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Analyse - 17 octobre 2023

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octobre 2023

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La progression du mycotourisme au Québec

La structuration de l’offre liée au mycotourisme progresse au Québec et de nouveaux produits voient le jour pour le plus grand plaisir des adeptes.

En septembre 2015, le RVT publiait une analyse concernant l’émergence du mycotourisme au Québec. Près de huit ans plus tard, l’offre touristique en matière d’activités de découverte des produits forestiers non ligneux (PFNL) a-t-elle progressé ? Dans le cadre du congrès de l’ACFAS 2023 s’est tenu le colloque: « Enjeux et défis du développement de l’industrie mycologique au Québec : de la forêt à la table ». Les acteurs et chercheurs du secteur ont fait le point sur l’avancée des connaissances liées aux champignons forestiers au Québec, un volet a été dédié au tourisme. 

Plusieurs Québécois ont entrepris de s’intéresser au contenu des forêts nordiques du territoire durant le confinement et l’engouement persiste. Pour les touristes internationaux, la cueillette de champignons s’avère une activité de choix pour découvrir le terroir. Plusieurs entreprises spécialisées en mycotourisme voient le jour dans différentes régions du Québec et de nouveaux produits tels que le pesto de champignons, les sauces tomates, le café et les infusions font leur apparition sur les tablettes des épiceries fines. D’autres entreprises partagent leur savoir dans le cadre d’activités et de formations, c’est le cas de la jeune entreprise La vie est mush. Celles déjà bien implantées diversifient leur offre en proposant par exemple des trousses de culture contenant différents mycéliums, comme le suggère Violon et Champignons et Les 400 pieds de champignon.  

La structuration de l’offre au Québec 

L’organisation Kamouraska mycologique et la filière mycologique de la Mauricie sont connues pour développer le créneau mycologique depuis plus de 10 ans. La mycologie est maintenant bien présente dans ces régions grâce à la structuration de l’offre sur le territoire ainsi qu’à la mobilisation des différents acteurs qui font rayonner les produits mycologiques de la région. Les retombées générées par cette filière innovante et durable sont multiples, durant le festival des champignons forestiers du Kamouraska, plusieurs commerçants s’allient pour présenter les produits mycologiques de la région à l’aide d’un passeport. Des activités sont proposées durant tout le mois de septembre. La mobilisation des acteurs du territoire demeure le point central pour la réussite d’une stratégie d’implantation de créneau de cette envergure.  

Les nouveaux types de cueillette 

La cheffe Isabelle Dupuis du Presbytère à Saint-Stanislas-de-Champlain propose un panna cotta au bolet à pied creux alors que Pierre-Olivier Ferry de l’Atelier culinaire situé à Mitis-sur-mer sert une crème glacée à l’armillaire couleur de miel. 

D’après le mycologue Yann Perreault, de nombreuses nouvelles variétés de champignons comestibles sont observées au Québec et cela s’explique par les climats et écosystèmes changeants. La variété de produits disponibles dans la province bénéficie aux restaurateurs qui sont en mesure de s’approvisionner localement et d’intégrer de nouvelles saveurs à leurs menus.  

Contrairement à la croyance populaire, il est possible de trouver des truffes dans les forêts québécoises. Lors du congrès, la chercheuse Véronique Cloutier et l’équipe de Truffe Québec ont brossé le portrait des actions mises en place pour faire connaître et valoriser les truffières d’ici. Actuellement, une trentaine de producteurs revalorisent la forêt et bâtissent ensemble la trufficulture du Québec. Concrètement, cela se traduit par la mise en place de truffières sur des terres propices à la culture. Avec les experts de l’organisation, un choix d’arbre (noisetier, chêne, charme, pin par exemple) approprié est fait et la plantation peut débuter. C’est uniquement de quatre à sept ans plus tard que des truffes feront leur apparition ! Les premières truffières implantées au Québec devraient donc voir le fruit de leur effort sous peu. La vision de Truffe Québec s’appuie sur le développement d’une économie qui profitera tant à l’humain qu’à la nature. 

Source: courtoisie de Truffe Québec 

Le fleuve étant un attrait phare du Québec, comprendre la biodiversité fongique dans les écosystèmes fluviaux s’avère une niche d’intérêt pour le développement de nouveaux produits du terroir. L’entreprise Biopterre s’efforce de mieux comprendre cet environnement inhabituel pour les champignons. Bien que les recherches soient actuellement dirigées vers les médicaments et les décontaminants industriels, l’industrie touristique et agroalimentaire pourrait aussi bénéficier de ce savoir-faire en développement. 

Diversifier et éduquer grâce à la mycologie 

Les activités mycologiques, telles que la cueillette guidée, la dégustation et les festivals, s’inscrivent dans une démarche durable. Elles représentent des occasions d’éducation à propos du terroir et des écosystèmes forestiers, directement sur le terrain. Elles permettent également de transmettre les meilleures pratiques de cueillette dans un souci de conservation du milieu. 

L’Abbaye Val Notre-Dame, dans la région de Lanaudière, a intégré le mycotourisme à son offre qu’il qualifie de « forestibles ». L’organisation offre des activités de découvertes mycologiques et d’autres spécimens disponibles dans la forêt environnante. Plusieurs espèces sont transformées et commercialisées sur place, telles que le brocoli d’asclépiade. Pour les gestionnaires de l’Abbaye, la découverte de PFNL en est à ses balbutiements. Les activités de valorisation contribuent à garder vivantes certaines traditions. 

Inspiration internationale 

Dans certains pays, les champignons forestiers sont déjà bien implantés dans l’offre touristique. Certaines régions font des produits PNFL, des produits d’appel intégrés à la proposition touristique régionale. Des régions comme le Piémont en Italie, est notamment dépeinte comme la capitale de la truffe. 

La Pennsylvanie dispose d’une grande diversité de champignons. Au Kennett Square, The Woodlands at Phillips Mushroom Farms présente une exposition relatant le processus de croissance des champignons. Un chef local offre des démonstrations culinaires sur les bonnes méthodes pour apprêter les trouvailles mycologiques des adeptes. La région de Chester jouit du titre de « capitale du champignon ». Le comté possède le plus grand export de champignons aux États-Unis et les retombées sont évaluées annuellement à près de quatre milliards de dollars américains. 

À l’Île-du-Prince-Édouard, « The Fireworks Feast » est une expérience gastronomique débutant par la visite de la ferme ainsi que des espaces de cueillette. Une carte décrivant les sentiers « Art forest & woodland trails » est disponible afin que les visiteurs voient la provenance de certains produits qui se retrouveront ensuite dans leur assiette. The Inn at Bay fortune s’est doté d’un laboratoire vivant permettant de produire des variétés de champignons à quelques pas des cuisines. 

Source : Art forest & Woddland trails

En Colombie-Britannique plusieurs pourvoiries comme Nimmo Bay Wilderness Resort présentent des cours de cueillette sauvage, dont celle du champignon, enseignés par des experts. Il est ensuite possible de déguster les trouvailles au repas du soir. 

Au Mexique, la diversité de champignons est devenue un attrait touristique. Les communautés autochtones partagent des savoirs ancestraux aux touristes et s’assurent aussi de transmettre de précieuses connaissances aux générations futures. Selon certains spécialistes, la valeur de l’industrie mycologique s’élèverait à plus de 250 millions de dollars américains par année et contribuerait à la création directe et indirecte d’environ 25 000 emplois. Les champignons Huitlacoche, parasite que l’on retrouve sur le maïs, sont devenus ce que certains qualifient de truffes mexicaines. 

Au-delà de la cueillette et du partage de connaissance, apprêter ses trouvailles et découvrir leurs saveurs s’avère un volet supplémentaire fort pertinent et attirant pour les touristes locaux et internationaux.  

Le potentiel pour le mycotourisme 

On peut donc conclure que l’offre touristique en matière d’activités de découverte des produits forestiers non ligneux (PFNL) progresse et continue son ascension. La jeunesse de la niche mycologique du Québec en fait un secteur à fort potentiel pour l’agrotourisme. Le mycotourisme se déroulant dans le contexte forestier et mettant de l’avant la cueillette et le partage de connaissances, il ne fait aucun doute que le concept comprend des éléments clés pour un produit touristique de choix. Il s’agit là d’une opportunité certaine de faire rayonner le terroir local, tant les produits que le savoir-faire. 

Source de la dernière image : Pixabay

Image à la une : Pixabay

Source(s)

- Caribou, «Hallucinants, nos champignons! », 30 mai 2023. 

- Lysbertte Cerné. « Le champignon marin, le laissé-pour-compte en recherche », Radio-Canada, 12 août 2023.

- Martell, Nevin.« Foraging tours let travelers savor a destination’s flavor», Washington Post, 21 avril 2022. 

- CGTN. « Mycotourism: Mexico's mushroom diversity becomes a tourist attraction », 17 novembre 2022. 

- Cahier de l’institut EDS. « Mycotourisme: pratique touristique pour un développement socio-économique durable et viable en régions forestières », avril 2016. 

- McInnis, Kaitlyn. « The Best Places in the World to Travel if You Love Mushrooms », Travel and Leisure, 20 avril 2019. 

- Ogle, Amanda. « Truffle Hunting in the Truffle Capital of the World », Insidehook 19 juillet 2023. 

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