La transformation numérique constitue l’une des solutions privilégiées par l’OMT pour redresser le tourisme. Au Québec, 45 % des entreprises qui ont amorcé le virage durant la crise jugent l’impact positif. Ailleurs, des destinations misent sur la mutualisation des données.
L’accélération de la transformation numérique observée en cours de pandémie sera bénéfique à long terme. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), la pérennité de ces initiatives repose toutefois sur des politiques nationales de soutien à la transformation numérique et des partenariats publics privés.
À cet effet, la province de l’Ontario et le gouvernement fédéral ont annoncé trois nouveaux programmes qui viendront renforcer la présence en ligne de quelque 20 000 petites entreprises. Ces investissements permettront d’embaucher 1400 étudiants qualifiés pour soutenir le lancement de boutiques en ligne, de former les organisations en marketing numérique et d’appuyer les commerces ayant pignon sur rue dans leur transformation. Digital Main Street, à Toronto, offre formations et services numériques aux compagnies. Elle agit comme chef d’orchestre pour le déploiement de ces initiatives.
À l’échelle du Québec, le Réseau des agents de développement culturel numérique (ADN), créé en avril 2019, contribue à la croissance de l’expertise numérique. Plusieurs instances régionales ont également débloqué des fonds pour accompagner les entreprises dans ces changements au cours des dernières semaines.
Les améliorations numériques des entreprises touristiques
Du 28 mai au 8 juin, la Chaire de tourisme Transat, en collaboration avec le ministère du Tourisme et l’Alliance de l’industrie touristique du Québec a mesuré l’impact de la crise sur le développement numérique auprès de 792 organisations touristiques qui envisagent d’exploiter leur commerce cet été.
Près de la moitié (45 %) des sondés qui ont subi une transformation numérique en lien avec la pandémie jugent cet impact positif. Parmi les répondants qui comptent exploiter leur entreprise durant la saison estivale, le tiers (34 %) ont profité de la crise pour moderniser leur site Web. Les répondants du secteur de l’agrotourisme et de l’agroalimentaire ont été plus enclins que la moyenne à apporter des modifications sur leur site ou à établir de nouveaux partenariats numériques. Le tableau ci-dessous présente l’ensemble des actions prises par ces derniers en ce qui a trait au développement numérique.
Le Panier Bleu, mis en place quelques semaines après le début du confinement, a également contribué à enrichir la présence en ligne des entreprises. Selon l’organisation, en date du 9 juin, la plateforme s’avérait la première vitrine sur le Web pour 20 % des 19 900 commerces inscrits.
Mettre à profit les données ouvertes en France
En France, l’État réfléchit actuellement à élargir la fonction de la plateforme nationale Datatourisme. Cette dernière partage les données spatiales et touristiques à partir des informations publiques locales. Dans le contexte de la reprise des activités, elle servira de carte touristique de référence pour connaître les points d’intérêt ouverts ou fermés, les entreprises engagées à respecter le protocole sanitaire et d’autres renseignements sur les modalités d’accueil.
Ce portail pourrait évoluer vers un écosystème d’intelligence collective et de partage de données (statistiques, flux de fréquentation, etc.) entre les territoires et les acteurs privés, de la start-up à la destination. À terme, l’exploitation des données aiderait à concevoir des prestations touristiques et des services adaptés.
Innovation en tourisme numérique à Helsinki
L’exemple d’Helsinki Marketing, l’organisme de promotion de la capitale de la Finlande, n’est pas issu de la pandémie. Il est dans les cartons depuis au moins deux ans. Virtual Helsinki, un projet déployé en partenariat avec un studio local de réalité virtuelle, se base sur les données ouvertes et la modélisation 3D. L’équipe de conception ancre sa vision du tourisme du futur dans la réalité : centré sur l’innovation visuelle et le développement durable.
C’est un monde virtuel dans lequel il s’avère possible de visiter une ville selon chacune de ses quatre saisons, et éventuellement de magasiner et de se faire livrer ses emplettes chez soi. Les créateurs l’ont utilisé au cours de la pandémie pour inciter les Finlandais à rester chez eux lors de la fête nationale. Ils ont organisé un concert, accessible en vidéo ou avec un casque de réalité virtuelle, incluant la conception d’avatars afin de combler le besoin de socialiser. Une nouvelle mouture impliquant des citoyens virtuels (v-citizen) devrait voir le jour. Ceux-ci pourront prendre part à la culture de la ville tels les concerts et les galeries d’art.
L’exploration des données ouvertes et les partenariats publics — privés constituent des facteurs de réussite pour le développement de plateformes numériques. À l’échelle mondiale, l’OMT annonçait récemment son intention de renforcer sa collaboration avec Google pour assurer la transformation numérique de l’industrie touristique. En parallèle, le 8 juin dernier, Google Maps ajoutait une série de nouvelles fonctionnalités visant à informer et à sécuriser les utilisateurs lors de leurs déplacements, comme les restrictions de voyage, les fermetures des frontières, le niveau d’achalandage des transports en commun ou l’obligation de porter un masque. Les fonctionnalités disponibles varient actuellement selon les pays.
Comme destination ou entreprise, il est toujours conseillé d’apprendre de celles qui ont une longueur d’avance. Cette transformation numérique s’accompagnera de nouveaux profils d’emplois spécialisés. Restez à l’affût, vous êtes à un clic de la réussite !
Consultez ici les faits saillants de la 2e vague de l’enquête portant sur l’impact de la COVID-19 sur les organisations touristiques québécoises.
Source de l’image à la une : Pixabay