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Analyse - 5 novembre 2019

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novembre 2019

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Sauver la rue principale

Faire revivre la rue principale, créer un esprit de communauté autour du noyau villageois, favoriser le dynamisme du centre-ville par l’émergence de commerces indépendants et attrayants, voilà des enjeux importants qui touchent plusieurs municipalités du Québec.

De nombreuses villes, de toutes les tailles, souffrent d’une dévitalisation de leur centre-ville. La transition vers le commerce en ligne et, en banlieue, vers les magasins à grande surface y contribue certainement. Le dynamisme de ces lieux centraux est pourtant essentiel à la santé des collectivités, à la qualité de vie des résidents et à l’attractivité touristique. Comment faire pour inverser la vapeur?

 

Des centres-villes en péril

Certaines artères commerciales de grandes villes comme Montréal ou même New York et Londres connaissent des taux de vacance alarmants. Le commerce de détail vit une crise, notamment due aux changements de comportement des consommateurs. Le coût des loyers et des taxes pour les locaux centraux contribue aussi à cette désaffection. Ces espaces deviennent inabordables pour les entreprises indépendantes qui donnent du caractère à un lieu, cédant ainsi la place aux grandes chaînes plus en moyens, mais beaucoup moins distinctives de l’endroit. Aussi, ces locaux peuvent demeurer vacants très longtemps avant de trouver preneurs, ce qui dévitalise les lieux et appauvrit leur pouvoir d’attraction. Les édifices patrimoniaux ont aussi la vie dure. Les coûts des travaux nécessaires à leur restauration s’avèrent colossaux et, donc, ces bâtiments sont trop souvent laissés à l’abandon.

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Rue Sainte-Catherine Est, Montréal.

Source : Réseau de veille en tourisme

La multiplication des locaux vacants touche aussi les rues principales de nombreuses petites municipalités du Québec. Celles-ci peinent à retenir leurs commerçants, faute d’achalandage. L’exode des jeunes vers les grands centres et la désaffection du centre-ville par les résidents entraînent une dévitalisation. Pour attirer de nouvelles clientèles (des résidents et des visiteurs), il faut leur offrir un centre attrayant et animé, qui stimule les échanges et favorise l’esprit de communauté.

Densifier et favoriser la mixité

Des experts proposent des pistes de solution pour redynamiser les artères commerciales et créer à nouveau des lieux de rencontre pour renforcer les liens dans la communauté. Au Royaume-Uni, ce phénomène est pris très au sérieux par les autorités. Le ministre britannique du Développement économique se fait même appeler le « ministre des Rues principales ». Des urbanistes lui suggèrent de convertir certains locaux commerciaux laissés vacants en leur donnant d’autres fonctions, résidentielles ou institutionnelles. Ainsi, plutôt que de vouloir réintégrer un commerce dans un local vacant, pourquoi ne pas modifier le zonage et y installer une bibliothèque municipale décentrée ou encore y aménager des logements? Un centre-ville vivant est composé de gens qui y vivent, y travaillent, y mangent et s’y divertissent.

Les centres-villes sont probablement appelés à se resserrer et à se densifier pour un plus grand dynamisme. Les autorités municipales devront faire preuve de flexibilité et revoir leurs systèmes de taxation pour encourager ces transformations. On propose aussi d’imposer une taxe à ceux qui conservent des loyers vacants. Celle-ci pourrait être jumelée à une réglementation obligeant de tels propriétaires à entretenir les locaux et leur devanture, à conserver un éclairage en soirée et à maintenir les espaces propres et prêts à recevoir des occupants rapidement.

Offrir des commerces d’expérience

Des commerces de proximité, des entreprises de service, des restaurants, des bars et cafés et des lieux de divertissement sont habituellement nécessaires pour favoriser la fréquentation à pied d’une artère principale. Mais la transformation des habitudes de consommation impose une remise en question du type d’entreprises à accueillir. Les détaillants en ligne offrent des produits à bon prix. Les boutiques ayant pignon sur rue doivent offrir une expérience. Les modèles d’affaires sont appelés à évoluer. Ainsi, le libraire passionné qui conseille pourra aussi servir du bon café, offrir un espace de cotravail et vendre les croissants de la boulangerie du coin. Les commerces de détail de proximité qui offrent un contact personnalisé et des produits de qualité ont une plus grande chance de se tailler une place favorable et de stimuler l’achalandage de la rue.

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Source : Pexels

Mobiliser pour changer les mentalités

À l’occasion du colloque de l’organisme Rues principales, qui se déroulait à Québec en octobre dernier, de nombreux élus municipaux sont venus exprimer leur inquiétude sur le phénomène de dévitalisation des rues principales. Plusieurs conférenciers ont aussi parlé de la nécessité d’insuffler un changement de comportement dans le rapport de la population à la consommation et à son engagement dans son milieu de vie. Pour illustrer son propos et favoriser le dynamisme du secteur, le président exécutif de l’organisme, M. Christian Savard, a lancé l’idée d’une campagne d’achat de cadeaux de Noël sur la rue principale : « Mes cadeaux sur la rue principale ».

Des conseillers municipaux ont également présenté des projets de réaménagement ayant fait l’objet de consultations publiques. Aujourd’hui, la volonté des résidents concernant les artères commerciales s’articule autour des éléments suivants :

  • Plus de mixité dans les fonctions;
  • Des bâtiments historiques rénovés et mis en valeur;
  • Plus de cafés et de commerces indépendants qui représentent la diversité du milieu;
  • Des aménagements qui favorisent la fréquentation à pied et à vélo, et du mobilier urbain;
  • De la culture (arts de la scène, arts visuels, etc.);
  • Des lieux de rassemblement;
  • Une connectivité avec le milieu : relations entre les commerces, les services et les institutions.

Le changement de culture nécessite une volonté politique et collective.

Selon plusieurs conférenciers du colloque, l’un des plus grands enjeux se situe dans la résistance au changement. Le changement de culture, soit celui de prioriser les développements urbains qui renforcent la rue principale au lieu de l’étioler, de choisir d’encourager les commerçants locaux pour participer au dynamisme de la collectivité, nécessite une volonté politique et collective.

Une prochaine analyse présentera des exemples de petites villes qui se démarquent par leur dynamisme et le caractère attractif de leur centre-ville.

Source image à la Une : Pexels

Source(s)

- Bertrand, Morgane. « Les centres-villes se meurent : comment peut-on les sauver? », L’Obs, 12 février 2017.

- Colpron, Suzanne. « Commerce de détail : Montréal en mode solution», La Presse, 6 octobre 2019.

- Hétu, Richard, et collab. « Commerce de détail : trois pays, une crise», La Presse, 5 octobre 2019.

- Leroux-Nega, Emmanuel. « Commerces vacants : quand la spéculation tue le commerce», HuffPost, 6 juin 2019.

- O’Connor, Joe. « The small towns that refuse to die: Schemes to woo new blood about more than just staying alive», Financial Post, 2 janvier 2019.

- Rues principales. « Colloque 2019 - Impulsion : inspirer, rallier, s’organiser», Hôtel Château Laurier Québec, 2 octobre 2019.

  • Vicky Villeneuve

    Sujet très intéressant en développement local. Je vous invite à explorer la démarche d’accompagnement et de certification des Cœurs villageois de la région des Cantons-de-l’Est initiée il y a de cela 5 ans par Tourisme Cantons-de-l’Est.

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