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Clin d'oeil - 9 juin 2020

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Entrevue avec Marie Pier Germain, Vice-présidente marketing, Germain Hôtels par Kim Cadieux

Nous poursuivons notre série de portraits d’hôteliers en vous présentant ce mois-ci une entrevue avec Marie Pier Germain. Évidemment, avec son nom de famille, on se doute rapidement de quel groupe hôtelier elle est issue!

L’intégralité de ce contenu provient de TourismExpress.

Bien que discrète, elle a accepté de s’entretenir avec nous afin de nous partager son parcours, sa passion pour l’hôtellerie, ses réalisations et sa vision. Tout comme nous, vous irez à la rencontre d’une personne humble, accessible et pétillante qui trace son chemin dans l’entreprise familiale grâce à son talent et son travail acharné.

C’est d’entrée de jeu que Marie Pier insiste sur la chance qu’elle a de travailler avec une personne aussi inspirante et exceptionnelle que sa mère, Christiane Germain. Et, quiconque qui connaît leur relation de proximité le croira difficilement, mais les conséquences majeures de la crise sur le secteur hôtelier et les décisions difficiles prises dans les premières semaines du confinement, leur ont permis de se rapprocher davantage et auront soudé leur relation!

D’abord, merci d’avoir accepté cette rencontre. À l’AHGM, nous avons la chance de vous côtoyer depuis quelques années compte-tenu de votre implication au conseil d’administration, mais pour le bénéfice de ceux qui vous connaissent moins, pourriez-vous nous parler de votre parcours? Et est-ce que travailler pour l’entreprise familiale s’est toujours présenté comme une évidence ?

J’ai grandi dans l’hôtellerie. Jean-Yves et Christiane ont ouvert leur premier hôtel en 1988.J’avais à l’époque 6 ans. Je suis tombée dans la potion magique comme on dit! Par contre, au moment de choisir mon parcours scolaire, j’ai eu l’envie de faire autre chose que l’école hôtelière et de sortir, en quelque sorte, des sentiers battus. Comme j’avais une aisance dans les sciences, et qu’on m’avait déjà mentionné que des études en ingénierie ne me fermeraient pas de portes, j’ai complété un baccalauréat en génie mécanique. C’est d’ailleurs mon professeur de physique du secondaire, qui m’avait encouragée à prendre cette voix à l’époque, qui est venu me remettre mon jonc lors de la cérémonie de graduation.

Après mes études, je suis retournée dans l’entreprise familiale – en tant que graduée cette fois – et j’ai été affectée au projet de Calgary; le premier établissement dans lequel je me suis investie et qui représente encore aujourd’hui pour moi une grande fierté.

Votre rôle a évolué au sein du groupe, mais vous avez toujours été très impliquée sans la construction des hôtels. Pourriez-vous me parler des différentes étapes de votre carrière et quelles sont présentement vos fonctions ?

Dès le début de ma carrière, j’ai tout de suite eu la chance de faire valoir mes connaissances avec la construction du Germain Calgary, un établissement de 143 chambres, 40 résidences et 100 000 pi2d’espace de bureaux qui a ouvert en 2010. J’étais responsable de mettre en place la vision du groupe afin que la gestion opérationnelle et l’aménagement des espaces soient bien coordonnés. Comme pour l’ensemble de nos projets, nous travaillons de concert avec les architectes en amont et apportons toute notre expertise opérationnelle. Il s’agit selon moi de l’une de nos grandes forces! Pour ce projet, je devais également m’occuper de la mise en marché des unités de condos et de la location des bureaux de la tour.

Fait cocasse : nous avions travaillé fort à concevoir un showroom montrant les maquettes et matériaux du projet qui servirait à accueillir les clients potentiels. Dans son transport de Vancouver à Calgary, le camion transportant la maquette a même échappé à un glissement de terrain. Au final, elle est arrivée sans aucune écorchure à Calgary et a complété le showroom qui n’aura servi que quelques heures… car tous les condos se sont vendus en moins d’une journée! Au final, bien que le showroom ait servi à démontrer le sérieux du projet, il n’aura pas été rentabilisé à sa juste valeur! Disons que ça aura été une semaine riche en émotions!

Par la suite, j’ai été impliquée dans la construction de tous les hôtels du groupe, tout en occupant diverses fonctions, dont celles de directrice des opérations et directrice générale pour le ALT Montréal Griffintown et, plus récemment, directrice régionale et directrice du design des hôtels.

En 2016, j’ai complété un M.B.A. exécutif entre autres pour mieux répondre et comprendre les enjeux de nos partenaires d’affaires et aussi pour mettre à niveau mes compétences financières.

Finalement, tout en conservant mes responsabilités actuelles, j’ai récemment été nommée vice-présidente marketing pour Germain Hôtels : un nouveau défi que j’accueille avec beaucoup d’enthousiasme!

Depuis toujours, Germain Hôtels met de l’avant l’achat local, tant dans le design de ses établissements que dans le choix de ses fournisseurs. Bien que nous soyons dans une période où l’achat local soit valorisé, cela n’a pas toujours été autant le cas. Pourquoi avez-vous toujours été fidèle à cette valeur ?

Développer des produits avec des professionnels, encourager l’achat local et entretenir un engagement moral à l’égard de nos fournisseurs sont des valeurs qui sont, encore plus aujourd’hui, encrées au sein de Germain Hôtels. Nous avons toujours cru dans le soutien de nos entreprises et entrepreneurs locaux : nous avons beaucoup à offrir et aussi beaucoup à gagner.

D’autres valeurs imprégnées dans le groupe et desquelles nous n’avons jamais dérogées sont d’avoir toujours réussis à mettre l’audace et l’innovation au cœur de notre vision. À titre d’exemple, l’hôtel ALT DIX30 a innové en étant le premier hôtel au Canada à utiliser la géothermie dans sa construction. Évidemment, nous avons fait ce choix pour des raisons environnementales et opérationnelles, mais aussi parce que nous construisons pour opérer et non pour vendre. Quant à l’audace, elle est présente autant dans les modèles d’affaires des différents établissements que dans le design et le choix de l’ameublement. Nous avons à cœur de créer des chambres durables, efficaces, confortables et au design irréprochable. Nous avons beaucoup de plaisir à développer une marque qui correspond à nos valeurs, au plus grand bénéfice des entrepreneurs d’ici et du confort de nos clients.

Depuis vos débuts en hôtellerie, quel est la réalisation dont vous êtes la plus fière ?

Les récents travaux de rénovation et construction au Germain Montréal me rendent particulièrement fière. Je suis à même d’apprécier le défi d’ingénierie que le projet comporte : ajouter 6 étages sur un toit existant en plein centre-ville, et cela, sans grue, c’est du jamais vu!!! Par ailleurs, la thématique et le design, des plus sophistiqués, sont à la hauteur du défi de construction. J’ai vraiment hâte que cet établissement prenne son envol et puisse être apprécié à sa juste valeur.

On sait que les hôtels indépendants font face à des défis auxquels les grandes chaînes internationales ont moins affaire, comme par exemple les canaux de distribution. Par contre, y a-t-il des avantages pour un hôtel indépendant d’un point de vue affaire ? Et pour les clients ?

C’est un sujet qui m’enflamme, car le réel enjeu est celui de l’équité fiscale! Et nous avons une réelle relation de dépendance, car les plateformes de réservation en ligne sont des partenaires d’affaire incontournables pour tous les hôteliers… et encore plus pour nous, les indépendants. Ne vous méprenez pas, je suis tout à fait en accord avec le fait de rétribuer justement un partenaire d’affaire qui contribue positivement aux ventes, mais dans ce cas-ci, leurs pratiques douteuses et leurs commissions démesurées contreviennent à mes valeurs profondes.

Pour répondre à la question, au Germain Montréal, nous avons éliminé, depuis quelques années les heures de départ pour ceux qui réservent par téléphone ou par le site Internet de l’hôtel afin d’encourager la réservation directe. Par contre, il nous est pratiquement impossible de nous démarquer puisque le revendeur exige les mêmes tarifs et politiques. Il ne reste donc qu’à sensibiliser le client aux pratiques déloyales des OTA et l’encourager à réserver son séjour directement auprès de l’hôtel.

Vous êtes très impliquée, entre autres avec le MAC. Parlez-nous des raisons pour lesquelles vous êtes engagée auprès d’organismes?

Je m’implique simplement quand la cause me touche. Avec Christiane, nous offrons notre temps, depuis plusieurs années, avec la Dauphinelle, un organisme qui vient en aide, héberge et soutient les femmes victimes de violence. J’ai été aussi engagée auprès d’organismes faisant la promotion de l’art, tel que l’Agora de la danse, le MAC, le Arts Commons de Calgary. Durant les trois dernières années, j’ai présidé le bal des enfants pour l’OSM. Finalement, je m’implique également dans le milieu hôtelier, en étant trésorière du conseil d’administration de l’AHGM.

Vous êtes très impliquée dans le milieu culturel et, en ce sens, votre implication à l’AHGM crée une dissonance. Pourquoi avez-vous accepté de joindre le conseil de l’AHGM?

Notre entreprise a toujours été notre priorité et elle le sera encore plus dorénavant avec les défis auxquels nous ferons face : je dois donc sélectionner judicieusement mes à-côtés. Toutefois, à l’époque – et encore plus aujourd’hui –, je trouvais important que nous puissions être représentés auprès de l’association qui défend notre industrie. Dès la première rencontre, j’ai tout de suite senti l’unité au sein du conseil et l’esprit de camaraderie entre les hôteliers montréalais. J’apprends beaucoup à côtoyer mes collègues et je retire aujourd’hui énormément de cette implication.

Dans l’actuelle crise, nous apprécions toute la valeur d’une association solide et influente.

En terminant, on ne peut passer sous silence la période dans laquelle nous nous trouvons présentement. Si vous aviez un souhait à formuler, quel serait-il ?

J’espère qu’on va s’en sortir! Les conséquences financières sont bien réelles et seront peut-être même fatales. Nous souhaitons ardemment que notre message soit entendu auprès des gouvernements afin qu’ils octroient une aide financière essentielle à la survie du secteur hôtelier.

Kim Cadieux
Directrice des communications

Cet article a été fourni par TourismExpress.

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