La perception des emplois en tourisme par les jeunes

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Amélie Racine Amélie Racine

Au Québec, les entreprises touristiques font face à un enjeu de taille pour recruter de la main-d’œuvre. Que pensent les jeunes et les étudiants de notre industrie et des emplois qui leur sont offerts? En Nouvelle-Zélande, une étude s’est penchée sur cette question.

L’industrie touristique néo-zélandaise connaît un véritable boom depuis les années 2000 et les prévisions indiquent que cet élan devrait se poursuivre au cours des prochaines années. Les efforts effectués en marketing pour promouvoir la destination sur les marchés internationaux portent fruit, par contre ceux déployés pour inciter les jeunes à faire carrière en tourisme n’ont pas connu le même résultat. Pour assurer la pérennité de l’industrie, les autorités gouvernementales du pays ont élaboré un plan d’action destiné à mobiliser les employeurs et à valoriser leurs emplois auprès des jeunes. Car pour répondre au besoin de main-d’œuvre de 2025, l’industrie néo-zélandaise devra attirer 40 000 employés supplémentaires.

Au Québec, l’enjeu est également de taille. Selon le diagnostic effectué par la firme Raymond Chabot Grant Thornton pour le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme, quelque 25 000 emplois seront à pourvoir dans l’industrie touristique québécoise d’ici 2025. Ce besoin de main-d’œuvre touche les secteurs de l’hébergement, de la restauration ainsi que des loisirs et des divertissements.

Une démarche pour comprendre la perception des jeunes

En 2018, les organismes Auckland Tourism, Events and Economic Development (ATEED) et Tourism Industry New Zealand Trust (TINZT) ont financé une importante étude sur la perception des emplois en tourisme par les jeunes Néo-Zélandais. Conduite par Tourism Industry Aotearoa (TIA), cette étude vise à :

  • analyser la façon dont les jeunes s’informent et prennent une décision sur leur choix de carrière;
  • comprendre ce qu’ils pensent des emplois en tourisme et ce qui les freine dans le choix de cette avenue;
  • déterminer ce qui les motive dans l’industrie touristique.

Source : Amélie Racine (plage Piha, Nouvelle-Zélande)

Un mot sur la méthodologie

La méthodologie employée aux fins de cette étude comprend deux volets :

  1. Une recherche qualitative, incluant la formation de onze groupes de discussion et la réalisation de six entrevues individuelles à travers le pays;
  2. Une enquête quantitative, effectuée à l’aide d’un questionnaire Web auprès de deux échantillons : l’un composé d’étudiants en tourisme et de jeunes travaillant depuis peu dans l’industrie (groupe A) et l’autre étant représentatif des 13 à 24 ans (groupe B).

Pour obtenir plus d’information sur la méthodologie, veuillez consulter l’étude.

Ce que l’étude révèle…

Une majorité de répondants considère que l’industrie touristique occupe une part importante de l’économie du pays. Sans surprise, y travailler est plus attirant pour ceux qui étudient ou travaillent déjà dans ce domaine que pour les autres (voir le graphique 1). Les principales raisons qui expliquent l’attirance des jeunes envers le tourisme incluent le côté « fun » et intéressant de l’industrie, la chance de rencontrer de nouvelles personnes, d’être en contact avec différentes cultures et de combiner le voyage avec divers types d’emplois et de modes de vie.

L’industrie jouit certes d’une bonne réputation, mais ce n’est pas nécessairement le cas pour les emplois qui s’y rapportent. Plusieurs les perçoivent comme étant en bas de l’échelle, moins bien rémunérés et saisonniers. C’est pourquoi certains considèrent l’option de travailler en tourisme à court terme, le temps de trouver dans quel milieu faire carrière.

Mieux informer le public quant aux options de carrières disponibles au sein de l’industrie s’avère fondamental

Mieux informer le public quant aux options de carrières disponibles au sein de l’industrie s’avère fondamental, car l’étendue des possibilités d’emplois en tourisme semble mal comprise par de nombreux Néo-Zélandais qui n’étudient ou ne travaillent pas en tourisme (voir le graphique 2). Alors que 74 % des répondants du groupe A affirment en savoir suffisamment sur les occasions d’emploi, cette proportion diminue à 42 % dans le groupe B.  

Malgré le fait que la perception générale des jeunes qui étudient ou travaillent dans l’industrie soit très positive, il y a une ombre au tableau. En effet, une personne sur cinq (19 %) mentionne que les conditions salariales sont insuffisantes pour la retenir à long terme et six travailleurs sur dix (60 %) qualifient leur rémunération de moyenne. Ces données soulignent un défi supplémentaire, soit la rétention des employés.

Source : Amélie Racine (ancienne église maorie, Akaroa, Nouvelle-Zélande)

Cinq recommandations

Dans le rapport de recherche, les auteurs partagent de nombreux conseils qui résument entre autres les suggestions émises par les répondants de l’étude. Voici les cinq principales recommandations :

  1. Miser sur les forces et les caractéristiques attrayantes de l’industrie
  • Promouvoir les avantages compétitifs de l’industrie : un milieu de travail dynamique et le fun, un secteur d’activité où il est possible de vivre des expériences significatives et la possibilité de développer des compétences transposables à divers contextes.
  1. Créer un buzz au bon moment et au bon endroit 
  • Réaliser une campagne de communication à long terme, principalement en ligne, mais également dans les établissements scolaires afin d’attirer les jeunes qui se disent indécis sur leurs choix de carrière.
  • Mieux informer le public sur les divers emplois disponibles au sein de l’industrie.
  1. Inclure la participation d’influenceurs 
  • Susciter la participation d’influenceurs qui feront connaître leurs parcours et qui agiront à titre d’ambassadeurs pour l’industrie.
  • Mettre sur pied une stratégie visant à sensibiliser les jeunes et leurs parents à ce qu’est une carrière en tourisme.
  • Travailler conjointement avec les professionnels du milieu de l’éducation pour qu’ils soient mieux informés et qu’à leur tour, ils puissent renseigner adéquatement les jeunes sur les possibilités d’emploi.
  • Assurer une cohérence entre, d’une part, le système d’éducation et les besoins des étudiants et, d’autre part, les besoins du marché du travail.
  1. Veiller à la rétention du personnel et au développement de futurs leaders 
  • Promouvoir les occasions d’avancement auprès des talents déjà en poste.
  • Reconnaître la qualité du travail de ceux qui se démarquent et mettre ceux-ci en valeur.
  • Offrir une rémunération compétitive pour maximiser les chances de retenir le personnel qualifié.
  • Mobiliser tous les employeurs et parler d’une même voix à propos des perspectives d’emploi en tourisme.
  1. Attirer des jeunes dans l’industrie et leur offrir des occasions d’y évoluer à long terme
  • Inviter les jeunes indécis et les étudiants à occuper un poste à temps partiel ou complet en tourisme et encourager les employeurs à leur offrir des stages, du mentorat ou des occasions de perfectionnement.
  • Valoriser les emplois et démontrer leur valeur ajoutée tant pour l’économie du pays que pour ceux qui y travaillent.
  • Offrir des emplois significatifset des conditions de travail concurrentielles.

Source : Amélie Racine (marina d’Auckland, Nouvelle-Zélande)

Est-ce que la perception des emplois en tourisme par les jeunes Québécois s’apparente à celle des jeunes Néo-Zélandais? Que pouvons-nous retirer des grands constats et des recommandations découlant de la démarche effectuée en Nouvelle-Zélande?

 

Source de l’image à la Une : pexels.com