Qui sont les amateurs de road trip au Québec ?

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Marie-Christine Bruneau Marie-Christine Bruneau

La grande majorité des voyageurs québécois envisageaient les escapades routières avant la pandémie. Quel est le profil de ce marché potentiel, gonflé par la fermeture des frontières ?

Le road trip est un produit clé de la marque touristique québécoise. Les routes signalisées, circuits touristiques et autres routes panoramiques qui sillonnent le Québec mettent bien en valeur les attraits culturels et naturels de la belle province. Une étude de la Chaire, menée pour le ministère du Tourisme, démontre le potentiel indéniable de ce produit.

Le Québec compte 17 routes touristiques officielles balisées au moyen de panneaux bleus, couvrant 4 399 kilomètres. Cliquez ici pour voir la version agrandie de la carte.

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Source : Chaire de tourisme Transat. Carte des 17 routes touristiques officielles du Québec, compilation à partir de données ouvertes du Gouvernement du Québec (mars 2019).

À l’automne 2019, la Chaire de tourisme Transat complétait une vaste étude pour le ministère du Tourisme visant à faire l’état de la situation et à proposer des recommandations pour le développement stratégique des routes touristiques officielles du Québec.

Cette étude souligne notamment le potentiel qu’elles présentent. Sur un horizon de 5 ans, près de 8 voyageurs québécois sur 10 (79 %) jugent probable de faire un road trip, c’est-à-dire un voyage dont la route est considérée comme le but principal. La pandémie mondiale a forcé bon nombre de Québécois à réévaluer leurs projets de voyage, mais force est d’admettre que le road trip s’avère un type de vacances de prédilection dans ce contexte, permettant liberté et autonomie.

Un produit d’appel aux retombées manifestes

L’enquête en ligne, menée du 13 mars au 1er avril 2019 auprès de 2 584 visiteurs ayant parcouru l’une des 17 routes officielles au cours des 3 dernières années, permet de jauger les retombées touristiques pour les régions concernées.

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Les routes et circuits touristiques exercent un pouvoir d’attractivité. Quelque 43 % des répondants de l’étude jugent que la route touristique parcourue a constitué l’un des motifs de visite de la région. Certaines routes s’affichent comme des produits d’appels plus forts que d’autres, notamment la Route du Fleuve (55 %), la Route des Vins (54 %) et la Route des Navigateurs (50 %).

Les retombées locales ou régionales des routes touristiques sont variables, mais assurément intéressantes. Selon l’enquête de satisfaction, certaines routes se positionnent davantage comme des circuits d’excursions, et peuvent être explorées en moins d’une journée (par exemple, le Chemin du Terroir, la Route du Richelieu ou le Chemin du Roy). D’autres sont plus couramment parcourues sur plusieurs jours. C’est le cas de la Route des Baleines, la Route du Fjord ou la Route des Navigateurs.

 

La visite d’une route s’inscrit fréquemment dans le cadre d’un séjour. Plus des trois quarts des répondants (77 %) ont mentionné avoir passé au moins une nuitée hors du domicile lors de leur périple (mais pas nécessairement sur la route elle-même). En moyenne, ces séjours durent 5,2 nuitées. Les groupes ayant réalisé de tels séjours déclarent des dépenses touristiques moyennes de 497 $ en lien avec la visite de la route (incluant l’hébergement, le transport, la restauration, les loisirs et divertissements, etc.), signe de nettes retombées économiques pour les localités et les régions concernées.

 

L’été est la saison la plus favorable à la découverte d’une route touristique. Plus de la moitié des répondants (58 %) ont mentionné avoir exploré la route durant la belle saison. Environ un quart (23 %) l’ont plutôt sillonnée à l’automne. On note d’ailleurs à ce moment plus d’engouement envers les routes à thématique agrotouristique telles que la Route des Vins (45 % des visiteurs l’ont parcourue à l’automne), le Circuit du Paysan (38 %) ou le Chemin du Terroir (34 %). Il y a là un potentiel inexploité qui pourrait s’avérer porteur pour allonger la saison touristique.

La mise en valeur du panorama : la clé de l’expérience proposée

Sans surprise, le paysage est placé au cœur de l’expérience road trip, et sa mise en valeur est la clé. De façon générale, il représente la principale motivation à visiter une route touristique (67 % des répondants) et la thématique de route jugée la plus intéressante parmi celles proposées par l’enquête (score moyen d’intérêt de 3,7/4,0). L’observation de la faune et de la flore ainsi que le terroir et l’agrotourisme se classent en 2e position, obtenant un score moyen d’intérêt de 3,3/4,0.

Concernant la dernière route touristique québécoise empruntée, 78 % des visiteurs ont rapporté que la beauté des paysages a été la principale motivation à la parcourir. Le panorama est également le premier coup de cœur des répondants (cité par 42 % d’entre eux), l’élément dont ils sont le plus satisfaits (un score moyen de satisfaction de 3,9/4,0) et la composante jugée la plus importante de l’expérience (une importance moyenne accordée de 3,8/4,0). 

Tabler sur la mise en valeur du paysage

L’accès aux belvédères et aux points de vue constitue un élément décisionnel de l’expérience souhaitée. L’enquête révèle que ce critère est considéré comme le plus important, et près du tiers des visiteurs (30 %) mentionne qu’il s’agit de la principale amélioration à apporter. Cela démontre l’importance de bonifier et de renouveler le concept de halte routière, afin de permettre une meilleure mise en valeur du paysage. La présence d’activités et d’animation le long des routes est une dimension appréciée qui pourrait également être enrichie, du point de vue des répondants.

Faciliter la planification en ligne

Selon l’enquête de satisfaction, 83 % des répondants mentionnent avoir consulté au moins une source d’information pour s’inspirer ou organiser leur visite. Des outils de planification clairs et de l’information adaptée aux besoins des visiteurs potentiels s’avèrent donc essentiels.

Des outils de planification clairs et de l’information adaptée aux besoins des visiteurs potentiels s’avèrent donc essentiels.

Le tableau ci-dessous résume les principales sources d’information utilisées, plateformes consultées et types d’information recherchée.

Source : Enquête sur la satisfaction des routes touristiques du Québec (Chaire de tourisme Transat, 2019)

Un outil de relance touristique auprès des marchés extérieurs

La COVID-19 qui sévit prive l’industrie québécoise de revenus substantiels. À la réouverture des frontières, il serait pertinent d’utiliser les routes touristiques du Québec comme outil de relance auprès des marchés extérieurs tels que la Nouvelle-Angleterre, l’Atlantique-Centre et la France.

Une étude en ligne menée du 8 au 18 mars 2019 auprès d’un échantillon représentatif de 1 600 voyageurs issus de ces marchés (ainsi que de l’Ontario) révèle que 83 % d’entre eux projettent d’effectuer un road trip au cours des 5 prochaines années. Parmi ces répondants, 41 % ont déjà visité la belle province, et le tiers sont des voyageurs ayant déjà visité le Québec et envisageant de réitérer l’expérience. En ces temps incertains, le désir de parcourir une destination connue peut s’avérer sécurisant. Il s’agit là d’une opportunité pour ces voyageurs avides de routes panoramiques, de parcs et d’espaces naturels ainsi que d’histoire et de patrimoine.

 

Pour en savoir plus sur les routes touristiques

Consultez les cinq rapports de la vaste étude « Routes touristiques » sur l’état de la situation et les recommandations pour un développement stratégique des routes touristiques au Québec réalisé en collaboration avec le ministère du Tourisme.

 

Source de l’image à la  une : Freepik