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Analyse - 9 avril 2024

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Calculer les émissions de GES : le temps presse !

Pour réduire les GES, il faut d’abord connaître la quantité émise. De nombreuses entreprises font le calcul ; de plus en plus de destinations s’y mettent aussi.

Rappel de l’objectif : Réduire les GES à zéro

L’industrie touristique génère environ 8 % des émissions mondiales de GES. Le transport compte pour 75 % de celles-ci. La Déclaration de Glasgow pour l’action climatique dans le tourisme (2021) exige des signataires qu’ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de moitié d’ici 2030 pour parvenir à zéro carbone le plus tôt possible avant 2050. L’objectif : maintenir la hausse des températures sous les 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels (1850-1900). À ce jour, cette augmentation s’élève à 1,2 °C. Au rythme actuel d’émissions, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime qu’il y a une chance sur deux pour que le seuil de 1,5 °C soit atteint dès 2030-2035. L’étau se resserre… 

Dernier appel pour les organisations à destination de 2050 : il faut réduire les émissions de GES de 50 % d’ici 2030, atteindre zéro émission au plus vite ! 

Au moment d’écrire ces lignes, 867 organisations touristiques se sont commises, dont 22 canadiennes, parmi lesquelles figure Destination Québec Cité. Chaque signataire de la déclaration de Glasgow pour l’action climatique en tourisme s’engage à présenter un plan en fonction de cinq axes d’intervention communs. 

1. Mesure 

2. Décarbonation 

3. Régénération 

4. Collaboration 

5. Financement 

Ce plan permet d’assurer le suivi vers l’atteinte des objectifs. La mesure de l’action climatique constitue ainsi le premier axe.  

Mesurer les émissions de GES de l’industrie touristique

Le calcul des émissions de GES représente l’indicateur clé de la mesure de l’action climatique pour tous les milieux. Le tourisme ne fait pas exception. Cet exercice pose un certain nombre de défis. L’industrie touristique est un écosystème complexe, composé de plusieurs secteurs très variés qui se chevauchent. L’Organisation mondiale du tourisme, désormais connue sous le nom d’ONU Tourisme, présente des approches dans le but d’obtenir éventuellement un consensus autour d’un modèle qui pourrait être applicable à la plupart des secteurs de l’industrie touristique. Cela permettra de faciliter, d’accélérer et de surveiller les progrès liés à l’action climatique et la réduction des émissions pour les années à venir.   

En attendant, les outils de mesure se développent à petite comme à plus grande échelle. On observe notamment des regroupements d’entreprises qui élaborent des modèles conjoints, ou encore des organisations qui font appel aux services de fournisseurs spécialisés. Aussi, des destinations proposent des grilles de calcul pour leurs entreprises touristiques.   

Un cadre

Ces méthodes de calcul doivent correspondre aux normes établies. Le World Resources Institute est l’initiateur de l’élaboration de la Norme de politique et d’action dans le cadre d’un protocole GES (GHG Protocol), soit une norme internationale pour estimer et communiquer l’évolution des émissions et absorptions résultant de politiques et d’actions en ce sens.  

L’hébergement : un milieu bien outillé

En 2012, le World Travel & Tourism Council (WTTC), l’International Tourism Partnership (aujourd’hui le Sustainable Hospitality Alliance) et 23 partenaires internationaux ont lancé l’Hotel Carbon Measurement Initiative (HCMI). Le HCMI a été initialement révisé par l’un des partenaires du GHG Protocol puis mis à jour en 2021 pour adhérer aux exigences actuelles. Il s’agit, encore aujourd’hui, de la méthode la plus connue et la plus utilisée pour le calcul du bilan carbone du milieu de l’hôtellerie. Le HCMI est employé par plus de 30 000 hôtels dans le monde. Il s’agit, grosso modo, de compléter un tableur Excel préformaté. Mais de nombreux autres outils existent. De grandes chaînes ont développé leur propre méthode de calcul des GES, d’autres font appel à des services privés. 

Image : Exemple de tableur de calcul des GES avec l’outil HCMI.  

Source : Sustainable Hospitality Alliance 

Les destinations : des modèles émergent

Selon ONU Tourisme, les organisations de gestion de la destination (OGD) sont les secteurs les moins bien outillés en matière de guides uniformisés de mesures des GES. Car au-delà de tenter de calculer l’ensemble des émissions à l’échelle de la destination, des OGD cherchent à accompagner leurs membres et à leur offrir des outils et des guides. C’est le cas de Visit Finland et de Visit Scotland. 

L’outil de Visit Finland

La Finlande a pour ambition de devenir le leader en matière de tourisme durable d’ici 2025. Dans cette optique, Visit Finland offre un outil pour aider les entreprises touristiques à calculer et à suivre l’évolution de leur empreinte carbone. Le calculateur de GES, disponible en ligne pour les membres de l’OGD, fonctionne avec les données de consommation auxquelles le système attribue un coefficient d’émission. Lorsque tous les indicateurs sont intégrés au système, l’entreprise obtient son empreinte carbone. Une trousse de l’utilisateur (regroupant documents en ligne et vidéos) permet d’accompagner l’entreprise dans cet exercice.  

Source: Visit Finland 

Visit Finland offre une formule simple pour les entreprises qui souhaitent procéder au calcul de leurs émissions de GES. Elles doivent fournir les données relatives aux éléments suivants : 

  • Consommation d’énergie (électricité, chauffage et climatisation, carburant pour l’entretien de la propriété, etc.) 
  • Déchets (poids)  
  • Carburant pour les véhicules (kilomètres ou quantité de carburant) 
  • Achats (euros ou quantité d’achats effectués) 

On précise que ces informations sont habituellement disponibles sur les relevés de consommation ou les factures d’électricité, de ramassage des déchets, etc. Dépendamment de la disponibilité des données, cet exercice peut prendre quelques heures pour une petite entreprise ou quelques jours, tout au plus. La mise en place des renseignements de base pour le premier calcul est laborieuse, mais le travail est ensuite fait pour les années subséquentes.   

Lorsque tous les éléments demandés sont intégrés, l’outil procède au calcul des émissions annuelles, en se basant sur la structure de l’entreprise, en phase avec la norme du GHG Protocol et avec une variété d’indicateurs clés. Voilà un outil qui permet aux entreprises d’établir un point de départ, de fixer des objectifs de réduction et de mettre en place des mesures pour y arriver.  

Mesurer les GES des offres touristiques

On observe aussi depuis déjà quelques années la propension de certaines entreprises à partager avec la clientèle l’empreinte carbone de leurs offres touristiques. C’est le cas d’Intrepid Travel, par exemple, qui le fait pour chacun de ses itinéraires. Le festival OYA, en Norvège, s’est allié à Klimato pour mesurer et afficher la quantité d’émission de GES de chacun des plats offerts par les kiosques alimentaires de l’événement. Voilà une bonne façon de sensibiliser les clients au poids écologique de leur choix.  

Source Facebook/Klimato 

Dernier appel

L’industrie touristique, comme tous les autres secteurs, doit réduire ses GES rapidement. La mesure de cette empreinte constitue un premier pas vers une meilleure compréhension de ce qu’elle représente.  

Dernier appel pour les organisations à destination de 2050 : il faut réduire les émissions de GES de 50 % d’ici 2030, atteindre zéro émission au plus vite ! Le Québec doit emboîter le pas !  

Image à la une : Unsplash

Source(s)

- Agence France-Presse. « Le monde dépasse 1,5 °C de réchauffement pour la première fois pendant 12 mois consécutifs », Le Devoir, 7 février 2024.  

- City of Helsinki. « Tourism industry gains its own carbon footprint calculator », 7 janvier 2022. 

- ONU Tourisme. « Climate Action in the Tourism Sector - An overview of methodologies and tools to measure greenhouse gas emissions », 2023. 

- ONU Tourisme. « Déclaration de Glasgow sur l’action climatique dans le tourisme », One Planet Network, novembre 2021.  

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