Virage durable des entreprises : où en sommes-nous ?

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Elisabeth Sirois Elisabeth Sirois

Les organisations touristiques québécoises ont à cœur la transition vers un tourisme plus responsable et durable, mais plusieurs défis ralentissent le virage.

Une enquête en ligne réalisée par la Chaire de tourisme Transat pour le ministère du Tourisme en mai 2022 brosse le portrait des pratiques durables mises en place au sein d’organisations touristiques québécoises qui démontrent un intérêt envers la question. Voici l’état de la situation. 

Beaucoup de volonté, mais peu de structure

Ce n’est pas moins de 70 % des organisations touristiques sondées qui jugent prioritaire le développement durable au sein de leurs activités. Cet enjeu est donc au cœur des priorités opérationnelles des entreprises interrogées, même si son intégration n’est pas encore clairement définie. En effet, parmi les répondants qui affirment inclure le développement durable à leurs opérations, seulement le quart d’entre eux ont un plan d’action et des stratégies précises.

Quelque 70 % des organisations touristiques québécoises jugent prioritaire le développement durable au sein de leurs activités.

Cela dit, les organisations ont à cœur la transition vers un tourisme plus responsable et durable ; les résultats de l’enquête montrent que plus de 90 % d’entre elles ont mis en place des pratiques durables au sein de leur organisation par conviction personnelle. Un peu plus de la moitié (56 %) l’ont fait pour se démarquer et 40 % pour demeurer concurrentielles. 

Mobilisation autour de l’approvisionnement responsable

En termes de mesures écoresponsables adoptées, les efforts des entreprises sondées se concentrent majoritairement sur l’approvisionnement responsable ; près de neuf entreprises sur dix (87 %) disent s’y adonner et un nombre un peu plus élevé (89 %) envisagent de s’y mettre ou de bonifier leurs pratiques d’ici les deux prochaines années.  

Les défis entourant les gaz à effet de serre (GES) sont une priorité à court terme. Actuellement, seulement 30 % des organisations touristiques sondées ont implanté des mesures entourant le calcul, la réduction ou la compensation des GES. Même si cette initiative demeure la moins implantée actuellement parmi les pratiques écoresponsables à l’étude, elle est la deuxième en importance parmi les pratiques dont l’implantation est prévue d’ici les deux prochaines années, avec 24 % des répondants qui envisagent prendre action. Elle se classe ainsi juste derrière les pratiques visant à favoriser les moyens de transport plus durables (27 % prévoient l’implanter par rapport à 50 % l’ayant déjà fait). 

Appuyer l’économie locale ; une pratique répandue  

Le taux d’adhésion aux pratiques durables est varié. L’enquête révèle que supporter l’économie locale est l’orientation sociale principale des organisations touristiques consultées. En effet, la quasi-totalité d’entre elles (95 %) rapporte déjà soutenir les entreprises d’ici et continueront à le faire dans les deux années à venir.  

De plus, la grande majorité (86 %) des organisations interrogées disent favoriser les opportunités de carrière locales (emplois bénéficiant à la communauté, formation/développement des compétences offert localement…) et disposent d’une gestion des ressources humaines éthique et responsable (politique d’égalité/d’inclusivité, conditions favorisant le bien-être, la santé et le développement des employés…). L’approche durable ferait-elle partie des arguments pour attirer de nouveaux talents ?  

Au cours des deux prochaines années, les répondants entendent également concentrer leurs efforts autour de l’inclusion et du développement des communautés. Quelque 88 % des entreprises projettent de contribuer au développement et à la qualité de vie des résidants. La contribution au développement et à la qualité de vie des communautés autochtones, ainsi que l’amélioration de l’accessibilité universelle se retrouvent pour leurs parts en tête de liste des pratiques non implantées actuellement, mais dont l’implantation est prévue d’ici les deux prochaines années. 

Impacts perçus

Plus de 90 % des répondants déclarent percevoir au moins un bénéfice à la mise en place de pratiques durables.

La vaste majorité des répondants (93 %) déclarent percevoir au moins un bénéfice à la mise en place de pratiques durables. En ce sens, 73 % d’entre eux déclarent que leurs comportements responsables permettent de véhiculer une image plus positive qui engendre une meilleure acceptabilité sociale de l’entreprise. Plus de la moitié (56 %) observent aussi une hausse de l’intérêt et de l’appréciation de leur clientèle.  

Le secteur continue toutefois de faire face à des défis importants découlant d’un manque de ressources, qu’il soit de nature financière, temporelle, lié à la disponibilité de la main-d’œuvre ou aux connaissances internes. Neuf organisations sur dix déclarent ainsi s’être heurtées à au moins un obstacle à la mise en œuvre d’actions responsables. 

Priorisation des actions et mesures facilitantes

L’adoption de mesures durables est une pratique qui résonne auprès des clientèles touristiques. La grande majorité (90 %) des entreprises sondées perçoivent effectivement un intérêt de la part de leurs clients pour de tels produits et services. 

En phase avec les désirs des consommateurs, près de huit organisations sur dix déclarent que le niveau de priorité accordé aux actions durables est appelé à augmenter au cours des deux prochaines années. Une entreprise sur trois traitera le développement durable comme une priorité, alors que 47 % le considéreront comme un projet parmi d’autres.  

Parmi les mesures susceptibles d’aider les sondés à multiplier leurs comportements durables, l’aide financière est de loin la plus plébiscitée (69 %). De plus, 44 % des organisations souhaiteraient bénéficier d’un partage d’informations sur les pratiques durables et leurs bénéfices pour améliorer les connaissances en interne.  

En somme, les entreprises touristiques québécoises ont une forte volonté de regarder dans la même direction et de prendre activement part à un tourisme plus conscientisé et respectueux des communautés et de l’environnement naturel. Cela dit, bien que le développement durable soit considéré comme une priorité, plusieurs défis restent à relever pour assurer la pleine réalisation de ce virage. 

Pour consulter le rapport détaillé de l’étude, cliquez ici.

Image à la une : Pexels

Cet article se retrouve dans le Cahier Tendances 2023 réalisé par l’équipe de la Chaire de tourisme Transat.