Voyages 2020 : quand sécurité rime avec proximité

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Chantal Neault Chantal Neault

Québécois, Canadiens et Américains se montrent plutôt frileux à l’idée de séjourner hors de leurs frontières cette année. Les staycations n’auront jamais été aussi populaires.

Depuis le début de la pandémie, plusieurs enquêtes ont vu le jour pour connaître les intentions de voyage des Nord-Américains (excluant les Mexicains) au cours des prochains mois. Le Réseau de veille en a sélectionné quelques-unes qui fournissent un aperçu à un moment bien précis dans le temps afin de mieux comprendre les voyageurs et de se préparer à la reprise.

Les Québécois, bien chez eux

Selon un sondage SOM-Cogeco réalisé les 11 et 12 mai auprès de 1 100 adultes québécois francophones, la majorité des répondants (64 %) prévoit de rester à la maison et faire des activités dans sa région pendant les vacances estivales, alors qu’une minorité envisage de séjourner dans une autre province (7 %) ou dans un autre pays (5 %). D’ailleurs, si la frontière avec les États-Unis rouvrait au cours des prochains mois, moins d’un Québécois sur 10 aurait l’intention d’y aller cet été.

La majorité des Québécois prévoit de rester à la maison et de faire des activités dans sa région pendant les vacances estivales.

Un peu plus de la moitié des Montréalais mentionnent vouloir voyager à l’extérieur de la grande région de Montréal cet été. Par contre, seuls 20 % des habitants de l’extérieur de Montréal déclarent souhaiter visiter la métropole au cours des prochains mois et seulement 10 % dans le cas des résidents de la région de Québec. Les jeunes de 18 à 34 ans sont nettement plus nombreux (33 %) que les 55 ans ou plus (14 %) à avoir envie de s’y rendre. Ceci s’explique probablement par la vulnérabilité des personnes plus âgées face à la COVID-19 et le fort taux de gens infectés dans la métropole, tel que véhiculé dans les médias.

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Source : Pexels

Un autre sondage, réalisé cette fois-ci par la firme Léger pour le compte de l’Office du tourisme de Québec du 12 au 15 mai auprès de 502 citoyens de la région métropolitaine de Québec, donne un aperçu de leurs intentions de voyages à l’été 2020. Les résultats montrent que, comme parmi les Montréalais, la moitié des répondants planifie au moins un séjour dans une autre région du Québec ; 61 % chez les 18-34 ans. En revanche, le tiers (33 %) envisage de voyager uniquement dans la région de Québec (le pourcentage grimpe à 41 % chez les 35-54 ans).

Les Canadiens voyageront en auto

Du 1er au 3 mai 2020, la firme Léger a mené un sondage auprès de 1526 Canadiens afin de mieux comprendre l’impact de la COVID-19 sur leurs projets de voyage. On y découvre sans surprise que la moitié ont modifié leurs plans de vacances pour 2020 et presque tout autant (47 %) ont souligné qu’il est très improbable qu’ils en prennent en 2020 (33 % des Québécois).

S’ils voyagent à court terme, les Canadiens le feront plus près de chez eux, même s’ils se montrent plus à l’aise de voyager à l’extérieur de leurs frontières provinciales au fil du temps. Quelque quatre personnes sur dix (42 %) mentionnent être à l’aise de voyager en auto dans les deux mois suivant la levée des mesures de protection (66 % dans les six mois). Les Canadiens ne privilégient pas les voyages en avion pour l’instant et les Québécois encore moins que les autres.

Les Canadiens ne privilégient pas les voyages en avion pour l’instant et les Québécois encore moins que les autres.

En fait, cela prendra sept mois ou plus pour la majorité d’entre eux avant de se sentir à l’aise d’effectuer un vol intérieur ou international. D’ailleurs, peu de sondés (25 %) se disent à l’aise de voyager à l’étranger avant qu’un vaccin ne soit découvert ; 51 % dans le cas des voyages aux États-Unis. Cette donnée est confirmée par un sondage Ipsos réalisé du 8 au 11 mai auprès de 1000 répondants qui montre que seulement 2 Canadiens sur 10 sont susceptibles de voyager hors de leur frontière cette année… et 70 % ne prévoient pas de séjourner à l’hôtel.

Source : Pexels

Américains : un sentiment de sécurité accru

Chaque semaine depuis le 15 mars, Destination Analysts interroge plus de 1200 voyageurs américains pour connaître leurs opinions, sentiments, perceptions et comportements entourant les voyages dans un climat de pandémie. Selon les données collectées du 29 au 31 mai, les Américains continuent de manifester une impression de sécurité de plus en plus grande envers les voyages :

  • Un sur cinq voyage déjà ou est prêt à voyager sans aucune hésitation ;
  • Quelque 70 % ont au moins des plans provisoires en 2020. Ceux-ci se réaliseront plus tôt que ce qu’ils rapportaient la semaine dernière. Ainsi, près d’un touriste sur quatre (24 %) prévoit d’effectuer son prochain voyage par avion entre mai et décembre 2021 alors que 44 % pensent prendre la route pendant la saison estivale, soit en juin, juillet et août.
  • Les voyages en voiture (35 %), le séjour dans une station balnéaire (34 %) et la visite de parcs nationaux (24 %) et d’autres parcs (20 %) figurent parmi les expériences relaxantes les mieux notées. Près d’une personne sur quatre (24 %) a également mentionné les vacances à la maison (staycations) ;
  • Moins d’un tiers des femmes ont déclaré qu’elles n’avaient pas l’intention de voyager en 2020 (30 % au lieu de 35 % auparavant) comparativement à un cinquième des hommes (21 % au lieu de 29 %) ;

Dans le sondage de la semaine du 18 mai, les trois quarts des Américains qui prévoyaient de voyager cette année ont mentionné qu’ils demeureraient à l’affût des mesures sanitaires déployées dans la destination et les entreprises qu’ils souhaitent visiter, démontrant ainsi la nécessité de véhiculer de l’information sur l’aspect sécuritaire de la destination.

Depuis trois mois, Longwoods International et Miles Partnership effectuent eux aussi une enquête hebdomadaire pour sonder les intentions de voyage des Américains. Selon les résultats de la 12e vague menée le 27 mai 2020 auprès de 1000 adultes, plus de 7 voyageurs sur 10 (71 %) ont souligné avoir des projets de voyage au cours des six prochains mois. Ce pourcentage est resté relativement constant depuis la mi-mars, mais en baisse par rapport au sommet du 11 mars (87 %), avant que le plein impact de la pandémie ne se fasse sentir. D’ailleurs, près de la moitié des répondants (47 %) affirme que la crise de la COVID-19 affectera considérablement leurs plans de voyage au cours des six prochains mois, une diminution comparativement au pic de 67 % atteint le 1er avril. Il s’agit du niveau le plus bas depuis la mi-mars.

71 % des Américains ont des projets de voyage au cours des six prochains mois

Enfin, si les États-Unis vont de l’avant avec leur projet de crédit d’impôt « Explorez l’Amérique » pour stimuler les voyages intérieurs, les Américains pourraient être plus enclins à demeurer chez eux pour leurs vacances.

Toutes ces enquêtes montrent une lente évolution de la confiance des clientèles, principalement pour les voyages de proximité. Il faudra donc s’assurer de bien connaître le profil de la clientèle québécoise (et canadienne), ses besoins et ses comportements afin d’orienter les efforts marketing et communicationnels de manière efficiente.

Source de l’image à la une : pexels