nord de la Suède, a fait l’objet de deux enquêtes de fréquentation, la première une année avant sa désignation et la seconde une année après. Cette ancienne réserve naturelle est située à 470 kilomètres de Stockholm et se compose d’une nature vierge dont le couvert végétal est de lichen, ce qui est plutôt rare pour la région. La faune y est abondante: ours, orignaux, oiseaux de proie. On y trouve aussi la plus haute chute de Suède. C’est d’ailleurs autour de celle-ci que se sont concentrés les aménagements liés à l’accueil et à la randonnée pédestre.

Une augmentation de 40%
Un an après la création du parc, on observe une augmentation significative de la fréquentation des lieux: de 38 000 à 53 000, soit 39,5% plus de visiteurs qu’en 2001. Deux sondages (en 2001 et en 2003) ont par ailleurs permis de révéler plusieurs distinctions dans la composition de la clientèle. En 2003, cette dernière est formée d’une plus grande part de:

  • femmes
  • personnes âgées de plus de 50 ans
  • personnes provenant de milieux urbains
  • nouveaux visiteurs (1re visite)
  • personnes estimant qu’un «parc national» accroît la valeur des lieux pour les visiteurs
  • personnes estimant que l’appellation «parc national» contribue à préserver la biodiversité de l’endroit.

Ces changements dans la fréquentation du territoire à l’étude sont l’effet de l’image de marque, mais sont aussi rattachés à des facteurs qui s’y rapportent, tels que l’amélioration des infrastructures d’accès au secteur et d’accueil, la couverture médiatique concernant le parc et son inauguration par le roi de Suède. Le parc fait également partie de PAN Parks, regroupement associé à la World Wildlife Foundation (WWF), label reconnu à travers le monde.

À plus long terme, les auteurs de l’étude estiment qu’après l’effet de nouveauté le nombre total de visiteurs devrait diminuer, mais demeurer supérieur à ce qu’il était avant 2002. La proportion de visiteurs internationaux augmentera à la suite d’une diffusion médiatique plus étendue de la présence du nouveau parc.

Des défis de taille

Le cas de la Suède s’apparente à celui du Québec sur plusieurs plans: climat, grands espaces, faible densité de population. Les résultats de l’étude permettent de réaliser la force de la marque «parc national» et du pouvoir d’attraction qu’elle exerce.

Mais, en ce qui concerne les projets québécois identifiés au nord du 50e parallèle, tous loin et certains même très loin des grands bassins de population, ils font face à des défis majeurs. Mentionnons, entre autres:

  • L’accessibilité: certains secteurs sont inaccessibles par route et le prix des billets d’avion est très élevé.
  • L’éloignement et l’isolement: le parc est un produit d’appel, mais, pour attirer les touristes, la région doit offrir d’autres attraits structurés ainsi que des services.
  • Le recrutement et la formation des employés: en région éloignée, il s’avère parfois difficile de trouver, puis de garder une main-d’œuvre qualifiée et motivée.
  • La concurrence: le coût du transport lié à la visite de ces parcs devra concurrencer celui de destinations déjà bien implantées dans le créneau de l’écotourisme (comme le Costa Rica, le Nicaragua ou encore l’État de l’Alaska).

Comme le précisent les objectifs visés par la désignation d’un parc national, la protection des milieux naturels constitue ici le défi premier. On vise d’abord la création d’aires protégées afin de limiter l’étendue du territoire soumis à l’exploitation des ressources. La fréquentation touristique des parcs contribue ensuite au développement économique du secteur.

Préparez-vous!

Les résultats de l’étude suédoise sont plus susceptibles d’intéresser les intervenants impliqués dans les projets de parcs nationaux plus près des grands bassins de population ou qui se situent le long de circuits touristiques déjà fréquentés. À cet égard, les entreprises touristiques ont intérêt à surveiller l’état d’avancement des travaux ainsi que le comportement des clientèles qui fréquentent les parcs afin d’ajuster leurs services, le cas échéant. Aussi, d’autres projets de parc pourraient voir le jour. Gardez l’œil ouvert!

Sources:

– Diotte, Simon. «Les nouveaux parcs nationaux du Québec», L’actualité, août 2007.
– Fredman, Peter et autres. «Increased Visitation from National Park Designation», Current Issues in Tourism, vol. 10, no 1, 2007.

Sites:
Fulufjället National Park.
Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs.
Société des établissements de plein air du Québec.

  • Laurent Saint-Jacques

    Bonjour

    La vocation accessibilité du public à des parcs nationaux est une notion difficile à appliquer à des endroits loins des communautés. Les frais de transport très élèvé et l’obligation d’utiliser un guide ne sont pas des principes d’accessibilité. Par exemple, l’éco-lodge des Chics-Chocs n’est pas construit dans un parc national, ce qui permet d’être un produit haut-de-gamme, obligatoirement guidé avec accès limité. La Sépaq et l’Agence Parcs Canada devrait favoriser des alternatives de transport pour permettre l’accès à ces territoires au public.

    Laurent Saint-Jacques, CLIMAX tourisme Enr.

  • JFG

    Mon contact direct avec les touristes étrangers depuis plus de 25 ans me permet d’affirmer hors de tout doute la supériorité de la notoriété des Parcs nationaux canadiens (plus précisément Forillon) par rapport aux parc nationaux québécois (plus précisément les parcs gérés par la SEPAQ en Gaspésie). Il m’apparaît très évident que de s’asseoir sur une appellation de “Parc national” n’est pas une garantie de succès pour attirer la clientèle internationale mais qu’il est essentiel de multiplier les efforts de commercialisation et de représentation à l’étranger, ce qui de toute évidence ne semble pas être une priorité pour la SEPAQ.

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